Depuis 1997, les frères Martin développent un groupe de laboratoires d’analyse et de biologie médicale née d’une technologie découverte par leurs parents, deux universitaires nantais. Aujourd’hui Eurofins Scientific compte 900 laboratoires répartis dans 50 pays.

Avec la Covid-19, peut-être avez-vous ces deux dernières années été amenés à pousser la porte de laboratoires pour vous faire tester. Et peut-être même  êtes-vous entrés dans l’un de ceux d’Eurofins Scientific. Si ce nom sonne familier aux personnes ayant déjà eu recours à des analyses médicales, cette activité n’est pourtant que la face émergée de l’iceberg du groupe qui compte aujourd’hui 900 laboratoires répartis dans 50 pays et est spécialisé dans les secteurs de la pharmacie, de l’alimentation et de l’environnement ainsi que de la biologie médicale. Une gamme d’activités qui permet aujourd’hui à Eurofins de dégager 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Une affaire de famille

Tout commence à Nantes en 1987. Deux professeurs de l’université de la ville mettent au point une méthode de mesure du taux de sucre présent dans les vins. Ils confient à leurs deux fils, le centralien Gilles et le polytechnicien Yves-Loïc, le développement commercial de leur technologie. Gilles rachète les droits au CNRS et, durant la décennie qui suit, élargit les domaines d’application d’analyse à d’autres produits tels que les jus de fruits et les boissons non alcoolisées dont est vérifiée la conformité.

La famille Martin détient 33,4% des actions
du groupe ainsi que 58,1 % des droits de vote.

Un nouveau tournant a lieu en 1997, année où le groupe s’introduit à la Bourse de Paris (opération qui sera suivie d’une double cotation à Francfort trois ans plus tard) afin de financer son programme d’expansion. Eurofins poursuit ses acquisitions de laboratoires en France et à l’étranger pour bâtir des positions de leaders dans l’analyse alimentaire, pharmaceutique et environnementale. À titre d’exemple, rien qu’en 2017, Eurofins pouvait se targuer d’avoir mené à bien soixante rachats. Outre la croissance organique et externe, le succès d’Eurofins tient en une harmonisation de ses plateformes technologiques.

Une fortune appelée à croître

Si Gilles Martin est aux manettes en tant que PDG et a fait de l’entreprise un groupe mondialement reconnu, son frère Yves-Loïc a également joué un rôle stratégique. Après avoir rejoint Eurofins en 1992 en tant que responsable assurance qualité, il devient directeur technique puis directeur exécutif. Son apport ? Une expérience en matière d’innovation, une connaissance des process et surtout son rôle clé dans l’amélioration de la coopération entre les services IT et les entités opérationnelles, qui sont l’une des forces du groupe. Au conseil d’administration, on retrouve également Valérie Hanote, ancienne épouse de Gilles Martin, et qui exerce au sein d’Eurofins depuis ses débuts puisqu’elle a intégré l’entreprise en 1991.

Aujourd’hui, la famille Martin détient 33,4% des actions du groupe ainsi que 58,1 % des droits de vote. Elle s’est installée en Belgique, le siège d’Eurofins ayant été déplacé au Luxembourg. Fortune estimée de ses membres ? 4,9 milliards d’euros. Et celle-ci ne fait que croître puisqu’elle n’était "que de" 429 millions d’euros il y a dix ans. Le secteur de la santé, actuellement sur le devant de la scène avec la crise de la Covid, devrait avoir encore de beaux jours devant lui, l’Europe souhaitant en faire un élément de souveraineté. Les deux frères Martin, la cinquantaine ont encore largement le temps d’y contribuer.

Olivia Vignaud