Face à la nécessaire réorganisation du travail, de nombreuses solutions existent qui viennent épouser les besoins de l’époque. La flexibilité, d’abord. Et une exigence RSE de plus en plus prégnante.

Publié en décembre dernier, le sondage nous vient de Slack, la plateforme de communication destinée aux entreprises et à leurs collaborateurs. Un « QG numérique », comme elle se définit elle-même. Réalisée par OpinionWay l’enquête visait à mieux connaître les attentes des actifs français en matière d’organisation du travail. Et, sans surprise, la crise Covid et le télétravail qu’elle a induite ont laissé des traces : le flex office s’est bel et bien imposé dans notre quotidien, si bien qu’il ne paraît plus vraiment imaginable aujourd’hui de revenir en arrière.

71 % des personnes interrogées déclarent travailler régulièrement de façon flexible, et 76 % d’entre elles espèrent pouvoir le faire encore davantage. La proportion monte même à 86 % chez les moins de 35 ans. Les espaces de coworking et de bureaux partagés ont donc une solide carte à jouer. Ils n’ont, d’ailleurs, jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui : on en dénombrerait désormais quelque 3 500, de toutes tailles, dans nos grandes métropoles jusque dans les plus petites de nos villes.

Offre pléthorique

Parmi les principaux opérateurs, on pense bien entendu à Multiburo qui propose depuis quelques mois de nouvelles solutions particulièrement flexibles. À l’été 2022, Multiburo est devenue une filiale du groupe La Poste Immobilier déjà actionnaire majoritaire de l’opérateur Startway. Depuis lors, si les deux grandes enseignes ont gardé leurs spécificités, c’est au total une cinquantaine de sites de coworking que La Poste Immobilier propose désormais un peu partout sur le territoire. Avec un objectif clairement énoncé : "Développer à l’horizon 2027 un maillage de plus de 100 sites adossés à une offre de services innovants. Et devenir ainsi un acteur européen de premier plan sur le marché du coworking et de l’immobilier de bureau flexible". Outre ces deux marques bien connues, on peut aussi évoquer le parisien Deskopolitan et ses services premium sur mesure, tant sur son campus urbain de 6 000 m2 boulevard Voltaire que dans son espace situé rue du Château d’eau, dans le 10e arrondissement. Citons aussi Easy Office, Wework, Wojo, Morning… Ou encore Hiptown.

Multiburo souhaite devenir un "acteur européen de premier plan sur le marché du coworking et l'immobilier de bureau flexible"

Des espaces de plus en plus verts

Créé en 2019 à Marseille, Hiptown s’est spécialisé dans le bureau opéré. Ceci dans un segment qui vient répondre aux nécessités de l’époque ainsi qu’aux attentes des collaborateurs : le durable, et donc le faible impact carbone. Aux demandes des entreprises également. Du moins, celles qui sont engagées dans une démarche RSE, voire dans une politique de décarbonation immobilière. Quatre ans après sa création, Hiptown dispose de vingt et un sites dans toute la France (à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Lille notamment). Des espaces de coworking alliés à des bureaux « clés en main » qui proposent aux entreprises clientes une gestion externalisée et un seul interlocuteur. Depuis la recherche des locaux jusqu’au fonctionnement quotidien du nouvel espace, l’opérateur se charge d’absolument tout.

Hiptown

Quid du durable qu’on évoquait plus haut ? "Hiptown s’inscrit dans une démarche responsable pour la rénovation des sites comme pour le choix de ses fournisseurs : investissements maîtrisés, recyclage de mobilier, sélection de matériaux écoresponsables, appel aux artisans locaux, aux producteurs locaux", précisent les fondateurs. Et ce n’est pas tout : "Hiptown fait tout pour que ses sites soient vertueux : tri sélectif avec incitation, dons aux associations, ventes promotionnelles des produits pour éviter les pertes et réutilisation de mobilier de seconde main." La démarche vous séduit ? Sachez que la plateforme internet Bureau-Opere.com référence les meilleures solutions de bureaux opérés partout en France. Et propose même la mise en relation avec les différents opérateurs.

Les grands comptes sont aussi concernés

Autre acteur majeur du secteur, Newton Offices se pose quant à lui comme le leader des bureaux flexibles en régions. Depuis sa création en 2017, il dispose (à Lille, Lyon, Montpellier ou encore Aix-en-Provence) d’offres en de nombreux points similaires à celles d’Hiptown. Mais si, ces dernières années, Newton Offices ciblait surtout les PME, c’est aux grands comptes qu’il se consacre aussi désormais. Ceci, via sa nouvelle offre nommée Plateaux by Newton qui propose des surfaces de bureaux de 250 à 15 000 m2 , entièrement privatisables et personnalisables. Des lieux accessibles en bail commercial classique ou en contrat de prestation de services, avec "une forte dimension RSE, les immeubles Newton Offices étant conformes aux derniers labels environnementaux", précise l’opérateur. Pour le moment, l’offre Plateaux by Newton n’est disponible qu’à Villeneuve-d’Ascq (4 930 m2 , avec terrasses privatives et parking) et, depuis janvier, à Marseille Saint Charles (10 000 m2 ). Mais elle ne va pas tarder à s’étendre puisqu’un troisième lieu ouvrira l’été prochain à Marcq-en-Barœul, sur une surface totale de 4 486 m2 . En 2024, ce sera près de Lyon, à Limonest, avec plus de 12 000 m2 de surface sur trois niveaux et 420 places de parking. Sans oublier Nice Grand Arénas qui devrait rapidement suivre.

Travail, séminaires, évènements d’entreprises : des offres tout en un

C’est plutôt à Paris que vous cherchez bureaux partagés et/ou espaces de coworking ? Outre les acteurs cités plus haut, l’offre est foisonnante. Connaissez-vous Metafore, par exemple ? Cet opérateur apparu en 2020 n’a pas encore la notoriété d’un Multiburo ou d’un Wework. Il propose toutefois trois lieux de prestige aux entreprises pour leurs événements, leurs séminaires, ou simplement pour se réunir et travailler. Près des Champs Élysées et de la gare Saint-Lazare, rue La Boétie, un triplex haussmannien accueille dix espaces modulables et privatisables pouvant recevoir jusqu’à 100 personnes. Dans le 9e arrondissement, entre les métros Liège et Blanche, au fond d’une petite (et magnifique) impasse privée, deux hôtels particuliers ont été réunis pour proposer, là encore, dix espaces.

Metafore

Avec un rooftop en prime ! Enfin, ouvert depuis quelques semaines seulement, un hôtel particulier faisant face au bois de Vincennes permet (sur 1 400 m2 , deux étages, et un immense jardin privé) d’accueillir jusqu’à 350 personnes dans huit espaces modulables. Le point commun de ces trois lieux ? Tous offrent les codes d’un hôtel cinq étoiles, en même temps que le respect total de l’environnement au travers d’un fort engagement durable. Si fort que Metafore a élaboré sa propre charte « pour des événements plus responsables » consultable sur son site internet. À la clé, notamment, des aménagements et des équipements 100% écoresponsables. Une exigence qui court jusque dans les cuisines que dirige le chef Stéphane Laruelle qui officia longtemps aux côtés de Guy Savoy dans ses restaurants étoilés. À la carte, des produits de saison issus de l’agriculture raisonnée (et de filières courtes de préférence), ainsi qu’une politique antigaspi pointilleuse, nous dit-on.

À l’échelle des quartiers  

On l’a dit plus haut, des espaces plus petits existent aussi un peu partout en France qui offrent un service de proximité à l’échelle d’une petite ville ou d’un quartier. C’est le cas de Geobureau qui vient d’éclore à Montrouge, en périphérie parisienne. Au 20 rue Périer, un espace de 120 mètres carrés sous verrière peut accueillir jusqu’à dix personnes. Cette toute nouvelle enseigne est née de la réflexion d’un designer industriel, Laurent Milon. Il nous explique la genèse de son projet : "Lors du premier confinement, j’ai beaucoup réfléchi aux vertus du travail hors de chez soi ou de son entreprise, et forcément à la manière de proposer des solutions plus vertueuses : pour les matériaux que l’on utilise, pour le quartier dans lequel on s’implante, pour ceux qui y vivent et le temps qu’ils consacrent à se déplacer pour travailler." Un peu moins de trois ans plus tard, Geobureau a donc ouvert ses portes.

Geoburo

Des espaces modulables, une salle de réunion et tous les services associés. Avec, comme point fort, des offres flexibles et très économiques. "J’ai conçu ce lieu autour de trois axes : pour réfléchir, l’espace est très calme ; pour respirer, les plantes sont partout ; et pour travailler, grâce aux installations et aux équipements appropriés." De quoi répondre aux besoins des indépendants comme à ceux des petites et moyennes entreprises implantées à Montrouge et qui chercheraient des postes de travail ponctuels, pour un jour, une semaine ou un mois."À partir de cette expérience, j’aimerais concevoir et aménager d’autres espaces qui soient de tailles et de configuration similaires : connectivité haut débit, petits prix, implantés en périphérie des grandes métropoles, lumineuses et végétalisées", ajoute Laurent Milon.

Des lieux pour travailler autrement

Enfin, n’oublions pas les espaces "informels". À savoir, ces lieux qui ne sont pas à proprement parler des espaces de coworking mais qui accueillent ceux qui souhaitent rompre l’isolement du télétravail ou qui viennent y organiser leurs rendez-vous professionnels. C’est le cas de très nombreux bars et hôtels, bien évidemment. Y compris des hôtels économiques comme Eklo. Son fondateur et président Emmanuel Petit nous l’explique : "Après douze années passées au sein du groupe Accor, j’ai eu envie de me lancer dans une grande aventure entrepreneuriale en créant ce concept d’hôtels hybrides à la fois économiques, écologiques, design et conviviaux. Avec des lieux de vie ouverts vers l’extérieur, donc aux résidents des villes, notamment par le biais d’une partie restaurant-bar importante."

Après Lille, Bordeaux, Marne-la-Vallée ou encore Le Mans, le neuvième établissement Eklo a ouvert mi-février à Roissy. "Notre clientèle est issue à 50 % d’un tourisme de loisirs, et à 50 % de professionnels. Même si nous ne proposons pas d’offre dédiée, il n’est pas rare de voir des gens arriver, prendre une consommation et s’installer pour travailler." Même chose à La Recyclerie ou à la Machine du Moulin Rouge dans le 18e arrondissement, au Pavillon des Canaux dans le 19e , ou à la Cité fertile basée à Pantin.

Ces tiers-lieux, tous gérés par Sinny & Ooko, visent à sensibiliser à un mode de vie durable tourné notamment vers l’économie circulaire, le recyclage ou l’agriculture urbaine. Et cela passe notamment par l’accueil des entreprises, de leurs événements ou de leurs réunions. Donc de leurs collaborateurs. Après La Recyclerie en 2014, la Cité fertile s’est ouverte à Pantin en 2018. Sur 10 000 m2 et 6 000 m2 de surfaces extérieures, elle nous permet d’intégrer des grands rendez-vous citoyens, et d’accueillir des entreprises qui viennent organiser manifestations ou séminaires dans un cadre qui a du sens pour ce qu’elles veulent délivrer, tant à leurs partenaires qu’à leurs salariés. "Des espaces sont également réservés pour des structures souhaitant louer des bureaux. De plus, dans tous nos autres lieux, nous mettons volontiers nos espaces à disposition, explique Marie Floquet, directrice stratégie impact de Sinny & Ooko. À La Recyclerie ou au Pavillon des Canaux, en semaine, le matin comme l’après-midi 40 % des gens qui sont là ont un ordinateur ouvert. Ils viennent, ils prennent une consommation ou pas, et ils s’installent pour travailler sans que personne ne leur demande rien". De quoi transformer l’open space traditionnel en relique du passé ?

Laurent Fialaix