Le groupe Kingfisher représente six enseignes dans huit pays, dont Castorama et Brico Dépôt en France. Avec plus de 21 000 collaborateurs en France et un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros en 2021, l’un des acteurs leaders du bricolage en France fait face aux questionnements de ses collaborateurs sur le pouvoir d’achat. Gino Balderacchi, DRH de Kingfisher France, raconte pour Décideurs comment il a œuvré ces derniers mois afin de rassurer et informer au mieux ses collaborateurs.

Décideurs. Face à l’inflation, quelles mesures avez-vous prises pour vos équipes ?

Gino Balderacchi. Tout d’abord, nous n’avons pas attendu les sollicitations de l’État pour mettre en place des dispositifs. Une augmentation de 1,8 % a été attribuée à tous les salariés de Castorama cet été et de 40 euros pour tous les salariés de Brico Dépôt. Il était important pour nous d’anticiper afin de prévenir les impacts sociaux que peuvent connaître les entreprises dans le contexte actuel : désengagement des équipes, anxiété des collaborateurs et tensions sociales. Par ailleurs, nos deux enseignes sont très actives au niveau des discussions de branche. Ainsi, de nouvelles grilles de salaires ont été mises en place au 1er novembre 2022. Notre stratégie : être présent et proactif afin de ne pas se faire surprendre par les événements.

Augmenter les salaires, cela vous fait-il peur ?

Différents leviers sont à notre disposition : primes, augmentations générales ou individuelles, etc., il s’agit d’être souple. La période d’inflation actuelle peut se prolonger et comporte des incertitudes. Nous allons donc jongler entre plusieurs dispositifs tout en prenant en compte le bien-être de nos collègues. Nos partenaires sociaux ont évoqué l’idée de réintégrer les primes dans les salaires de base. C’est une proposition à laquelle nous réfléchissons. Il faut innover en matière de rémunération et rester agile pour sortir des schémas préétablis.

Utilisez-vous d’autres dispositifs que les primes et l’augmentation des salaires ?

Nous avions lancé il y a deux ans un projet nommé « One + One » qui permer pour tout salarié achetant une action d'en recevoir une gratuitement. Cette démarche a rencontré  un véritable succès, au point que les représentants du personnel nous sollicitent pour la renouveler. Un collaborateur actionnaire de la société voit ainsi l’entreprise d’une manière différente, il prend également conscience qu’il a son mot à dire. On constate que les partenaires sociaux deviennent de plus en plus ouverts sur des dispositifs d’actionnariat et d’intéressement.

Faire attention à la QVCT et aux benefits, cela est-il pertinent ?

L’anticipation et un dialogue social actif constituent deux boucliers contre l’inflation. En ce sens, tous les compléments au salaire sont à prendre en considération. Sur ces thématiques, il est important de communiquer davantage et en toute transparence. Les managers de proximité ont en la matière un rôle phare qu’il faut valoriser. Ils reçoivent des informations précises, à nous de les accompagner afin qu’ils puissent les retranscrire clairement auprès de leurs équipes. La transparence représente la clé de voûte d’une bonne communication. Les mots n’ont pas le même poids ni les mêmes répercussions quand nous habituons chacun à un discours sans artifices, authentique et clair.

Propos recueillis par Elsa Guérin