La fonction RH est loin d’être parvenue à maturité s’agissant de data. Quand certains la perçoivent comme complexe, voire inaccessible, d’autres s’efforcent d’en faire un réel atout pour gagner en efficacité. Convaincus qu’il s’agit avant tout une question de perception et de changement de culture.

Pour Laurent Reich, HR Data & Analytics officer group chez L’Oréal, la data est une source admirable d’informations dont les RH doivent se saisir, sans redouter qu’elle dénature leur mission. “En tant que professionnels RH, nous avons une passion pour le capital humain et pour la gestion des forces de l’entreprise” explique-t-il. Il ne s’agit bien sûr pas de dire qu’une intelligence artificielle ou un algorithme prendra des décisions, mais de faire en sorte que la donnée augmente l’intuition de nos RH.” Charge pour lui de diffuser au sein de l’organisation un état d’esprit “data oriented” et de montrer que la donnée, loin d’être figée, permet de “trouver de nouvelles idées, pas de confirmer quelque chose, mais d’aller se laisser surprendre par la donnée.”

La donnée augmente l’intuition de nos RH

Alexandra Malak, DRH, Innovation & Transformation Digitale RH global du groupe Renault, confirme. “La tendance professionnelle laisse à croire que la donnée est déjà dans sa finalité, elle est déjà utilisée et ne changera plus jamais” explique-t-elleAlors qu’il s’agit justement de la faire vivre, et de la transformer en “matière première avec laquelle travailler au quotidien.” Le but est donc de sensibiliser les équipes sur la nécessité de modéliser ces données avec pour objectif de les faire coïncider avec besoins du de l’entreprise : “aujourd’hui, nous avons nos données RH que l’on doit mettre à disposition du reste du business pour qu’ils puissent l’utiliser. Mais cela vaut également dans le sens inverse. C’est-à-dire que, pour faire des analyses RH, vous allez pouvoir prendre des données du business d’activité et venir les croiser avec les données RH.”

Autre point, sur lesquels les deux experts se rejoignent entièrement, il s’agit d’habituer les RH à abandonner l’inquiétude de la “donnée juste”. La clé consiste à accepter de construire un raisonnement comportant une part d’incertitude, mais qui serait suffisamment juste pour poser des hypothèses et avancer. Une approche plus naturelle pour d’autres, comme pour la fonction finance par exemple, que pour la fonction RH. Mais qu’elle gagnerait à adopter pour augmenter son impact au sein de l’entreprise.

Alexis Ellin