Directeur de la transformation et de l’innovation RH du groupe Les Échos - Le Parisien depuis 2018, Aymeric Vincent s’intéresse à tous les sujets de société. Il propose d’ailleurs à ses collaborateurs de nombreuses conférences et animations autour de thématiques sociétales. Le 5 avril dernier, il a relevé le défi d'aborder le thème de la ménopause en entreprise.

Le 5 avril dernier vous avez organisé une conférence en ligne sur les conséquences de la ménopause au travail. Pourquoi une telle initiative ? 

J'ai suggéré le thème de cette conférence car je suis curieux des sujets sociétaux. Lorsque le lien peut se faire avec l’entreprise, il me semble opportun d'aborder ces matières dans le cadre de l'entreprise. La ménopause a fait l’objet de plusieurs articles de presse. La lecture de l’ouvrage La fabrique de la ménopause de la sociologue Cécile Charlap, maîtresse de conférences à l’université Toulouse-Jean Jaurès, m’a confirmé, notamment, que la ménopause était un sujet peu abordé par les femmes et les hommes. Le prisme de la sociologie m’offrait la possibilité d’évoquer ce sujet avec distance auprès des salariés. L’impact de ce type de conférence sur nos équipes ne peut être encore mesuré. Mais la mise en place de cette conférence a produit un buzz au sein du groupe : on en parlait à tous les étages.

La fonction RH doit-elle s’emparer de tous les sujets ?

Parler d’un sujet représente une façon d’agir qui offre la possibilité d’un changement par la suite. Cependant, le cadre du lien avec l’entreprise doit être respecté. Il est également indispensable de mesurer la capacité des équipes à recevoir ou non le propos. La fonction RH a toujours eu cette place singulière à la jonction de la vie privée et celle de l’entreprise. Les ressources humaines doivent aborder des thématiques sur lesquelles elles ne sont pas attendues. Notre profession ne doit pas restreindre sa vision au simple cadre du droit social. Nous possédons des outils incroyables dont nous devons nous servir : la data, le métavers. C’est aux RH de s’emparer des moyens qui leurs sont offerts pour faire de leur métier un axe stratégique. Il ne s’agit jamais de faire de l’éducation mais bien de donner toutes les clés de compréhension possibles aux managers et collaborateurs. Ainsi, nous rendrons l’entreprise davantage responsable.

L’Espagne veut reconnaître le droit au congé menstruel. Est-ce une façon de casser les tabous ?

Le congé menstruel touche le domaine de la santé. Le cas de certaines maladies, comme l’endométriose, ne peut pas être comparé à des menstruations normales. L’avis médical est plus pertinent en la matière que celui des RH. Cependant, construire un dialogue autour de ces thématiques souvent relayées uniquement à la sphère intime apparaît à présent nécessaire. Le futur de la fonction RH sera sociétal.

Propos recueillis par Elsa Guérin