Guerre des talents, reconversion, accompagnement des seniors… autant d’enjeux qui questionnent le monde du travail actuel. La gestion des compétences ne semble plus être une option mais bel et bien une nécessité.

Les transformations d’envergure vécues par les entreprises imposent aux directions des ressources humaines d’accélérer et renforcer leurs politiques de formation. Essentielles pour assurer les besoins des métiers et faire face aux tensions de recrutement, le développement de l’employabilité des salariés prend également une dimension de responsabilité sociale importante face à la disparition annoncée de nombreux métiers.

Dimension 

Cette dimension stratégique du développement des compétences conduit la fonction learning à renforcer sa place au sein des organisations. Benoît Serres, directeur des ressources humaines chez L’Oréal, confirme que "face à la mondialisation des compétences, la question learning doit se situer au cœur des stratégies d’entreprises"*. Dès lors, la fonction learning voit son champ d’action s’agrandir. Garantir la formation aux métiers de demain permet de fidéliser et d’attirer les talents tout en assurant la pérennité des entreprises. Le DRH poursuit : "Une entreprise a la responsabilité de l’employabilité de ses salariés. Si elle n’anticipe pas la disparition de certains de ses métiers, elle effectue une erreur de responsabilité de l’entreprise et de business."

Pour Patrick Benammar, learning & development VP chez Renault, "la discussion autour de la formation doit s’inviter dans tous les niveaux de gouvernance de l’entreprise".

"Face à la mondialisation des compétences, la question learning doit se situer au cœur des stratégies d’entreprises"

Data friendly

La direction de la formation de demain sera data friendly ou ne sera pas. Les outils de données seront nécessaires et précieux pour les départements de la formation. Pour piloter, bien sûr, mais aussi pour accompagner la logique d’anticipation des besoins de développement des compétences. Ainsi pour Patrick Benammar, "l’apport de la donnée permettra de mesurer davantage l’impact effectif de la formation". Il analyse ainsi que "la gestion des compétences représente un enjeu majeur face aux transformations profondes de la société" et n’a jamais été si centrale qu’aujourd’hui. Sous l’effet des transformations digitales et environnementales, la disparition annoncée de nombreux métiers impose aux entreprises de déployer des politiques structurées, de gagner en clarté sur leurs besoins de compétences, mais aussi d’avancer vite pour anticiper et répondre aux enjeux business. La collecte des données et leurs analyses répondent à la nécessité propre à la fonction learning de se tenir en amont des mutations. La fonction learning a donc tout intérêt à s'associer aux services IT pour accéler les transformations d'entreprise.

Longtemps rattachée aux ressources humaines, la fonction learning prend à présent une place transverse, unique et bien plus centrale dans les organisations. Sa force : intervenir en amont des besoins et s'inscrire, à l'aide du numérique, sur le long terme.

E.G.

*Les citations sont extraites de la conférence "Fonction learning : toutes les ambitions sont possibles" qui s'est tenue le 23 Mars 2022 lors de la journée dédiée à la formation professionnelle, U-Spring, Printemps des universités d'entreprise.