Comme l’y autorise la loi Avenir professionnel, Schneider Electric ouvrira à la rentrée 2020 un CFA au sein de son école dédiée aux métiers de l’énergie. François Milioni, son directeur, évoque le regard que porte la multinationale sur la formation par alternance.

Décideurs. Presque centenaire, l’école Paul-Louis Merlin de Grenoble a été rebaptisée école Schneider Electric. Que dit ce changement de nom ?

François Milioni. Il traduit l’engagement durable de l’entreprise en faveur de la formation tout comme son évolution. La création, en 1929, de l’école Paul-Louis Merlin visait à répondre à des besoins internes de compétences et de main-d’œuvre que le système éducatif de l’époque ne parvenait pas à satisfaire. Ce dernier devenant de plus en plus performant, l’école Schneider Electric n’assume plus le même rôle. Elle représente désormais un dispositif mis au service de la filière énergie tout en étant à la fois l’expression de notre responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Pourquoi se lancer dans l’aventure du CFA ?

Cela s’est fait naturellement. Pourquoi ne pas tenter l’aventure puisque la loi offrait aux entreprises la possibilité de se porter sur l’alternance, un type de formation cher aux PDG successifs de Schneider Electric ? La création de ce CFA découle de notre conviction que l’alternance est la meilleure formation possible. Elle permet également de renforcer la cohérence entre les discours et les actions engagées en matière de formation, que ce soit pour les salariés du groupe, des jeunes en difficulté ou des alternants.

À l’avenir, envisagez-vous l’ouverture de CFA dans d’autres régions ?

L’entreprise s’inscrit dans une logique de proximité et de partenariat. Forte de son ancrage dans le territoire grenoblois, l’école Schneider Electric hébergera son centre CFA qui mettra en œuvre lui-même ses formations au sein de ce périmètre géographique. Mais, ce modèle ne sera pas démultiplié. Ailleurs en France, nous souhaitons fonctionner selon la modalité d’un CFA hors les murs en nouant des liens avec des établissements qui deviendront des UFA. À terme, nous espérons atteindre un nombre d’UFA compris entre quatre et dix, ce qui représente entre 500 et 1 000 jeunes formés par an.

Avez-vous rencontré des obstacles ?

Entre acteurs qui se connaissent depuis de longues années et se respectent, les choses se passent aisément. Peu d’obstacles nous ont barré la route. Néanmoins, si la loi Avenir professionnel libéralise beaucoup, elle exige également beaucoup. Il en va ainsi de la problématique de la certification qui invite tous les acteurs à redoubler d’efforts. Nous travaillons activement sur cette question. Cela nous conduira notamment à identifier les besoins propres à chaque territoire avec l’objectif de créer, demain, de nouvelles formations qualifiantes ou certifiantes.

Quels autres défis devrez-vous relever ?

Cela ne surprendra personne, mais les métiers de la filière énergie demeurent encore trop peu attractifs pour les jeunes femmes. J’ignore si nous y parviendrons, mais nous voulons participer à inverser la tendance et changer les mentalités pour obtenir la parité d’ici à dix ans. Nous réfléchissons actuellement à la meilleure manière de redorer, dès le collège, l’image des métiers techniques dans l’esprit des jeunes filles. Nous aspirons aussi à ce que la formation professionnelle revête une dimension plus internationale. Être armé dans la durée suppose, en effet, une ouverture à l’autre, ce qui passe notamment par la maîtrise de l’anglais ou un stage à l’étranger.

Marianne Fougère