En quelques jours, de nombreux salariés ont été privés subitement de locaux. Une aubaine pour le secteur de la e-RH, prêt à accompagner cette digitalisation à marche forcée.

"Pourquoi pas. Mais ce sera long à mettre en place et mieux vaut le faire progressivement." Voici peu ou prou le mode de pensée de nombreuses entreprises à l’égard du télétravail. La crise du Covid-19 a fait voler en éclats cette posture attentiste. Pour continuer à fonctionner, les employeurs ont été contraints de mettre en place de nouvelles méthodes de management et de nouveaux outils dans un laps de temps très court.

Confinés mais connectés

Le 17 mars, premier jour du confinement dans l’Hexagone, a poussé les entreprises à se saisir pleinement des opportunités offertes par le digital. "Il y’a un changement rapide de mentalité par la contrainte", affirme Yves Grandmontagne, président du LabRH, association qui regroupe 270 start-up. Du jour au lendemain, entretiens d’embauche, réunions ou autres séances de brainstorming ont dû s’effectuer à distance. Heureusement, par solidarité (et volonté de mieux faire connaître leurs produits), la majorité des start-up de la e-RH ont déployé des offres spéciales. Citons, exemples parmi d’autres, Livestorm, Wimi (vidéo-conférence), Cloudeezy (partage de données), Jobscroller et JobTeaser (entretiens d’embauche en ligne) ou encore Klaxoon spécialiste des réunions à distance.

"En quelques semaines, les entreprises ont avancé de plusieurs années en matière de transformation digitale"

Mathieu Beucher, fondateur et directeur de cette société qui a toutes les chances de devenir une licorne à moyen terme, a lancé une offre gratuite dès le 10 mars. Toutefois, employeurs privés, administrations mais aussi structures éducatives n’ont pas attendu la date fatidique pour se préparer. L’entrepreneur fait d’ailleurs remarquer que "dès mi-février, nous avons observé une hausse très forte de recours à nos solutions qui ont l’avantage d’être intuitives et d’utiliser peu de bande passante". Pour accompagner les nouveaux utilisateurs, les équipes de consultants ont été renforcées par des salariés du groupe basés à Rennes.

Bénéfique pour les start-up de e-RH ?

Selon Mathieu Beucher, les choses sont donc claires : "Il y aura un avant et un après confinement pour les salariés, mais aussi pour notre secteur". D’après lui, "en quelques semaines, les entreprises ont avancé de plusieurs années en matière de transformation digitale, elles ont pris conscience qu’elles pouvaient se métamorphoser rapidement et facilement". Même son de cloche du côté d’Yves Grandmontagne qui évoque une période "d’évangélisation à grande échelle".

Si de nombreux pans de l’économie risquent de connaître des difficultés économiques, la e-RH pourrait tirer son épingle du jeu. Les salariés qui ont commencé à travailler efficacement à distance grâce à certaines solutions qu’ils ne connaissaient pas initialement ont toutes les chances de passer à une offre payante, une fois la situation revenue à la normale. Les start-up, de leur côté, mettent à profit cette période particulière pour "améliorer leur offre et recueillir des retours qui pourront les aider à moyen terme", estime le président du LabRH.

Lucas Jakubowicz