Entretien avec Bernard Bruche, Bernard Bruche France
Décideurs. Vous êtes considéré comme un spécialiste de la communication dans le marché de la formation, quelles sont vos méthodes ?
Bernard Bruche. Lorsqu’en 1972 j’ai créé ma première structure, je me trouvais dans un marché balbutiant avec des produits basiques. Pour assurer un développement, il fallait trouver de nouvelles formations. Avec un diplôme d’école supérieure de commerce et une licence de droit, je n’étais pas armé. L’idée m’est venue d’utiliser l’éthologie pour comprendre les comportements humains et la neurophysiologie pour mieux connaître les mécanismes d’assimilation. J’ai eu la chance de pouvoir créer les premières formations consacrées à l’organisation de la mémoire. Depuis, nous avons formé plus de 10 000 personnes sur ce sujet. Éduqué pour faire évoluer le monde de l’entreprise, j’ai perçu un besoin. Même dans les années 1970, l’efficacité n’était pas au rendez-vous. Je pensais que la gestion du temps pouvait aider. Certes des entreprises ont accepté de suivre, mais la formation n’a été réellement lancée que par le livre Temps Plus. Néanmoins, les ventes décollent et nous avons formé plus de 12 000 stagiaires. Mais ce marché est éclaté et l’on trouve malheureusement des formateurs aux compétences très diverses. À cette époque de nombreuses découvertes, voire même des confirmations d’hypothèses, sont réalisées. La théorie de Brodmann sur les localisations cérébrales est confirmée par la RMN (Résonance Magnétique Nucléaire) ce qui nous permet d’expliquer que tout le monde ne mémorise pas de la même façon, ne stocke pas sous la même forme les informations. Bref, nous pouvons expliquer des différences et la nécessité de s’adapter pour travailler en équipe. La dernière grande étape sera réalisée dans les années 1980 à la demande d’un client qui m’a dit : «?Bernard, mes salariés ont fait de l’AT, de la PNL… Ils n’arrivent pas à avoir une vue d’ensemble, est-ce que tu peux nous faire quelque chose ??» Ce fut la naissance de la «?Mémonique ® ou l’art de faire passer ses messages?», formation qui sert toujours de base à nos actions sur la communication.

Décideurs. Vous proposez des formations à la mémoire, que pouvez-vous dire à ce sujet ?
B.?B. Nous expliquons avec des exercices et des simulations que la mémoire ne se perd pas nécessairement avec l’âge (sauf problème médical), mais qu’elle se transforme.
Nous avons des résultats :
- la modification du comportement, ressentie par les stagiaires eux-mêmes. 90?% environ décident de changer d’attitude,
- l’acquisition de méthodes en lecture, écoute (discussions ou débats) prise de notes par exemple,
- l’utilisation de règles simples fondées sur la synthèse, l’association, la concentration…
Grâce à des techniques simples et expérimentées, on se rend compte que :
- il est difficile de bien utiliser sa mémoire sans la connaître,
- il est difficile de bien utiliser sa mémoire sans connaître les règles de base de son fonctionnement,
- il est difficile de bien utiliser sa mémoire sans lui faire confiance. La biologie et l’expérience permettent de démontrer qu’une mémoire, pour rester constante, doit s’exercer régulièrement. On peut citer à ce sujet l’exemple du Général de Gaulle qui apprenait une page de texte par jour pour s’entraîner.
- enfin, il est impossible de développer sa mémoire sans organisation : la méthode a toujours simplifié le travail. Pour la mémoire, elle s’avère indispensable. Seulement, il n’existe pas une, mais des méthodes utilisables pour mémoriser ou faire mémoriser.

Décideurs. Selon votre expérience, les techniques préconisées en gestion du temps sont insuffisantes pour obtenir un résultat.
B.?B. De nombreux intervenants pensent que la gestion du temps est avant tout un problème de méthode. Ils oublient seulement que l’individu est disposé à utiliser une méthode que s’il accepte l’idée que cette méthode satisfait des besoins personnels. La gestion du temps s’améliore si on modifie son comportement, mais pour modifier son comportement, il faut en être convaincu et en ressentir le besoin. Ainsi, l’on trouve sur le marché de nombreux programmes qui se ressemblent, les principales différences viendront de :
- la compétence et de l’expérience de l’animateur,
- des programmes qui accorderont une importance à l’homme, à ses besoins…
La gestion de son temps, de ses priorités, demande un changement de comportement, les techniques servent à convaincre, persuader… Une partie du temps de formation doit être consacrée au rapport avec le temps, aux différents comportements (le sien, celui des autres), aux conséquences positives et négatives… Les techniques ne sont que des ficelles pour faciliter la réflexion, aider au changement de comportement… Par exemple, si vous n’arrivez pas à convaincre un «?relationnel?» papillonnant sur diverses tâches qu’il doit regrouper ses activités, garder du temps pour soi, en fermant au besoin la porte de son bureau (s’il en a un), toutes les techniques, même les meilleures ne serviront à rien. Si je suis un hiérarchique, je peux améliorer l’efficacité de mon équipe en utilisant des méthodes contraignantes. Par exemple, on sait que «?le temps se dilate jusqu’à occuper tout l’espace disponible?». Le supérieur devra évaluer la charge de travail à réaliser sans minimisation ou surévaluation. La formation à la gestion du temps reste donc une alchimie subtile entre méthodes, argumentations, démonstrations, l’objectif étant d’obtenir un changement de comportement.

Décideurs. Vous avez évoqué des rapports entre neurophysiologie et communication, pouvez-vous nous en dire plus ?
B.?B. Pour communiquer, il faut parler le même langage que son interlocuteur. D’où l’intérêt d’apprendre à le décoder. La base de la communication : se comprendre pour agir sur l’autre. Tous les jours, nous oublions les trois quarts de ce que nous voyons et de ce que nous entendons. Pourquoi sélectionnons-nous certaines informations ? Inversement, quels sont les facteurs en vertu desquels elles vont se fixer dans notre esprit ? La Mémonique® apporte des éléments de réponse. Cette technique repose sur des fondements physiologiques, et sur une bonne connaissance des mécanismes du cerveau humain. Il existe globalement cinq types de personnalités, mêlés, de façon variable, en chacun d’entre nous. Les circonstances, les besoins, les moments de la journée conduisent chacun à avoir des comportements, des raisonnements différents. Pour nous convaincre, l’autre devra avoir une argumentation adaptée. La force de la Mémonique® réside dans la compréhension de l’autre et la prise en compte des réactions de défense, de protection, des modes de raisonnement, des normes, des règles de vie et des coutumes… Sont combinés les exemples de la vie animale, la physiologie du comportement, des règles de bon sens et l’expérience. Dans cette formation, comme me l’a dit un jour une stagiaire issue d’une grande école, «?on peut gagner des années d’expérience?». Par exemple, le volet comportemental donne naissance à une typologie. Ainsi, nous sommes tous, à des moments différents, plus
ou moins :
- réactionnels : nous réagissons vivement à une situation,
- normatifs : nous nous conformons à des règles et aimons l’ordre,
- affectifs : nous nous impliquons personnellement dans ce que nous vivons,
- analogiques : nous raisonnons selon notre expérience,
- logiques : nous aimons les choses claires, nettes et
précises.
Un exemple d’utilisation : la vente d’un voyage à deux personnes différentes. Pour vendre un voyage, il faut adapter sa manière de présenter les choses à son interlocuteur. Si le client est affectif, il faut s’adresser à lui sous l’angle du sentiment, de l’émotion. Une telle approche ne passera pas s’il est logique ou normatif ; il faut alors développer une argumentation rationnelle et posée. Enfin, s’il est analogique, il se référera toujours aux voyages qu’il a effectués dans le passé ou à ceux dont on lui a parlé. La Mémonique® ne s’arrête pas à cette adaptation du message au comportement de l’autre, elle permet d’avoir un langage plus positif, une expression de pensée atténuée, une gestion des personnalités dites difficiles, des techniques pour présenter certains messages rébarbatifs… Avec cette technique, nous ne cataloguons pas. Il n’y a pas de différence homme/femme, pas de cerveau droit ou gauche, pas de personnes systématiquement difficiles… Ainsi, nous pouvons avoir une idée plus positive de l’autre et améliorer nos relations avec lui.

Décideurs. Avez-vous d’autres points forts ?
B.?B. Notre force est de pouvoir montrer que chacun peut s’adapter aux individus, aux circonstances et aux moments. Par exemple, lorsque l’on parle de génération Y, de personnes agressives, d’individus stressés, nous trouverons autour de ces personnages des comportements inadaptés, des argumentations de mauvaise qualité, des dévalorisations, un manque de reconnaissance… Ainsi, nos points forts seront :
- la gestion du stress,
- la communication avec les personnalités difficiles,
- l’affirmation de soi,
- les actes du management,
- la formation de formateurs.

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