Associé chez Darrois Villey Maillot Brochier, Mathieu Della Vittoria est un avocat de crise. À seulement 38 ans, ce plaideur enjoué a affronté le cataclysme financier de 2008 et fut l'un des avocats de Bernard Tapie. Retour sur une trajectoire hors norme.
Mathieu Della Vittoria, homme de paroles
Mathieu Della Vittoria, associé chez Darrois depuis 2022, se dit "imperméable au stress". Et à la vue de son parcours qu’il décrit avec décontraction, on veut bien le croire. Il fait son entrée dans le monde des cabinets d’affaires parisiens en 2008, quand la crise financière bat son plein. Le ton est donné. Il défendra d'ailleurs Bernard Tapie quelques années plus tard. Le "boss" lui laissera un souvenir impérissable.
À 38 ans, son goût pour les dossiers sensibles est intact. Il faut dire que celui qui a grandi dans une "toute petite ville dans le nord-est de la France" s’est très tôt imaginé devenir avocat. "J’ai toujours aimé la contradiction", lance Mathieu Della Vittoria avec malice. Son parcours d’élite n’était pourtant pas tout à fait écrit d’avance. Après des études de droit "classiques" à Metz et un DJCE à Nancy, ce petit-fils d’un mineur de fond de Lorraine, venu d’Italie dans les années vingt, d’un père informaticien et d’une mère secrétaire, va voir sa vie radicalement changer.
Comme un poisson dans l’eau
Lorsqu’il commence sa carrière chez Sullivan & Cromwell à 24 ans, un monde nouveau s’offre à lui. Fraîchement débarqué de Nancy avec sa petite amie rencontrée pendant son DJCE, et qu’il épousera six ans plus tard, Mathieu Della Vittoria entre dans les bureaux de la firme américaine située à quelques pas de l’avenue Montaigne sans en connaître les codes. Sans manier tout à fait la langue de Shakespeare non plus, avoue-t-il. L’anglais, il s’y mettra et s’adaptera vite, avec pour phare le droit qu’il maîtrise et dans lequel il a toujours trouvé refuge. Quatre ans plus tard, il passe la conférence du stage. Il en sort 8e secrétaire et affrontera 80 dossiers pénaux en seulement une année. Cette expérience fait de lui un plaideur. Ça tombe bien, la plaidoirie, il aime ça et la pratiquera toute sa carrière.
"Tout était à faire"
Mais c’est son mentor François Kopf qui aura l’influence la plus déterminante sur son parcours. C’est lui qui le repère pendant son DJCE et lui propose son premier stage. Le jeune juriste, pas tout à fait convaincu avant de se lancer, s’était donné trois mois "pour voir". Il marchera finalement dans les pas du spécialiste des entreprises en difficulté pendant quinze ans : chez Scotto en 2012, puis dans son aventure entrepreneuriale l’année suivante. La création du cabinet Dethomas Peltier Juvigny & Associés lui a laissé un très bon souvenir. "Tout était à faire", se rappelle avec enthousiaste l’avocat qui n’en était encore qu’à ses débuts. Puis, le Graal : le cabinet Darrois qu’il rejoint avec François Kopf fin 2015.
Un côté Colombo
"Ma femme me dit souvent que mon métier c’est mon loisir." Mathieu Della Vittoria prend plaisir à défendre et son métier lui rend plutôt bien. S’il n’avait pas été avocat, ce plaideur pugnace aurait été journaliste. Pour le contradictoire, mais aussi parce qu’il aime aller au fond des choses, investiguer. Son activité professionnelle intense lui laisse peu de temps libre. Ce temps, il le consacre à ses trois enfants qu’il voit bien devenir avocats, si le cœur leur en dit. Loin de rêver à une reconversion, cet amoureux du droit compte bien continuer à s’amuser et vise les plus beaux dossiers. Un tantinet "mauvais joueur", il admet malgré tout avoir beaucoup appris de ses défaites. Mais c’est sans doute vers ses prochaines victoires qu’il est résolument tourné.
Mathilde Aymami