Renaissance est le dernier parti à avoir organisé sa rentrée politique ce week-end à Bordeaux. Au menu : éloge de la construction européenne mais célébration de nos terroirs, volonté de prendre de la hauteur et d’être sérieux, tout en se détendant un peu. Un exercice de "en même temps" sous le soleil de Gironde.

Que retenir du campus de Renaissance qui s’est déroulé au parc des expositions de Bordeaux les 7 et 8 octobre ? De manière triviale, on peut observer que malgré l’automne, le soleil était au rendez-vous. Ce qui a permis de perpétuer quelques traditions vivaces dans les rentrées politiques qui se tiennent traditionnellement début septembre : des élus en bras de chemise, des discussions informelles entre militants, responsables politiques et journalistes à l’ombre de parasols, des bières fraîches… Toutefois, certaines choses plus intéressantes que le bronzage d’un secrétaire d’État sont à observer.

L’Europe, l’Europe, l’Europe !

Il suffit pour le visiteur de faire un tour dans le parc des expositions pour constater que l’engagement européen est au cœur de la matrice idéologique de Renaissance. Les drapeaux de l’UE étaient présents en force, le portrait de Simone Veil surplombait la salle des discours.

Sur le fond, nombre de conférences ou de prises de parole ont eu pour objet la construction européenne, ses réussites et son futur. Le parti a même créé un "village européen " où durant tout le week-end, des parlementaires du groupe Renew ont pu mettre en avant leur bilan. Par ailleurs, l’invitée vedette de l’évènement était Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Elisabeth Borne, qui a clos l’évènement, a, elle aussi, fait l’éloge de l’UE en affirmant : "Nous croyons à une France forte dans une Europe puissante." De toutes les rentrées politiques du cru 2023, c’est bel et bien Renaissance qui a mis le plus en avant son ancrage européen. Rarement un parti français a autant assumé cette identité transnationale qui restera sûrement la pierre angulaire du mouvement dans les décennies à venir.

Rarement un parti a autant assumé son ancrage européen qui restera sûrement la pierre angulaire du mouvement dans les décennies à venir

Les territoires et les classes moyennes au cœur de tout

Veil

Pour autant, les organisateurs ont tenu à montrer que le parti macroniste était également "ancré dans les territoires" pour reprendre une formule à la mode. Symbole volontaire ou non, la scène du village européen était entourée des stands des fédérations locales. Chacune a tenu à mettre en avant ses spécificités culturelles, architecturales ou culinaires.

Par ailleurs, de nombreuses conférences avaient pour objet les classes moyennes, les territoires. Parmi elles, "les classes moyennes en France et en Europe face aux défis de notre temps" avec Thomas Cazenave, ministre délégué en charge des Comptes publics qui vise la mairie de Bordeaux, Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, Guillaume Kasbarian, député d’Eure-et-Loir et président de la Commission des Affaires économiques ou encore le sondeur Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. Au menu également, "Se loger est-il devenu un luxe ?" ou encore "Ruralité, du sentiment d’abandon au retour des solutions".

Lorsqu’Emmanuel Macron a lancé son parti peu avant la présidentielle de 2017, il a assumé son volet progressiste. L’intitulé de nombreuses conférences prouve que ce progressisme est toujours au centre de la matrice du parti. Les participants au campus ont pu ainsi assister à des débats sur la transition écologie, l’égalité femmes-hommes. Au menu également, la French Tech ou la réindustrialisation.

Pas de clashs, de petites phrases de lutte pichrocholines. L'ambiance était plus proche d'un séminaire d'entreprise que d'une kermesse politique

Silence, ça bosse

Les personnes habituées à arpenter les universités de rentrée ont pu noter que l’évènement Renaissance se démarquait des autres partis sur certains points. Même si l’ambiance était plutôt bon enfant, l’état d’esprit était loin de l’ambiance kermesse. Globalement, les participants étaient là pour bosser, phosphorer dans des salles de conférences sobres ressemblant à des séminaires d’entreprises ou des conférences de méthode à l’université. Ne manquaient plus que les madeleines emballées sous plastique et le distributeur de café pour se croire dans un centre de formation ! Une forme de frugalité et d’ascétisme probablement voulue par les organisateurs.

Chez Renaissance, l’objectif ne semble pas être de faire parler de soi à grand renfort de clashs, de polémiques ou d’invités sulfureux à l’instar du rappeur Médine chez EELV ou LFI. Tant mieux pour la crédibilité. Tant pis pour les retombées presse. Car les 70 journalistes accrédités ont eu peu de "petites phrases", de "clashs", ou de luttes picrocholines à mettre en avant. Ce qui dans la politique française de 2023 reste relativement inattendu.

Lucas Jakubowicz