L’Affaire Quatennens, montre qu’il existe deux écoles chez LFI. L’une, issue de la vieille gauche utilise les VSS comme outil politique, l'autre prend la situation vraiment à cœur.

Cela ne devrait pas plaire aux militants de la France insoumise, mais le mouvement mélenchoniste est passé maître dans l’art du "en même temps". C'est un parti pyramidal, sans courants, allergique au débat interne, au service d’un chef omniscient prêt à tout pour accéder au pouvoir. Mais il se définit également comme gazeux, prône une société plus démocratique et se veut à l’avant-garde du progressisme en préemptant des sujets tels que l’écologie ou l’émancipation des femmes et des minorités. Une alliance insolite qui ne pouvait qu’imploser.

L’affaire Quatennens a servi de détonateur et a révélé deux "France insoumises" qui ne peuvent pas cohabiter sereinement. D’un côté celle de Jean-Luc Mélenchon et ses très proches. Pour eux, la situation est claire : la question de la lutte contre les violences faites aux femmes est un simple outil politique. Le comité de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) en est la preuve. Il sert surtout à écarter les personnalités encombrantes telles que Taha Bouhafs ou Thomas Guénolé et à protéger les proches du Patron comme Éric Coquerel. Les initiatrices du comité ont d’ailleurs vite pris leurs distances. Lorsqu’Adrien Quatennens, dauphin présumé de Jean-Luc Mélenchon, avoue avoir giflé sa femme, celui-ci salue "sa dignité et son courage" sans un mot pour la victime. Manuel Bompard, fidèle entre les fidèles, appelle quant à lui à "faire la part des choses".

Mais chez LFI, pour la première fois, la fronde menace. Les réseaux sociaux s’enflamment, les militants s’inquiètent et des élus renâclent à suivre la ligne du chef. Ainsi, Pascale Martin, députée LFI de Dordogne, juge les propos de Jean-Luc Mélenchon « inacceptables » tandis que celle de Seine-Saint-Denis, Raquel Garrido, soutient qu’il n’y a "pas de loyauté au parti supérieure à la lutte des violences faites aux femmes". Pire encore, la frange intersectionnelle pourrait profiter de l’affaire pour s’attaquer ouvertement à la "vieille garde" qui pensait manipuler ces utopistes à des fins électorales. Point cocasse, l’idée de s’appuyer sur la théorie intersectionnelle en donnant des gages à l’électorat musulman, écologiste ou néo-féministe a été théorisée par un certain Éric Coquerel et adoptée par Jean-Luc Mélenchon. Deux représentants d’une gauche "à l’ancienne" qui doivent commencer, en leur for intérieur, à regretter une stratégie qui se retourne contre eux.

Lucas Jakubowicz