Sanna Marin, Emmanuel Macron, Éric Coquerel… Cet été encore de nombreux responsables politiques ont été critiqués sur leur manière de passer leur temps libre. Une intrusion qui en dit beaucoup sur notre époque.

Après une année chargée, les dirigeants politiques, comme le commun des mortels, aiment prendre des vacances bien méritées. L’occasion parfaite de se recentrer sur soi, sur ses proches et de mettre entre parenthèses un quotidien fait de crises internationales, de combats électoraux, de travail de fond sur des dossiers techniques, de déplacements, de stress, de nuits blanches. Hélas pour eux, ils sont désormais traqués et jugés même durant leur temps libre.

En Finlande, la première ministre Sanna Marin en a fait l’expérience. Pour avoir tout simplement dansé, la voici accusée de légèreté, voire suspectée de consommation de drogue et obligée de se justifier devant le monde entier les larmes aux yeux. En France, les choses sont similaires. Comme chaque été, le président de la République a été traité par certains de "profiteur" pour avoir passé une partie du mois d’août au fort de Brégançon. À l’instar de ses prédécesseurs qui pouvaient bronzer en paix. Ce qui n’est plus le cas. Emmanuel Macron fait du jet ski ? Haro sur le pollueur. Il navigue en kayak ? C’est du greenwashing et une provocation face aux feux de forêt. Haro sur le nouveau Néron ! Tous les bords de l’échiquier politique sont touchés. Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, l’insoumis Éric Coquerel, est lui aussi cloué au pilori. Son "crime" ? Partir en vacances sur son bateau, lui qui est un passionné de voile depuis des décennies. Impossible pour certains d’être de gauche et de passer des vacances selon ses souhaits. Ian Brossat, communiste habitué à profiter d’une partie de l’été dans une maison en Corse, en fait également les frais. La solution serait-elle de bronzer au milieu du "peuple" ? Raté. Fabien Roussel et ses congés camping sur l’île de Beauté est accusé de populisme.

Décidément, pour un dirigeant politique, impossible de trouver des vacances qui plaisent à tout le monde. Et surtout, impossible de se reposer en paix. La machine à polémique ne connaît pas la trêve estivale. Les opposants internes, les militants désabusés, les chaînes d’info en continu, les internautes anonymes s’en donnent à cœur joie. Tant mieux pour eux. Tant pis pour l’intérêt général. Car, après tout, quel esprit normalement constitué aurait envie de sacrifier sa vie privée et ses vacances contre un mandat ? L’avenir le dira.

Lucas Jakubowicz