Des responsables LR et PS qui ne se bousculent plus au portillon, des alliés à "fidéliser", des marcheurs de combat qui montent en grade ou effectuent leur grand retour, une société civile toujours présente. Voici ce qu’il faut retenir du nouveau gouvernement Borne.

Depuis 2017, les divers remaniements décidés par Emmanuel Macron revêtaient un objectif subliminal : fracturer la gauche et la droite. D’où le débauchage régulier d’anciens responsables issus de LR, du PS ou, dans une moindre proportion, d’EELV.

La fin du débauchage

Le gouvernement Borne 2 change de stratégie. Désormais, le mercato ne se pratique plus chez les concurrents. Et ce, pour plusieurs raisons. Après cinq années de pouvoir, les macronistes disposent désormais d’un "banc de touche" de responsables compétents pour intégrer un gouvernement ou monter en grade. Surtout, la donne politique a changé.

Depuis les dernières législatives, LR n’a jamais eu aussi peu de députés. Mais la configuration de majorité relative permet au parti de droite de "peser" dans la gestion du pays avec un rôle de "faiseur de roi" ou plutôt de "faiseur de loi". En somme, un député LR est plus important au Palais-Bourbon qu’autour de la table du Conseil des ministres. D’autre part, Emmanuel Macron s’est montré maladroit en présentant des candidats marcheurs contre des députés LR "Macron compatibles" qui peuvent avoir la rancune tenace ou qui ont disparu de la scène politique, à l’image de l’ex-député de l’Yonne Guillaume Larrivé. Conséquence, pour la première fois, la macronie n’est plus attractive pour les LR ambitieux. La seule prise de guerre est la maire LR de Beauvais, Caroline Cayeux, qui, à 73 ans, devient ministre déléguée aux collectivités territoriales. Maigre bilan…

Les ambitieux du PS ou de LR ne se bousculent plus pour intégrer le gouvernement

À gauche, la situation est la même. Terminée l’époque où une partie du PS quémandait une place dans les gouvernements Philippe, Castex ou Borne. Réduits à portion congrue, les socialistes ont déjà perdu le gros de leurs troupes et les dissensions créées par la Nupes n’incitent personne à franchir le Rubicon. Il semble que les socialistes anti-Nupes tels que Carole Delga, Stéphane Le Foll ou Bernard Cazeneuve préfèrent changer la gauche de l’intérieur. Le seul PS "pêché" par les macronistes est le maire de Clichy-sous-Bois Olivier Klein qui devient ministre de la Ville et du Logement. Mais il avait déjà été exclu du parti à la rose lors des dernières municipales pour avoir intégré des militants LREM à sa liste et avait appelé à voter pour le président sortant.

Gâter les partis alliés

Pas d’ouverture donc, mais des signes forts envoyés aux partis alliés. François Bayrou et Édouard Philippe peinaient à cacher leur mécontentement à l’issue de la composition du premier gouvernement Borne ? Ils sont entendus. Marc Fesneau n’est plus le seul représentant Modem au gouvernement puisqu’il est rejoint par deux anciennes qui reprennent du service : Geneviève Darrieussecq (ministre déléguée chargée des Personnes handicapées) et Sarah El Haïry (secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel). Jean-Noël Barrot, de son côté, est le nouveau ministre délégué chargé du Numérique et des Télécommunications.

François Bayrou et Édouard Philippe en "ont pour leur argent"

De même, Horizons obtient plusieurs maroquins ministériels : Christophe Béchu est nommé ministre de la Transition écologique et de la cohésion des Territoires tandis-qu’Agnès Firmin-Le Bodo et Olivier Becht, deux proches d’Édouard Philippe occupent les portefeuilles suivants : Organisation territoriale et Professions de santé pour l’une, Commerce extérieur, Attractivité et Français de l’étranger pour l’autre. Ainsi, à défaut d’attirer des personnalités venues de partis hors galaxie Renaissance, Emmanuel Macron choisit de récompenser ses fidèles.

Récompenser les fidèles

De même, certains bons soldats sont récompensés par un retour au gouvernement ou un premier poste. Olivier Véran quitte son poste de ministre des relations avec le Parlement et revient sur le devant de la scène puisqu’il hérite du porte-parolat ainsi que d’un poste de ministre délégué au Renouveau démocratique. La médiatique Marlène Schiappa fait son grand retour dans l’exécutif avec un poste de secrétaire d’État à l’ESS et à la vie associative. Citons également l’influent député des Français d’Amérique du Nord Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie.

Un zeste de société civile

La tradition de faire monter à bord du navire gouvernemental des personnalités issues de la société civile se poursuit. Parmi les nouveaux entrants, citons l’économiste Laurence Boone qui succède à Clément Beaune au poste de secrétaire d’Etat chargée de l’Europe. L’urgentiste François Braun prend la suite de Brigitte Bourguignon au ministère de la Santé, Jean-Christophe Combe, directeur de la Croix rouge prend la succession de Damien Abad comme ministre des Solidarité. Enfin, Jean-Louis Carenco est le nouveau ministre délégué aux Outre-mer.

Lucas Jakubowicz