Loi Copé-Zimmermann il y a onze ans, loi Rixain plus récemment : le législateur agit en faveur d’une véritable égalité femmes-hommes dans les postes de direction. Malgré tout, au rythme où vont les choses, il faudrait 33 ans pour atteindre une parité parfaite.

Dix ans après la loi Copé-Zimmerman qui imposait 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes et moyennes entreprises, le Parlement a définitivement adopté une nouvelle loi instaurant des quotas de femmes dans les comités de direction, le 16 décembre 2021. Impulsé par la députée Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale, le texte veut asseoir une "égalité économique et professionnelle réelle" entre les femmes et les hommes, en instaurant un quota de représentation de chaque sexe parmi les cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes des entreprises d’au moins 1 000 salariés.

Dans les faits, dès 2030, les entreprises disposeront de deux années supplémentaires pour dénombrer au moins 40% de femmes dans leurs comités de direction. L’objectif de cette nouvelle loi est bien de pérenniser les avancées en matière d’égalité femmes-hommes et de poursuivre la transition vers la parité dans les instances dirigeantes.

Aujourd’hui, moins de 20% de femmes siègent dans les différents comex des grands groupes. Un chiffre qui stagne...

Corinne Hardy, présidente de l’Alliance pour la mixité en entreprise (AME) et directrice des opérations chez Sanofi, dresse l’état des lieux suivant : aujourd’hui, moins de 20% de femmes siègent dans les différents comex des grands groupes. Ce chiffre stagne et, à ce rythme, 33 ans seraient nécessaires avant d’atteindre la parité. Elle ajoute que la moitié des femmes présentes dans les comex des 60 plus grandes entreprises françaises, à ce jour, n’occupent que des fonctions supports : juridique, finance, ressources humaines et communication. Si l’écart entre le nombre de femmes et d’hommes au sein des entreprises diminue, il tend à s’accroître davantage lorsqu’il s’agit de postes de direction. 

L’observatoire Skema de la féminisation des entreprises, dans son édition 2021, remarque que " le CAC 40 ne compte aucune femme PDG, aucune femme présidente de conseil d’administration et seulement une femme directrice générale " et que " cinq entreprises du CAC 40 ne comptent aucune femme dans leur comité exécutif ". Force est de constater que la donne change avec la récente nomination de Christel Heydemann au poste de DG d’Orange et la passation prochaine, chez Veolia, des fonctions de PDG d’Antoine Frérot à Estelle Brachlianoff.

Si l’instauration d’un quota a la vertu d’accélérer la visibilité de modèles féminins, des études objectives et factuelles doivent continuer à veiller sur les biais de genre. Cette année, et pour la première fois, seize entreprises n'ayant pas respecté l'index d'égalité professionnelle ont été sanctionnées. La parité reste un enjeu de taille pour les années à venir.

Clémence Galland et Elsa Guérin