Alors qu’Emmanuel Macron vient de déclarer sa candidature, Jean-Marc Borello, l’un des premiers Marcheurs fait le bilan du quinquennat et esquisse des pistes pour le futur.

L'interview vidéo est un complément à l'entretien accordé par Jean-Marc Borello à Décideurs Magazine. Retrouvez la seconde partie de l'entretien consacrée à l'Europe sociale en cliquant sur le lien ci-contre

Décideurs. Pour sa seconde candidature, Emmanuel Macron continue à emprunter la voie du "en même temps". Est-ce la fin définitive du clivage droite gauche ?

Jean-Marc Borello. Il existe désormais plusieurs partis de gauche ou de droite qui ont, peu ou prou, la même force. Plutôt que du "en même temps", nous sommes plutôt dans une archipelisation de la politique française pour reprendre les termes de Jérôme Fourquet. Cependant, je réfute l’idée qu’Emmanuel Macron a fait exploser la droite et la gauche. En 2017, le PS a opté pour le candidat qui avait le moins de chances le jour de l’élection et, dès la fin de la primaire, son parti lui a tiré dans le dos. De son côté, la droite a choisi dès le départ un champion clivant. Et ce alors que l’affaire Penelope n’avait pas encore eu lieu. C’est un auto-sabordage ! D’une certaine manière, le PS et LR étaient déjà en état de mort annoncée : de moins en moins de militants, un manque d’idées nouvelles et une attitude gouvernée par la peur et l’absence de vision.

Quels sont selon-vous les principaux apports de LREM à la vie politique ?

L’arrivée d’élus LREM à l’Assemblée nationale ou la composition des derniers gouvernements a changé le visage de la classe politique. Elle est plus féminisée, plus jeune et moins professionnelle. Cela a permis de changer la manière dont se fait la politique qui est moins soumise à des contingences partisanes qui sont avant tout un carcan.

Le système était auto-bloqué, c’est terminé. Pour la première fois sous la Vème République des personnes issues de diverses sensibilités se sont réunies pour dire "nous ne sommes pas de la même crèmerie, mais nous allons construire quelque chose ensemble". Personnellement, je me suis ainsi mis à dialoguer et à travailler avec des personnes issues de chaque bord. Et ça marche grâce à une certaine forme de bienveillance ! Finalement, le macronisme peut-être défini comme le courage de la nuance.

Quels sont les principaux résultats de ce nouveau système ?

De nombreuses réformes que l’on peut qualifier de gauche ont été mises en place. Je songe notamment au reste à charge 0 pour les lunettes ou les prothèses dentaires ou encore le dédoublement des classes de CP dans les zones les plus défavorisés. Ajoutons que le budget de la Justice a augmenté de 33% sur le quinquennat et qu’aucun hébergement d’urgence n’a été fermé cette année. Cependant, l’impact de cette mesure mettra plusieurs années avant d’être ressenti. J’ajoute que malgré les attaques, le socle électoral du président de la République semble invarié voire supérieur par rapport à 2017.

Selon de nombreuses études d’opinion, l’abstention s’annonce élevée lors de la présidentielle. Comment y remédier ?

L’abstention est un phénomène que l’on a aussi retrouvé aux élections municipales et régionales et la situation sanitaire ne peut pas expliquer cela à elle seule. Il est difficile de proposer une recette miracle mais je crois beaucoup à la pédagogie, au fait de ne pas faire de bullshit, d’éviter l’arrogance. En fait, la meilleure chose à faire est de sillonner le territoire pour expliquer aux électeurs en quoi nos idées peuvent changer la vie des gens. Je ne crois en revanche pas au vote obligatoire. Mais, je pense qu’une réforme des institutions et l’instauration d’une dose de proportionnelle pourrait redonner du tonus à notre vie démocratique. Ce serait un sujet important pour le prochain quinquennat.

Propos recueillis par Pierre-Etienne Lorenceau