Renfort de poids pour la Macronie : ancien ministre de Nicolas Sarkozy et spécialiste des questions budgétaires, Éric Woerth annonce qu’il fera campagne pour le président en exercice. Un coup dur pour Valérie Pécresse.

Après sa victoire à la primaire, Valérie Pécresse est parvenue à conserver le soutien de l’aile droite du parti incarnée par Éric Ciotti. Mis à part le vice-président de LR Guillaume Peltier qui est retourné dans son camp d’origine, personne n’est allé vers Éric Zemmour. En revanche, le parti de droite vient de perdre une figure centrale. Dans un entretien accordé au Parisien le 9 février, Éric Woerth annonce son soutien au président de la République.

Le député de l’Oise et président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale justifie son choix en assurant qu’Emmanuel Macron "est le mieux à même de défendre l’intérêt de la France et des Français (…). Je pense profondément qu’un second mandat d’Emmanuel Macron serait une chance pour la France, comme ça aurait été le cas pour Nicolas Sarkozy (…). Nous avons besoin de réformes et de stabilité, on ne peut pas avoir un président débutant tous les cinq ans". Durant son entretien il a admis à demi-mot que le bilan du gouvernement actuel était, à ses yeux, satisfaisant : "Il faut augmenter le pouvoir d’achat grâce à un faisceau de réformes : mobilité professionnelle, réduction des dépenses et de la dette, investissement… Emmanuel Macron a commencé à les mettre en place".

S’il assure avoir "du respect et de l’amitié pour Valérie Pécresse", il considère ne pas se reconnaître dans "le discours de LR qui décrit une France qui n’est pas tout à fait la mienne, une France nostalgique, recroquevillée sur elle-même (…) Je m’intéresse plus à la France de mes enfants qu’à celle de mon enfance".

Darmanin dit bienvenue, Jacob dit dehors

Éric Woerth est une personnalité influente dans son camp, notamment grâce à ses expériences dans plusieurs gouvernements, sa connaissance des affaires budgétaires et son parcours d’élu local. Député depuis 2010, maire de Chantilly de 1995 à 2017, il débute son parcours au gouvernement comme secrétaire d’État à la Réforme de l’État en 2004 dans le gouvernement Raffarin III. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce passionné d’alpinisme a occupé les fonctions de ministre du Budget puis de ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique

Ce changement d’écurie réjouit la Macronie qui attire une personnalité de poids à quelques mois du premier tour. Dans les minutes qui ont suivi le ralliement, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a tweeté un message de bienvenue à celui qu’il qualifie de "grande voix de la droite gaulliste et libérale (…). Un homme sincère qui regarde objectivement l’intérêt de la France au-delà des petits calculs partisans (…). C’est une grande chance de l’avoir parmi nous".

Du côté de sa famille d’origine, en revanche, c’est la soupe à la grimace. Le président de LR Christian Jacob lui a demandé de quitter le parti. Reste à savoir quelle sera l’écurie que choisira Éric Woerth : Horizons d’Edouard Philippe ? LREM ? Ou alors un rôle d’homme libre de toute contingence partisane ?

Lucas Jakubowicz