Le documentaire Hold Up ou les articles révélant un racisme d’État montrent que les États-Unis n’ont pas le monopole des fake news. Un danger qui alarme jusqu’à l’Élysée. Et pour cause, rumeurs et fausses nouvelles constituent un péril pour la démocratie.

Le coronavirus est une invention chinoise, les démocrates ont truqué la présidentielle, des terroristes ont attaqué la Suède… Preuve de cynisme pour certains, de folie pour d’autres, depuis son élection à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les fake news. À tel point que le terme fait désormais partie du langage commun.

Ces derniers mois, la France, que l’on pensait plus épargnée que la moyenne, est entrée de plain-pied dans la danse. L’exemple le plus frappant est sans doute le documentaire Hold-up qui tente d’expliquer les vérités cachées sur la Covid- 19. Et quelles vérités ! Des malades canadiens seraient placés dans des camps d’internement, le virus serait une création des « élites » pour éliminer les plus pauvres, le confinement ne servirait à rien… Les attentats terroristes qui ont récemment frappé notre pays et le projet de loi contre le séparatisme génèrent leur lot de mensonges. La palme revient sans doute à Karen Attiah, journaliste au Washington Post qui a affirmé, sans aucune source à l’appui, que le gouvernement français préparait des "numéros d’identification pour les enfants musulmans".

De tels propos prêteraient à rire s’ils n’avaient pas un tel écho. Hold-up a été visionné 6 millions de fois, les propos de Karen Attiah, quant à eux, ont été repris par certains militants ayant pignon sur rue. À la clé, une défiance contre la démocratie, les institutions ou la science qui peut s’avérer mortelle. En faisant croire que les gestes barrières ou les masques sont inutiles, certaines personnes ont aujourd’hui des morts sur la conscience et devraient avoir du mal à se regarder dans une glace. Même chose pour ceux qui entretiennent l’idée d’un "apartheid" et d’un "racisme d’État" dans l’Hexagone. Sont-ils conscients que de futurs terroristes peuvent prendre de tels propos au pied de la lettre ?

Dans son allocution du 24 novembre, Emmanuel Macron a pris la mesure du danger en invitant solennellement les Français à ne "pas céder au complotisme". Reste que la situation est préoccupante en cette veille de Noël où les rencontres familiales, même limitées par la crise sanitaire, peuvent servir de "cluster à fake news". Heureusement, elles peuvent aussi se muer en prise de conscience. Souhaitons-le.

Lucas Jakubowicz