Depuis la première grande conférence de presse de François Hollande, candidat socialiste pour l’élection présidentielle arrivé en tête au premier tour (28,63 %, soit 10 273 582 voix), le 25 avril à l'Union internationale des chemins de fer à Paris.
Sur les leçons à tirer du premier tour de l’élection présidentielle :

« Je tirerai trois leçons.
La première, c’est que le scrutin a considérablement mobilisé les Français. Le taux de participation est de 80 %. C’est l’un des plus élevés des dernières campagnes présidentielles, plus haut qu’en 2002, plus haut qu’en 1995, et presque aussi élevé qu’en 2007. Ce qui démontre que les Français veulent s’exprimer et veulent à l’occasion d’une élection présidentielle faire passer des messages essentiels.
La seconde, c’est que les Français, en tout cas 28,6 % d’entre eux, m’ont placé en tête au soir du 22 avril. C’est le meilleur résultat d’un candidat socialiste depuis longtemps, hormis ce qu’avait été la réélection de François Mitterrand en 1988. 28,6 %, c’est plus que ce que François Mitterrand lui-même avait fait en 1981.
La troisième, c’est que le total des voix de gauche est à un niveau particulièrement élevé, en tout cas plus élevé bien sûr qu’en 2007 et qu’en 2002.
Tout cela confirme l’échec du candidat sortant, qui arrive non seulement en second, mais cinq points en dessous de ce qu’avait été son résultat en 2007. Jamais un président sortant, candidat à sa propre réélection, ne s’était trouvé dans ce cas de figure. »



Sur le score élevé du Front national :

« Le Front national a atteint un score élevé, et en pourcentage et en nombre de voix supérieur, ce qu’avait été le score de Jean-Marie Le Pen en 2002.
Les explications sont nombreuses. Il y a la crise financière, économique, sociale, industrielle, morale. Il y a aussi la défiance à l’égard de l’Europe, une peur du monde. Il y a aussi une prise de distance à l’égard de la parole politique, et notamment de celle venant des partis de gouvernement. Sûrement que l’accumulation des promesses non tenues y est pour beaucoup. Là encore, la responsabilité du candidat sortant est grande.
Chacun doit en tirer les enseignements nécessaires, pas simplement pour gagner la prochaine élection présidentielle, mais pour bien comprendre ce qui travaille notre pays, ce qui l’inquiète, ce qui le démobilise, le décourage. Et c’est en fait ce qu’aura aussi à régler le prochain président.
Il y a une volonté de changement aujourd’hui qui s’exprime. Et mon devoir, c’est de la traduire, non pas simplement comme un rejet, un refus, mais comme une capacité de nous redresser collectivement et de lever une espérance. »



Sur les premières mesures à prendre :

« Au lendemain du scrutin j’adresserai un mémorandum à tous les chefs d’Etat et de gouvernement sur la renégociation du traité. Il comportera quatre points.
D’abord la création d’eurobonds, non pas pour mutualiser les dettes, mais pour financer des projets industriels d’infrastructures dont les États détermineront l’ampleur.
Le second sera de libérer davantage de possibilités de financement de la Banque européenne d’investissement, de façon à ce qu’un certain nombre de grands dossiers qui sont déjà connus de cette banque puissent être financés.
Le troisième sera la création d’une taxe sur les transactions financières, avec les États qui en décideront, à un niveau qui permettra d’avoir une ressource supplémentaire pour l’Europe tout en assurant le financement d’un certain nombre de projets de développement.
Enfin, le quatrième, c’est de mobiliser tous les reliquats des fonds structurels européens aujourd’hui inutilisés pour permettre d’accompagner là encore un certain nombre de projets venant des Etats et qui auront des retombées sur les entreprises.
À ce mémorandum s’ajoutera un dialogue nécessaire entre les chefs d’Etat et de gouvernement et la Banque centrale européenne pour que nous puissions parer à toute reprise de la spéculation et faire que l’économie réelle puisse être financée. Le principal risque en ce moment c’est que l’économie européenne reste dans une récession faute de pouvoir libérer des crédits pour les entreprises.
Nous avons besoin donc d’un financement de l’économie qui permette la reprise de la croissance. C’est tout l’enjeu des mois qui suivront l’élection présidentielle.»