La retraite est un sujet aussi flou qu’important, et pourtant, les Français ne sont pas toujours les mieux renseignés quant aux solutions qui leur sont proposées afin de transformer leurs flux professionnels en flux patrimoniaux. Point sur cette étape clé de la vie d’un actif. 

DÉCIDEURS. La retraite est dans l’actualité politique, où en sommes-nous exactement ?

Alain Ulmer. Le sujet de la retraite était dans chaque campagne électorale lors de l’élection présidentielle. Seulement, à la suite des élections législatives et avec un gouvernement sans majorité franche, la réforme telle qu’elle a été pensée au départ par le parti d’Emmanuel Macron va certainement être retardée. Cela étant, une réforme nécessaire est à prévoir, sans doute dans les prochaines années. Si ce point n’est pas important pour nos clients, en revanche, ce qui prévaut en matière de gestion patrimoniale est l’âge de départ à la retraite.

 

"L’épargne retraite ne doit plus s’établir sur une solution unique et magique comme nous l’avons connue mais au travers d’une stratégie diversifiée"

Dans la mesure où les solutions d’hier, relativement simples, ont complètement disparu dans un monde en constante mouvance, l’épargne retraite ne doit plus s’établir sur une solution unique et magique comme nous l’avons connue mais au travers d’une stratégie diversifiée, avec par exemple de l’immobilier, un plan d’épargne retraite et des solutions de structuration et d’accompagnement d’allocation d’actifs. Les solutions packagées ou profilées ne sont plus une option mais peuvent présenter un risque. En effet, dans la mesure où elles sont évaluées par horizon et arbitrages automatiques, ces stratégies sont réalisées en inadéquation avec l’état du marché. Une gestion personnalisée est plus bénéfique.

 
Quelles sont les différentes catégories du Plan d’épargne retraite (PER) ?
Le PER se scinde en trois catégories :
  • Le PER individuel, ouvert à tous, avec la possibilité de sortir en capital de façon fractionnée. C’est une solution souple qui durant des années a connu un élan formidable ;
  • Les solutions d’épargne salariale, un système qui permet un abondement de 16 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, complètement défiscalisé et disponible au moment de la retraite sous forme de capital ;
  • Le PER obligatoire, anciennement l’article 83, avec une sortie en rente. En fonction des données du marché et des tables de mortalité, le capital à l’arrivée permet un calcul de rente de 3,80 % brut, c’est-à-dire une rente nette après prélèvements sociaux de 2 %. Pour 100 000€, cela donne 2 000€ de rente par an. Il faut donc 50 ans pour reconstituer la totalité de son capital. Dans le contexte actuel, mieux vaut privilégier des actifs qui permettent de gérer ses sorties plutôt que des solutions à sortie obligatoire de rente. 
 
Quels sont les points d’attention ?
Dans un premier temps, il faut toujours regarder les conditions de sortie au sein d’un PER. Aujourd’hui, sur le marché, nous avons des plans d’épargne retraite qui, à 65 ans, convertissent l’ensemble de l’épargne en fonds euro. Cela peut se comprendre mais est complètement inadapté pour un certain nombre de clients, surtout aujourd’hui alors que ce fonds a une rentabilité négative par rapport à l’inflation. Ensuite, pour certains PER, la sortie n’est pas souple du tout.

 

"Le levier de crédit est une stratégie intéressante pour investir dans l’immobilier"

Elle se fait soit en totalité et vient donc s’ajouter aux revenus du foyer, ce qui peut faire monter le taux d’imposition d’une tranche, soit en fractionné, sur cinq ou dix ans – ce qui est le plus intéressant – bien que cela représente moins de la moitié des contrats. En revanche, la possibilité de transfert d’un dispositif à l’autre est un atout formidable dont bénéficient les plans d’épargne retraite. Si vous disposez de plusieurs PER, le transfert d’un contrat à un autre sur les cinq premières années coûte 1 %, puis devient gratuit au-delà de cette période. Chaque épargnant n’est ainsi plus prisonnier ni de son dispositif ni de son contrat. 

 
En matière de culture financière, les Français ne sont pas les mieux informés… Dans un contexte où le fonds euro perd de sa valeur, vers quelles alternatives se tourner ?
Nous raisonnons en allocation globale d’actifs. En isolant la partie des revenus complémentaires sur laquelle nous n’allons pas prendre de risque, nous recherchons des vecteurs de performance afin de valoriser le reste du capital. Il peut s’agir de produits structurés ou de fonds immobiliers comme Immo 2018, une solution contenant une part d’endettement et dont l’objectif est la cession de l’ensemble des actifs immobiliers afin de valoriser à horizon dix ans un capital avec un levier de crédit totalement intégré au placement. L’épargnant doit comprendre les enjeux et les risques, et c’est à nous, conseillers patrimoniaux, de les informer.
 
Quel est l’avenir du PER ?
Ce modèle, plébiscité par l’ensemble des épargnants, fonctionne bien. Revenir sur ce dispositif me paraît dangereux. Nous pouvons a priori penser que cet outil, tel qu’il a été pensé dès le départ, devrait être un système pérenne. Néanmoins, Il faut être vigilant sur le taux de remplacement des revenus d’une personne qui part à la retraite. Toute la logique patrimoniale repose sur ses flux et son capital, ainsi que sur l’arbitrage de ses actifs immobiliers dans la perspective de passer l’étape de la retraite. Il faut pouvoir l’anticiper en amont puis la gérer une fois le cap passé.
 
Comment éviter cette baisse des revenus professionnels ?
Le levier de crédit est une stratégie intéressante pour investir dans l’immobilier. De plus, la constitution d’un capital n’est pas uniquement basée sur le PER mais sur l’ensemble de ses actifs. De ce fait, la diversification est primordiale, notamment en intégrant d’autres classes d’actifs à son allocation, je pense notamment au private equity ou à l’assurance-vie.
 
Avez-vous un exemple à nous donner ?
Nous avons eu le dossier d’un chef d’entreprise qui souhaitait d’une part, préparer la transmission de sa structure à ses enfants et, d’autre part, optimiser ses revenus complémentaires à la retraite. Après avoir fait l’état des lieux de son patrimoine global, nous avons préconisé la signature d’un nouvel engagement collectif de conservation de titres (ECC) entre le client et ses ayants droit afin de bénéficier du régime Dutreil, en plus de la transmission des parts de la société par donation- partage partielle de ses droits sociaux avec soulte. Concernant l’optimisation des revenus, la donation-partage démembrée avec réserve de quasi-usufruit avant réduction de capital par rachat lui octroierait un complément de revenus à investir au sein d’un contrat d’assurance-vie. Enfin, nous lui avons recommandé de souscrire à un PER afin d’équilibrer ses flux.
 
Quelles solutions propose Olifan Group à ses salariés ?
Nous avons mis en place depuis cette année un plan d’épargne entreprise (PEE) adossé à un Percol destiné à l’ensemble de nos salariés. En outre, un certain nombre de collaborateurs ont ouvert des PER individuels. 
 
Propos recueillis par Marine Fleury