Art et Finance, un multi-family office consacré à l’art, voit le jour. Il sera porté par cinq associés : notaire, avocat, transporteur, fiscaliste et financier, tous férus d’art, cela va de soi. Jean-François Fliti, associé co-fondateur chez Allure Finance, nous en dit plus sur ce projet original.

Associés, Art et Finance :

Jean-François Fliti, associé cofondateur, Allure Finance ; Édouard Petitdidier, associé cofondateur, Allure Finance ; Rebecca Jacquin, notaire associée, Jacquin et Associés ; Julien Anfruns, avocat, cabinet JPA ; Jean-Luc Haddad, président fondateur, Grospiron International.

Décideurs. Comment est né Art et Finance ?

Jean-François Fliti. L’idée est venue lors d’un déjeuner l’été dernier avec Rebecca Jacquin, notaire et passionnée d’art, qui terminait son master en art à Dauphine et qui me rappelait tout l’intérêt de lancer une structure spécialisée de conseil en art, à la fois pour des personnes physiques et des sociétés. J'y ai réfléchi pendant l’été et suis allé trouver dans le cercle de mes amis les futurs associés, dont Julien Anfruns, qui a été le directeur juridique et financier du musée du Louvre, énarque et avocat en art ; et Jean-Luc Haddad, passionné d'art contemporain et président de Grospiron International, société de transport et de services à la mobilité. Rebecca Jacquin, notaire en art, s’est jointe à notre projet ainsi que mon associé Édouard Petididier, grand amateur d'art également. Je suis moi-même fiscaliste patrimonial. Voilà la combinaison gagnante. Un managing director, grand expert de l'art, est par ailleurs en cours de recrutement afin de gérer l’entité de manière opérationnelle.

Quelles seront les activités de votre société ?

Cette structure va réaliser trois métiers principaux : le conseil et l'accompagnement en acquisition plaisir d'objets d'art – tableaux, sculptures, photographies ; l'intermédiation ou courtage de ces mêmes pièces, et le financement en art au travers du leasing, c’est-à-dire la location avec ou sans option d’achat.

"Cette structure va réaliser trois métiers principaux : le conseil, l'intermédiation et le financement en art"

Ensuite, trois sous-piliers viendront compléter notre offre, à savoir le transport et le stockage d'œuvres d'art par un spécialiste, Grospiron Fine Art, l’assurance de l’art, et le conseil fiscal et la planification française et internationale en art – en deux mots, comment structurer ses acquisitions, cessions et la transmission, et enfin le mécénat d'art. Nous réfléchissons également à l’intégration des NFT dans nos services.

L’idée est de créer un multi-family office de l’art où le client, personne physique ou morale, pourra à sa convenance choisir l’une des prestations, ou tout simplement se laisser conseiller et aider pour qu'il puisse bien acheter, transporter, assurer, valoriser et transmettre des œuvres d’art. Toutes ces strates existent aujourd’hui, mais séparément.

Par rapport aux NFT, qui est un thème relativement différent, quelles sont vos pistes ?

Rebecca Jacquin, qui a beaucoup étudié le domaine avec la blockchain notamment, pense qu'il existe un énorme potentiel grâce à la sécurisation et l'authentification que la blockchain peut apporter. Il y a malheureusement de temps en temps des faux en matière de toiles. La blockchain permettra d’éviter toute falsification et qu'éventuellement ce certificat de propriété soit associé à la vente physique. Vous aurez par exemple la toile physique et le NFT correspondant. C’est une possibilité. Cela étant, si certains clients ne veulent que l'un ou l'autre… ce sera à la carte.

Quels sont les projets pour Art et Finance ?

Nous réfléchissons à monter un fonds d’art, qui sera non régulé mais agréé AMF. L'idée est que chacun de nos clients peut acheter une toile à 100 000 ou 1 million d’euros. Mais si j'ai dix clients qui investissent chacun 1 million d’euros ou 20 clients qui placent chacun 500 000, on dispose de dix millions d’euros, avec lesquels nous pouvons acheter une toile à 5 millions d’euors et cinq toiles à 1 million. Ce fonds sera propriétaire du physique. Les actionnaires pourront se prêter un Picasso ou un Soulages… Et lorsque l’un des objets du fonds aura pris une valeur au bout de quelques années et qu'il sera revendu, c'est la valeur du fonds qui sera augmentée. En fait, il s’agit du même système qu'une sicav avec des actions. Je souhaite une diversification, une réduction des risques, je joue l'agrégat.

Sur le leasing de façon générale, c'est un loyer comme un crédit-bail. D’ailleurs, nous réfléchissons avec des départements de plusieurs groupes bancaires, à la façon dont on pourrait affecter un crédit-bail mobilier à l'art. Cela s'est fait dans le temps, nous n’inventons rien. L'idée est la suivante : j'ai envie d'acheter une peinture qui vaut 100 000 euros, mais je n'ai pas l'argent. En revanche, je dispose peut-être de 1 000 euros par mois. Je peux alors louer cette toile qui me plaît pendant trois ans, comme la location d'une maison ou d’une voiture. Une deuxième possibilité est la location avec option d'achat.

"Une réflexion est en cours sur la création d'un crédit lombard de l'art"

Enfin, une réflexion est en cours sur la création d'un crédit lombard de l'art : une ingénierie financière sur l'art en matière de financement, afin de monétiser des œuvres d'art d'un certain montant, un peu comme une valeur sur gage.

Quel est l’appétit des sociétés en art ?

Cela va de la PME aux grands groupes français, car un certain nombre de grands groupes possèdent des fondations, d'autres font du mécénat en art, et exposent des jeunes artistes. Nous allons collaborer et travailler avec un certain nombre d'entre eux dans le cadre de leur projet d'investissement, de mécénat et d'aide aux artistes. Pour les PME, certains chefs d'entreprise qui n’ont pas le temps, ont envie de diversifier le patrimoine de leur société. Au lieu d'acheter un troisième immeuble, ils pourront acheter par exemple une sculpture ou une peinture qui sera un investissement.

Propos recueillis par Marc Munier

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