Le nom de Tim Cook – qui a succédé à l’emblématique Steve Jobs en 2011 - est bien connu, hormis peut-être chez Donald Trump, qui le surnomme "Tim Apple". Malgré l’absence de nouveau produit emblématique et populaire, beaucoup le considèrent comme supérieur à son prédécesseur.

Qu’est-ce qui fait un bon PDG ? Des actionnaires satisfaits, garder son personnel heureux, s’assurer que son entreprise est toujours pertinente et utile, éloigner la société des embûches commerciales et être un leader d’opinion dans son industrie, en matière d’innovation mais aussi de normes éthiques.

Selon ces critères, Tim Cook est un très bon PDG. Il a doublé le chiffre d’affaires et les bénéfices d’Apple depuis sa prise de fonction en 2011, multipliant par cinq la valeur marchande de l’entreprise pour atteindre près de 2 000 milliards de dollars ; il a augmenté la part de marché d’iOS dans le monde face à une concurrence rude et toujours croissante ; et a pris position pour la confidentialité des données et la préservation de l’environnement. Concernant la satisfaction des employés, l’intense culture du secret de la société pourrait limiter les feedbacks de nombreux collaborateurs mais Apple se classe constamment dans les listes des "meilleures entreprises technologiques pour lesquelles travailler" et Tim Cook lui-même obtient systématiquement plus de 91 % dans les évaluations d’approbation des employés.

Un proche de Jobs

Né à Mobile, en Alabama, d’un ouvrier de chantier naval et d’une employée de pharmacie. Son premier emploi, il le décroche chez IBM, où il reste 12 ans, pour finalement diriger ses activités de fabrication et de distribution de PC en Amérique du Nord. Entre les deux, il obtient un MBA de l’université Duke. Il développe un talent pour les opérations chez Intelligent Electronics, où il supervise les activités de la division des revendeurs de l’entreprise pendant trois ans. Le passage à Compaq pour devenir vice-président s’est avéré bref : dans les six mois il est embauché par Steve Jobs chez Apple, revigoré sous la direction de son emblématique patron récemment réintégré.

L’homme a supervisé certains lancements de produits clés, notamment l'Apple Watch, qui représente environ la moitié de toutes les montres intelligentes vendues

Vice-président senior pour les opérations mondiales, Tim Cook a la réputation de regarder de près les coûts de l’entreprise. En remplaçant les usines et les entrepôts d'Apple par des fabricants sous contrat, il a également commencé à faire pression pour investir dans la mémoire flash, qui est devenue une composante de base des produits phares d'Apple. Les bénéfices qu'il a contribué à générer ont favorisé sa promotion au poste de chef de l'exploitation en 2007, et sa fiabilité, sa perspicacité et sa solide relation avec Steve Jobs l'ont amené à devenir CEO chaque fois que Steve Jobs était frappé d'incapacité par le cancer. En août 2011, six semaines avant la mort de ce dernier, Tim Cook est nommé PDG d'Apple.

L’homme a supervisé certains lancements de produits clés, notamment l'Apple Watch, qui représente environ la moitié de toutes les montres intelligentes vendues, et les écouteurs sans fil Airpods, écoulés à 50 millions d’exemplaires l'année dernière pour 159 dollars la paire. La société se lance également lentement mais sûrement dans le service de streaming avec Apple TV+, bien que son succès dans cette entreprise reste encore à démontrer.

Un style propre

Tim Cook - de façon peut être inattendue, compte tenu de la célèbre autocratie de son prédécesseur - apparaît comme une sorte de leader progressiste. Il a fait son coming out en 2014, déclarant : "Je considère être gay comme l'un des plus grands cadeaux que Dieu m'ait donné." Il s'est engagé à rendre l'entreprise, y compris ses chaînes d'approvisionnement, totalement neutre en carbone d'ici à 2030, et a alloué l’an dernier 2,5 milliards de dollars d'obligations vertes à 40 projets environnementaux à travers le monde. L’empreinte carbone d’Apple est en baisse depuis cinq ans.

Tim Cook s'est également exprimé contre la collecte de données personnelles de l'industrie de la technologie, déclarant en 2018 : "Chez Apple, nous pensons que la confidentialité est un droit humain fondamental." Le groupe explique que son prochain système d'exploitation, iOS 14 permettra de masquer sa localisation exacte et d'alerter avec plus de précision sur les permissions à accorder aux applications. Bien sûr, Tim Cook pourrait agir davantage afin d’assurer la vie privée de ses utilisateurs, mais il a déjà fait bien plus que ses concurrents.

Arjun Sajip, traduit de l'anglais