AuCoffre.com, la plateforme bordelaise d’achat et de vente de pièces d’or, est sortie des sentiers battus du financement pour développer ses activités. Jean-François Faure revient sur ses choix et sur le rôle fondamental de sa communauté de clients.

Décideurs. Comment avez-vous financé la création et les premiers développements d’AuCoffre.com ?

Jean-François Faure. Nous nous sommes financés en dehors des circuits classiques, banques ou fonds d’investissement. En 2008, pour lancer notre plateforme d’achat et vente de pièces d’or avec conservation, j’ai fait appel au « love money », à savoir mon réseau personnel. Ce sont des gens qui investissent sur un homme plus que sur un projet. En 2014, pour financer le détachement de l’activité VeraCash – une carte Mastercard permettant de payer avec de l’or que nous avions lancée deux ans auparavant –, nous avons fait appel aux clients d’AuCoffre.com en leur proposant de devenir actionnaires. La mise minimum était de 1 000 parts (soit environ 50 000 euros) et, malgré ce seuil important, nous avons levé 500 000 euros. Si nous avons pu convaincre les actionnaires, c’est qu’ils connaissaient notre activité et étaient déjà conscients de l’intérêt de l’or.

En 2016, nouvelle étape, vous vous tournez vers le crowdfunding.

Nous voulions étendre l’activité de Veracash pour en faire une monnaie complémentaire, fondée sur l’or, qui puisse être utilisée pour des paiements ainsi que pour des transferts entre utilisateurs, et ce grâce à une application mobile. Pour financer ces développements, nous avons eu recours au crowdfunding, une solution qui élargissait le spectre des investisseurs puisqu’il n’y avait pas de mise minimum. L’opération a été un succès ; elle nous a permis de lever 600 000 euros. Et là encore, ce sont surtout des utilisateurs d’AuCoffre qui ont investi.

Puis vous avez pensé à l’ICO, une levée de fonds en cryptomonnaies…

Oui, et ce fut une fausse bonne idée qui a mené à une vraie bonne idée. Depuis le début, VeraCash repose sur la « tokenisation » d’actifs physiques, et c’est ce qui nous a poussés à envisager une ICO. Ce projet s’est heurté à deux constats. Tout d’abord, le coût élevé d’une telle opération compromet sa rentabilité. Ensuite, il nous était difficile de proposer un token qui justifie que les investisseurs l’achètent. Ces jetons ouvrent le droit à une contrepartie. Dans notre cas, nous vendons de l’or si bien que nous ne pouvons proposer qu’une remise minime, et peu incitative. Nous sommes parvenus à la conclusion que nous devions utiliser notre savoir-faire aussi bien dans le domaine de l’or que dans celui des cryptomonnaies pour émettre un token adossé à ce métal et qui serait proposé sur des plateformes d’exchange. C’est le projet que nous sommes en train de construire. Cette fois, nous voulons dépasser notre communauté pour nous adresser à la cyber-sphère intéressée par une cryptomonnaie adossée à l’or. Les marges sur l’émission de ce token resteront faibles mais il va nous permettre de nous ouvrir à un nouveau marché, plus international.

Outre ce token, quels sont les développements à venir ?

Nous voulons financer notre évolution vers ce qui s’approche d’une néobanque et asseoir VeraCash comme monnaie complémentaire. Ce sont des projets bien engagés mais qui nécessitent des financements pour accélérer notre croissance et prendre des parts de marché. Nous sommes donc en recherche de fonds, environ deux millions d’euros, auprès d’investisseurs institutionnels ou des partenaires – des entreprises qui comprennent notre marché aussi bien que notre activité. Ce dernier scénario est d’ailleurs le plus probable et le plus logique.

Comment expliquez-vous votre parcours atypique en termes de financement ?

La plupart des fonds ont eu du mal à comprendre notre modèle économique « click and mortar » à cheval entre le numérique – la plateforme d’achat d’or – et le physique – avec le système de garde. D’autant que nous sommes sur un marché de niche. Quant aux banques, elles n’investissent pas dans le business de l’or. Nous sommes un bon exemple de travail avec notre communauté.

Propos recueillis par Cécile Chevré

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