Dans l’index de la RSE réalisé par le cabinet Universum, BlaBlaCar est la seule entreprise à figurer dans le top 3 sur les trois volets de la Responsabilité sociétale des entreprises. Comment une plateforme de covoiturage s’est-elle inscrite, dans l'inconscient collectif, comme incontournable à travers les dimensions économique, environnementale et sociale ? 

Le traditionnel "Qui sommes-nous ?" du site internet de BlaBlaCar donne le ton : "On s’engage à apporter la liberté, l’équité et l’esprit de partage dans le monde du voyage." Si l’objectif sous-jacent peut sembler un peu exagéré, l’entreprise l’étaye en chiffres : 25 millions de voyageurs chaque trimestre ou encore 1,4 milliard d’euros économisés par les voyageurs depuis la création du groupe.

Essence

Nous sommes en décembre 2003 lorsque Frédéric Mazella projette, comme chaque année, de fêter Noël avec sa famille. Sans voiture et confronté à des trains complets, c’est finalement sa sœur qui l’accueillera dans sa voiture. Sur la route, il observe les autres véhicules, souvent occupés par leur seul conducteur. Les dix années suivantes, entouré de Nicolas Brusson et Francis Nappez, il s’acharne à faire de cette anomalie la genèse du leader mondial du covoiturage.

Croissance

En 2006, Frédéric, Nicolas et Francis créent la société anonyme Comuto qui agrégera tous les services du réseau de covoiturage qu’ils mettent en ligne dans sa première mouture sous le nom de domaine covoiturage.fr. Deux ans plus tard, Comuto introduit la dimension communautaire du site qui intègre le système d’avis d’utilisateurs. À cette époque, covoiturage.fr est déjà le site de covoiturage le plus employé de France. En 2011, la société s’installe au Royaume-Uni et lance le site BlaBlaCar.com, plus international, puis s’empare de covoiturage.com. Le service devient payant. Après des implantations en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne, la maison mère rebaptise le service BlaBlaCar pour standardiser le réseau. L’encore start-up vise l’internationalisation avant la rentabilité, un choix que Frédéric Mazella, interrogé par Décideurs en 2014, justifie : "Le premier entrant sur un marché prend souvent un avantage compétitif déterminant" suivant les trois étapes qu’il estime incompressibles : "démontrer la viabilité, se lancer à l’international puis atteindre la rentabilité". C’est dans cette perspective que la firme lève en 2014, 2015 et 2018 respectivement 100 millions de dollars, 200 millions de dollars puis 100 millions d’euros. Cette dernière levée de fonds est opérée auprès de la SNCF à laquelle BlaBlacar rachète Ouibus dans l’optique d’étendre son offre de transports. Expansion, levées de fonds, diversification.

BlaBlaCar, c'est 1,4 milliards d'euros économisés par les voyageurs depuis la création du groupe

Sens

Du point de vue de l’environnement, BlaBlaCar se targue d’une économie de 1,6 million de tonnes de CO2 en 2018 du simple fait du remplissage des sièges vides de ses utilisateurs. Si l’engagement écologique d’une société dont l’outil principal est la voiture a quelque chose de contre-intuitif, le fait de remplir des voitures qui ne le sont pas habituellement, pour un trajet parcouru de toute façon, participe d’une forme d’optimisation écologique. Pour ce qui concerne l’aspect social, au-delà de la vocation collective d’un "partage" de trajet, BlaBlaCar déploie une politique RH innovante dont l’objectif est de favoriser l’adéquation entre besoins et talents avec comme maîtres mots la notion de « Fun & serious » qui lui vaut le score de 76/100 à l’Index de l’égalité professionnelle. Tout roule !

Alban Castres