Que ce soit au sein de BNP Paribas, de la foncière Klépierre, et aujourd’hui au travers de Carbone 4 dont il est co-actionnaire ou de l’Institut français pour la performance énergétique du bâtiment (IFPEB) qu’il dirige, Laurent Morel a toujours joué un rôle de transformateur. Une puissance de changement qu’il met à présent au service de la transition écologique du secteur immobilier… mais pas seulement.

Ingénieur ECP, Laurent Morel a commencé sa carrière au sein du groupe Compagnie Bancaire avant de participer à la création puis de prendre la direction d’Arval, dans le giron de BNP Paribas. Une entité devenue numéro un européen de la gestion de flottes automobiles. En 2005, il rejoint la foncière Klépierre pour diriger l’activité commerce. Désigné président du directoire de 2008 à 2016, il oeuvre à faire changer d’échelle le groupe, aussi bien par acquisitions externes qu’en développement propre, menant par ailleurs une réforme du statut du groupe permettant d’en faire l’un des leaders de cette industrie.

Engagement bas carbone

Les années Klépierre de Laurent Morel se sont distinguées par une démarche environnementale forte, basée sur l’appropriation des enjeux par tous les responsables opérationnels. "Nous avons commencé par le poste énergie, en mobilisant d’abord les équipes techniques puis en faisant remonter l’enjeu à toutes les échelles de l’organisation. Et ce qui était une question technique est peu à peu devenu une question politique. Finalement, on en revient toujours à l’action collective : comment fait-on pour embarquer tout le monde ?", décryptet- il. En prenant la présidence de l’IFPEB en 2018, mais aussi en s’impliquant dans l’aventure de Carbone 4 et du think tank The Shift Project, Laurent Morel saisit l’opportunité de poursuivre cet engagement, de le démultiplier et de le décliner à un niveau sectoriel. Son ambition : "Accompagner les entreprises dans leur décarbonation afin d’accomplir une véritable révolution industrielle, dans tous les secteurs." Et ce, toujours dans une optique très opérationnelle.

Les années Klépierre de Laurent Morel se sont distinguées par une démarche environnementale forte

Faire rimer immobilier et sobriété

Comment ? Dans le secteur de l’immobilier, cela se traduit par le championnat de France des économies d’énergie : un grand concours qui mobilise depuis sept ans les entreprises et établissements français disposant de bâtiments tertiaires afin de les encourager à réduire leur consommation énergétique, sans travaux lourds et en mobilisant leurs équipes. Pour Laurent Morel, c’est une illustration forte de l’action collective qu’il aime à mettre en avant plus tôt : "Les gens s’engagent dans le processus de manière très gaie et conviviale, en amenant leurs idées de transformation. Et ce qui est passionnant à observer, c’est comment l’implication du salarié peut s’incarner ensuite dans sa vie personnelle, puis de citoyen, à travers son bulletin de vote. C’est quelque chose de très puissant." Laurent Morel est également l’un des initiateurs du Booster du réemploi, un projet qui mobilise les acteurs de l’immobilier pour prescrire l’utilisation de matériaux de réemploi afin d’accélérer et massifier les pratiques d’économie circulaire dans le secteur du bâtiment. Tous azimuts Mais Laurent Morel ne compte pas s’arrêter au secteur de l’immobilier et travaille, à travers sa société A4MT, à transformer d’autres marchés, à l’image de la mobilité. La méthode est toujours la même : "Fédérer une masse critique d’acteurs autour d’une problématique, partager les meilleures pratiques, les retours d’expérience, documenter, discuter… afin de faire émerger des solutions et même des réglementations fondées sur la pratique et l’action collective." Dernier né : le projet "Plus" qui rassemble do tanks, think tanks, associations professionnelles, entreprises, experts, professionnels indépendants dans une grande R&D collective sur les moyens concrets d’amener les organisations et les individus à adopter des usages renouvelés et bas carbone, à contre-pied d’un discours qui voudrait assimiler l’écologie avec régression et recul. Transformateur, on vous dit.

Antoine Morlighem