Paris La Défense a retenu le groupement mené par l’agence d’architecture belge Baukunst pour valoriser quatre volumes résiduels situés sous l’axe historique du quartier d'affaires. Présentation d’un voyage urbain au long cours qui commence.

60 ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que les volumes d’infrastructures situés en plein cœur du quartier d’affaires de La Défense fassent l’objet d’un projet visant à les valoriser. A l’issue d’une année de dialogue compétitif, l’établissement public local Paris La Défense a retenu l’agence d’architecture belge Baukunst pour l’accompagner. Cette dernière était en compétition avec Kaan Architecten, Lacaton & Vassal, Tezuka Architects et Eilio Tunon.

"Le projet que nous avons retenu répond à nos enjeux de donner vie à ces volumes et d’y développer une offre alternative à ce que l’on trouve déjà sur la dalle, à en faire de véritables lieux de vie, détaille Marie-Célie Guillaume, directrice générale de Paris La Défense. Ce qui nous a séduit est à la fois l’approche évolutive de la programmation nous permettant d’y proposer des activations qui répondront aux souhaits de nos utilisateurs, mais aussi l’approche durable de végétalisation et d’utilisation de l’existant afin de limiter l’impact écologique de ce vaste projet. En optimisant l’existant, on évite l’étalement urbain et la construction de nouveaux bâtiments ou nouvelles infrastructures."

La mission confiée au groupement lauréat mené par Baukunst (avec Greisch, Setec, Attitudes Urbaines, AWP, Studio DAP et Licht Kunst Licht) porte dans un premier temps sur un projet pilote. C’est pourquoi les pistes générales de programmation seront déclinées sur l’Atelier Moretti (2 240 m²) et une partie de la Cathédrale (5 000 m² de surface totale). Cette phase 1, qui devrait commencer dans les prochaines semaines et aboutir à une ouverture au public début 2022, se matérialisera notamment par la réalisation d’une passerelle en forme d’anneau au-dessus de la Place de la Statue. Entrée principale vers les volumes, elle sera accompagnée par un traitement paysager. D’autres ouvrages d’accès et de distribution des espaces seront réalisés en parallèle. Le Pavillon Agam, qui accueillera l’ensemble des dispositifs techniques (ventilation, désenfumage...), structurera une partie de la promenade extérieure tandis qu’un escalier temporaire sera installé à proximité de Table Square.

"L’objectif du projet pilote est de rendre accessibles et utilisables les espaces de l’Atelier et de la Cathédrale, précise Nicolas Andreatta, directeur du développement à Paris La Défense. Nous pourrions également introduire des préfigurations des futurs usages et programmes." La viabilisation des autres volumes (les 4 480 m² du Fnac et les 4 600 m² des Bassins) et le développement des activités futures se feront en effet à plus long terme. "Nous sommes en train de réfléchir pour savoir quels types de programmes, de mixités et d’opérateurs seront installés, explique Adrien Verschuere, architecte de Baukunst. Ils seront essentiellement dédiés au sport, aux loisirs, à la culture et à l’événementiel."

Paris La Défense entend mener les actions architecturales techniques, fonctionnelles, juridiques ou financières pas à pas afin de garder des possibilités d’évolution en fonction des contraintes qui seront rencontrées. L’établissement public local espère toutefois maximiser les porosités possibles, à moyen et long termes, avec les autres infrastructures existantes comme Coeur Transport, le Parking Centre Grande Arche ou encore la Voie des Sculpteurs. Dernier parti pris, et non des moindre, Paris La Défense se pose en investisseur et promoteur. "Nous allons investir 20 M€ dans la première phase du projet et être un acteur de la programmation commerciale des espaces, souligne Marie-Célie Guillaume. C’est une évolution du modèle économique de l’aménageur qui se contentait jusqu’à présent de vendre des espaces à construire." 

La conquête des 20 000 m² sous la dalle s’annonce bel et bien comme une aventure digne des romans de Jules Verne. Un monstre, celui de Raymond Moretti, se tapit même dans ces espaces.

Par François Perrigault (@fperrigault)