Près de huit ans après le lancement de la dévolution du patrimoine immobilier aux universités, Olivier Laboux, vice-président de la Conférence des présidents d’université, dresse un premier bilan et dévoile à Décideurs ses propositions pour améliorer le processus.

Décideurs. Quel bilan tirez-vous de la première vague de dévolution ?

Olivier Laboux. Les trois établissements concernés par la première vague de dévolution ont bénéficié de conditions financières favorables. Ils se sont emparés du sujet en professionnalisant leurs équipes pour pouvoir gérer le patrimoine immobilier. Et les résultats sont au rendez-vous. A Poitiers, l’université a un impact fort sur le territoire par exemple et gère efficacement sa consommation d’énergie.

Quels sont les avantages d’une dévolution pour une université ?

L’autonomie des universités est régulièrement mise en avant. Mais la dévolution leur permet surtout d’interagir avec leur territoire. En maitrisant leur patrimoine, ces véritables « villes dans la ville » deviennent des acteurs à part entière des politiques publiques et renforcent leurs relations avec les collectivités. Enfin, la dévolution les amène à définir une stratégie immobilière de long terme.

La question de la maitrise des coûts et, par extension, des économies énergétiques a été mise en avant comme un avantage de la dévolution. Qu’en est-il ?

A Poitiers, l’université a adopté une stratégie qui lui permettra de venir un campus zéro carbone en 2030. Cela démontre qu’un établissement avec une vraie réflexion peut très bien gérer son patrimoine et apporter de la valeur.

Quels sont les principaux freins aujourd’hui à la dévolution du patrimoine ?

Les établissements qui sont concernés par la deuxième vague de dévolution ne bénéficieront pas des mêmes conditions financières que les premières. Et les universités ne peuvent pas avoir recours à l’emprunt pour accompagner leur stratégie immobilière. Enfin, les contrôles sont encore systématiques. L’Etat assiste à tous les contrôles à priori. Nous demandons plus de confiance et donc des contrôles à posteriori.

Incitez-vous vos membres à se lancer dans la dévolution ?

Nous ne les incitons pas spécifiquement à avoir recours à la dévolution. Nous conseillons à nos membres de mettre en place un schéma de développement immobilier, à professionnaliser leurs équipes et à réfléchir sur la valorisation de leur patrimoine. Cela passe par une réflexion sur le triptyque dévolution, valorisation, transition écologique et des usages.

Comment améliorer le processus de la dévolution selon vous ?

Jusqu’à présent, les universités attendaient des subventions de l’Etat, la conclusion d’un nouveau CPER, de bénéficier du plan Campus…. Nous leur proposons de sortir de ce modèle pour s’inscrire dans un cercle vertueux : le programme PEEC2030 (Programme énergétique des campus à 2030) a été conçu au sein de la CPU en associant des établissements prêts à relever le défi. Ce dernier consiste à réaliser des économies d’énergie drastiques et à revoir les usages pour améliorer, in fine, la santé financière des établissements, car les gros entretiens et réparations sont aujourd’hui une variable d’ajustement financier des établissements et cela n’est pas possible si l’on veut améliorer la qualité d’accueil sur les campus.

Un tel concept fonctionnerait avec une aide de l’Etat représentant 30 % de l’investissement total, le soutien des collectivités via le CPER à hauteur de 20 % et en autorisant les universités à emprunter. Au lieu de payer des factures énergétiques et d’assumer des coûts de maintenance, les universités investissent pour valoriser leur patrimoine et remboursent la charge financière de l’emprunt par ces économies.

Par François Perrigault (@fperrigault)