Si 2022 a été l’année du bouleversement des politiques RH, 2023 promet également d’être riche en défis. En matière de recrutement particulièrement, la pénurie de talents impose aux DRH de faire preuve d’innovation afin de fidéliser les collaborateurs et d’attirer de nouveaux profils. Guillaume de Roucy, directeur des ressources humaines de La Banque Postale, s’est penché sur le sujet et expose sa stratégie pour conquérir la nouvelle génération.

 

Décideurs RH. De nombreuses entreprises sont aujourd’hui confrontées à des difficultés de recrutement. À La Banque Postale, êtes-vous concernés par ces problématiques ?

Guillaume de Roucy. Le marché de la finance rencontre en effet des tensions de recrutement sur certaines fonctions spécialisées. Il existe une pénurie de talents, notamment au sein des filières risque, data, conformité et commerciale. Nous rencontrons en particulier des difficultés de recrutement sur des profils expérimentés. Pour autant, être le onzième assureur européen est un fort facteur d’attractivité permettant de contrebalancer cela. De manière générale, les candidats rejoignent le groupe La Banque Postale pour le projet de développement que celle-ci incarne sur le marché. Notre signature de banque citoyenne est un marqueur puissant de notre ADN qui séduit.

Cette pénurie de talents vous conduit-elle à recruter différemment ?

Nous utilisons les manières classiques mais tentons également d’innover, notamment à travers des jobboards et des dispositifs de cooptation. Les réseaux d’alumni représentent également un vivier important de candidats potentiels. Nous recherchons avant tout à recruter des talents prometteurs qui viennent enrichir notre capital humain avec leur regard neuf.

"Chez nos jeunes candidats, la volonté d’avoir plus de feedback pour progresser de façon régulière est une notion à prendre en considération"

Quelle stratégie mettez-vous donc en place pour attirer les talents ?

Nous avons lancé en 2022 une campagne de communication "Quand on a 16 ans" dont l’engouement a été important auprès de nos collaborateurs avec un vif écho externe également. À travers cette campagne, chaque salarié était invité à partager ses aspirations lorsqu’il avait 16 ans, accompagné d’une photo de lui à cet âge. Nous avons ensuite lancé notre campagne de marque employeur dans le but de réaligner le vécu de nos collaborateurs et le perçu de nos candidats : il existe un décalage entre ce que nos salariés vivent et la façon dont l’entreprise est parfois perçue en externe.

Par la suite, nous avons constaté une recrudescence de visites sur notre site avec une augmentation du nombre de candidatures de qualité. L’espace candidat a été entièrement revisité, nos dirigeants ont pris la parole et nous avons créé un film accompagné d’une campagne digitale pour présenter le cœur de notre promesse employeur. Notre objectif était de faire de nos collaborateurs les ambassadeurs de notre marque employeur.

Pensez-vous que le rapport au travail des jeunes générations ait changé ?

Oui. Aujourd’hui, les nouvelles générations sont à la recherche de sens, ont pour priorités l’utilité de leur travail et l’impact qu’elles peuvent avoir. La RSE est inscrite au cœur de leurs préoccupations. Chez nos jeunes candidats, la volonté d’avoir plus de feedback pour progresser de façon régulière est également une notion à prendre en considération. La dimension citoyenne de La Banque Postale fait écho à tout cela car nous sommes la seule banque sur le marché français à avoir une mission d’accessibilité bancaire.

Propos recueillis par Roxane Croisier et Alexis Ellin