Amoureux des chiffres, Aurélien Lacroix s’est d’abord spécialisé en finance d’entreprise au sein de l’école de commerce, Neoma. Le businessman souhaite désormais accompagner les entreprises sur le long terme. C’est dans cet état d’esprit qu’il rejoint Legrand en charge de la pratique M&A.

 "À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" commente Aurélien Lacroix, lorsqu’on l’interroge sur les difficultés de son métier. "Nous tirons toujours de la fierté quand on surmonte les difficultés rencontrées", précise-t-il. Actuellement, son rôle consiste à sourcer et piloter des opportunités d’acquisition. "La croissance externe est dans L’ADN du groupe Legrand, par l’acquisition d’entreprises sur le long terme avec en moyenne 4 à 5 transactions par an". Pour y parvenir, Legrand privilégie un fort intuitu personae et la création de valeur. Le groupe dispose d’un modèle d’intégration bien particulier appelé "L’arrimage" qui consiste à intégrer en douceur, avec un accompagnement sur le long terme tout en préservant au maximum les atouts et les forces de l’entreprise acquise. Ce qui, à ses yeux, est tout aussi important que la technicité et l’expérience, c’est la relation de confiance instaurée avec les cibles. Les interactions entre individus l’épanouissent au quotidien.

"Tant qu’un deal n’est pas closé, tout est possible en M&A"

Première leçon

Quant aux événements marquants de sa carrière, il expose deux dossiers : "Nous nous intéressions au rachat d’une entreprise familiale française ; alors que les négociations se poursuivaient et devenaient sérieuses, symboliquement, mon équipe et moi-même avions fait préparer un chèque de banque destiné à chaque actionnaire la veille de la signature du deal chez les avocats. Mais les vendeurs ne sont jamais venus. Ils nous ont fait parvenir, a postériori, leur désaccord." Une expérience dont il tire la leçon : "Tant qu’un deal n’est pas closé tout est possible en M&A." Sur une expérience plus heureuse, il évoque une société familiale acquise en Chine il y a quelques années. Cependant sa façon de travailler demeurait trop occidentale au point d’en oublier les spécificités locales, pas d’autres choix que de se rendre sur place : "J’ai dû y retourner en moyenne toutes les deux semaines pendant deux mois. Cet engagement de notre part, ce respect pour notre cible se manifestait notamment par ces nombreux déplacements. Ces visites régulières ont contribué à nourrir la confiance du fondateur, ce qui a favorisé l’aboutissement de ce deal." Avant d’être père de famille, Aurélien consacrait la plupart de son temps à ses fonctions. Depuis l’arrivée de ses enfants, il s’est imposé des horaires dédiés au travail. Ses enfants l’ont obligé à faire le tri entre les tâches importantes et celles qui peuvent attendre le lendemain. En termes de qualité de vie et de bien-être à prioriser, il souligne l’importance de concilier une certaine forme de souplesse et d’autonomie : "Je gère mon propre planning. Je pense que si je passais moins de temps avec ma famille, je serais moins performant."

Conseils pour les générations futures

À ceux qui souhaitent s’orienter vers ce choix de carrière, le praticien rappelle qu’il s’agit d’un métier où l’on ne s’ennuie pas, aux antipodes de la routine: "Chaque projet d’acquisition est différent. On repart d’une feuille blanche quand on démarre un deal. Cette richesse est assez unique, inédite pour quiconque souhaite apprendre et sortir de sa zone de confort. En contrepartie, ce métier est extrêmement exigeant. Il faut pouvoir encaisser une bonne dose de stress." Pour cela, il faut disposer d’un goût pour la nouveauté, à la découverte des entreprises, savoir s’armer d’une capacité de résilience, sans compter celle d’encaisser la frustration d’un deal qui n’aboutit pas.

Parcours : 

  • 2005 : sort diplômé de l’école de commerce Neoma Business School
  • 2005-2007 : rejoint EY en tant qu’auditeur senior grands comptes
  • 2007 - 2013 : devient analyste financier spécialisé en TS
  • 2013 - 2018 : intègre Loxam en tant que Manager M&A
  • depuis 2018 : est Group Senior Vice-President - Corporate Development chez Legrand.

Laura Guetta