Directeur administratif et financier de Swile, un acteur des avantages salariés dématérialisés, William Kunter revient sur le succès de cette licorne de la fintech et précise leur stratégie de développement.

Décideurs. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier de DAF ?

William Kunter. L’environnement Swile est très appréciable, dynamique et en évolution permanente. Le DAF est au centre de la stratégie de l’entreprise. Ce qui me plaît, c’est qu’il est l’une des rares personnes à disposer d’une vision 360° du business model, à connaître les enjeux de l’entreprise et à se saisir d’une multitude de sujets stratégiques et opérationnels. De la levée de fonds aux opérations de croissance externe, en passant par le déménagement de locaux ou les mécanismes d’intéressement. C’est aussi un des rares métiers où l’on joue un rôle à la fois externe et interne; en externe auprès des partenaires bancaires, investisseurs, notamment, et en interne avec la gestion de la performance financière de la société. Cette double casquette avec une double visibilité est une position pivot, qui lui confère une place particulière auprès du fondateur de Swile, Loïc Soubeyrand. Cette confiance et ce lien entre le DAF et le fondateur sont très importants. À défaut, nous ne pourrions pas faire notre métier correctement tous les deux.

Quels sont les axes de développement et de croissance pour Swile ?

En décembre 2022, Swile a acquis Bimpli, filiale de BPCE et acteur historique des titres restaurants. Le groupe BPCE est ainsi devenu notre premier actionnaire. Notre objectif premier pour 2023 est l’intégration de cette filiale et la rentabilité de notre entité française. Nous attendons un chiffre d’affaires pour 2023 de plus de 150 millions d’euros et un Ebitda positif en France sur le dernier trimestre. Par la suite, nous visons un Ebitda de 30 millions d’euros en 2024. Nous souhaitons augmenter notre croissance de parts de marché, tout en améliorant la rentabilité du groupe et en continuant à investir au Brésil. Nous avons d’ailleurs acquis une société brésilienne en 2021, Vee Beneficios. Le groupe Swile compte actuellement 950 employés dont 750 en France et 200 au Brésil. Nous avons donc une présence non négligeable. Sur le long terme, nous proposerons « Swile Travel » une solution intégrée de gestion des déplacements professionnels grâce à l’intégration d’Okarito, une start-up que nous avons rachetée en 2022. Il s’agit de la toute première brique de ce nouvel axe de développement, qui présente un relais de croissance important à long terme.

"La fonction finance est au service des métiers"

Quelles sont les trois qualités indispensables d’un bon DAF aujourd’hui ?

La première qualité, c’est la flexibilité et l’adaptabilité surtout pour les entreprises en forte croissance qui se transforment énormément en un laps de temps très court. La deuxième qualité est l’humilité. La fonction finance est au service des métiers. Bien sûr, nous avons une vue sur la performance financière, néanmoins il faut avoir l’humilité de rester à l’écoute et au contact des métiers. Enfin, je terminerai sur la pédagogie. Le DAF doit être un très bon communiquant autant en interne pour donner une visibilité sur les perspectives financières de la société, qu’en externe avec nos investisseurs. Il s’agit donc d’un véritable travail pédagogique et de communication pour que l’ensemble des parties prenantes comprennent les enjeux. En trois mots: adaptabilité, humilité et pédagogie.

Comment imaginez-vous le DAF de demain ?

Le DAF a déjà changé et continuera à aller de l’avant dans la mesure où il doit prendre en compte les mutations des entreprises dans lesquelles il évolue, comme la digitalisation. Les flux que nous gérons sont financiers mais aussi digitaux. Les process seront automatisés dans le futur. Enfin, l’intelligence artificielle va permettre de modéliser ces process et de traiter les données beaucoup plus facilement avec une réelle flexibilité. Ce qui libérera un temps précieux pour se focaliser sur l’aspect stratégique. Ainsi, le DAF de demain aura un rôle encore plus stratégique. Des profils s’intéresseront à l’aspect opérationnel quand d’autres s’attacheront davantage aux problématiques liées au développement durable, à la compliance et aux critères ESG, ce qui est déjà le cas chez Swile. Les investisseurs prennent également toutes ces dimensions en considération. Celles-ci contribuent à établir une réelle différence lors d’investissements.

Parcours: 

  • 2010 : occupe le poste d’analyste chez Lazard
  •  2011 : devient FIG Financing Group chez Goldman Sachs
  • 2014 : nommé FIG Advisory chez Goldman Sachs à Londres
  • 2018 : intègre N26 en tant que DAF
  • 2020 : nommé vice président finance chez N26
  • 2021 : rejoint Swile en tant que DAF

Propos recueillis par Laura Guetta