Avec l’entrepreneuriat dans les veines, Michel Degryck, tout juste diplômé, s’est lancé à la conquête du marché en fondant Capitalmind intervenant sur le segment midcap en Europe. Un peu moins de 24 ans plus tard, il fait le point sur cette aventure hors du commun.

Décideurs. Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ? Et pour quelles raisons ? 

Michel Degryk. C’est compliqué d’en choisir une sur 23 années de carrière mais l’opération qui m’a probablement le plus marquée est celle réalisée en 2004 pour Hologram Industries. J’avais alors 27 ans, nous étions une petite équipe, et notre activité était en pleine émergence. Le fonds Pleiade Investissement est alors entré au capital de la société pour seulement quelques millions d’euros. En 2013, neuf ans après ce premier deal, la société est sortie de Bourse pour 200 millions d’euros. 

Mais, ce qui est intéressant dans cette opération, ce sont les suites qu’elle a pu donner. À la fois concernant la croissance remarquable d’Hologram Industries mais aussi par la rencontre qu’elle a permise avec celui qui était à l’époque le directeur d’investissement du fonds, Raphaël Gorgé, qui a ensuite rejoint son père Jean-Pierre à la tête de sa société industrielle cotée. Nous avons depuis réalisé une quinzaine d’opérations à leurs côtés dont le rapprochement pour 800 millions d’euros, en septembre dernier, d'ECA et d’iXblue.

Quel est votre pire souvenir professionnel ? Et le meilleur ? 

J’ai du mal à trouver un véritable mauvais souvenir, et il faut forcément relativiser. Je pense par exemple à un fonds qui nous a demandé de l’aider pour l’une de ces participations, et après deux ans d’accompagnement ne nous a pas retenu tout en nous faisant faire malgré tout trois tours de pitchs. Ce n’est pas correct, et très frustrant. Mais nous ne sommes pas près à retravailler avec eux !

Mon souvenir le plus drôle récemment est d’avoir été rappelé, en plein milieu d’un dîner avec ma femme et mes enfants, sur le deal iXblue que nous avons finalement soufflé à un grand groupe bien connu. J’avais bossé nuit et jour pendant mes vacances de février alors que nous étions au ski en famille. Ce soir-là, quand je suis rentré à la maison, mes enfants m’ont demandé si la transaction pour laquelle j’avais pourri les vacances de tout le monde allait se faire. Quand je leur ai dit que nous avions perdu, ma fille aînée m’a gentiment traité de « loser » et dix minutes après le téléphone a sonné, et j’ai abandonné mon assiette pour filer finaliser la négociation dans la nuit. 

"90 % de nos collaborateurs ont commencé en stage chez nous"

Qui était votre mentor ? 

J’ai lancé ma structure à 22 ans, ce qui assez surprenant quand on parle de M&A. Lorsque j’étais à l’Essec, j’ai rencontré un business angel avec lequel j’ai commencé à lever des fonds pour des start-up et lorsque j’ai créé en 1999, Capitalmind, j’étais encore à l’école. Je n’ai donc jamais fait de M&A ailleurs et n’ai jamais eu non plus ni patron ni mentor.

En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ? 

J’ai quatre enfants, ce qui m’occupe pas mal et je suis un peu obligé de partager leurs passions. Une de mes filles chante à un haut niveau et une autre pratique l’équitation en compétition. Mais pour mon propre compte, je suis un amoureux de la nature que j’aime découvrir avec mes deux chiens ou en VTT. 

Quelle est votre plus grande fierté ? 

Sans aucun doute mon équipe. 90 % de nos collaborateurs ont commencé en stage chez nous et sur les quatre dernières années nous n’avons eu que 2 départs sur un effectif de 32 personnes à Paris. L’autre grande fierté est d’accompagner nos clients dans la durée. 60% de notre business est réalisé chaque année avec d’anciens clients qui nous refont travailler.

Quelle musique écoutez-vous avant de closer un deal ? 

Aucune, il faut rester concentré ! 

Parcours 

  • 1999 : diplômé de l’ESSEC
  • la même année : création de Capitalmind

Propos recueillis par Béatrice Constans