À terre depuis la crise sanitaire, la restructuration du groupe Pierre & Vacances-Center Parcs fait partie des opérations emblématiques de l’année. Inédite en raison de la mise en œuvre de la garantie de l’État par le biais du PGE, elle conduit à une remise à plat du modèle du groupe, une nouvelle gouvernance et de nouveaux investisseurs.

Leader européen du tourisme de proximité, le groupe Pierre & Vacances-Center Parcs (PVCP) sort progressivement d’une zone de fortes turbulences. Les premiers résultats annuels post restructuration annoncés le 1er décembre, voient le groupe propriétaire des marques Pierre & Vacances, Center Parcs, Maeva et Aparthotels Adagio, renouer avec les bénéfices, enregistrant un résultat net de 325 millions d’euros.

Une croissance inimaginable il y a deux ans. Avec la fermeture au début de la pandémie de la quasi-totalité des sites exploités, le groupe avait dû prendre des mesures exceptionnelles pour garder la tête hors de l’eau, dont la souscription d’un PGE de 240 millions d’euros, qui n’auront pas suffi à combler le déficit qui atteint finalement 425 millions d’euros pour l’année 2019-2020.

L’épopée du retournement

Touché une seconde fois par la fermeture des remontées mécaniques, PVCP sollicite, début février 2021, l’ouverture d’une procédure amiable de conciliation. "La particularité de cette restructuration est qu’elle a été réalisée en deux étapes avec une grande réactivité des créanciers qui se sont accordés sur un apport de new money", explique Jean-François Cizain, associé au sein de Messier & Associés qui est intervenu en qualité de conseil financier des investisseurs.

Les premiers résultats annuels post restructuration annoncés le 1er décembre, voient le groupe propriétaire des marques Pierre & Vacances, Center Parcs, Maeva et Aparthotels Adagio, renouer avec les bénéfices

La restructuration se met en place rapidement avec en première ligne deux fonds investisseurs, Alcentra et Fidera : "Au cours de l’été 2021, certains établissements bancaires nous ont fait savoir que nous étions crédibles sur l’aspect restructuration et financement mais moins sur l’aspect retournement opérationnel", se rappelle Jean-François Cizain. Le consortium se tourne alors vers le fonds immobilier Atream. "Cela a été une évidence après notre rencontre avec Pascal Savary, fondateur du fonds, qui avait la vision pour retourner l’actif Pierre & Vacances, pourtant complexe".

Dès le 17 décembre 2021, l’accord avec les établissements bancaires est pratiquement en forme. "Nous avons accordé une grande importance à l’accompagnement des banques françaises, soutiens historiques du groupe", insiste Jean-François Cizain. Pourtant, l’opération ne se clôture qu’en septembre 2022, le temps de procéder à une mise en musique complexe et rythmée par l’adoption du plan de sauvegarde et les augmentations de capital.

Naissance du "PGE-to-Equity-Swap" ?

Résultat des courses, l’entreprise qui compte 12 000 collaborateurs pour près de 8 millions de clients a annoncé mi-septembre la finalisation de ses opérations de restructuration. Elle prend avant tout la forme d’une prise de contrôle par un consortium composé des fonds britanniques Alcentra (25,4 % du capital) et Fidera (24,2 %) associés au fonds immobilier Atream (8,8 %) mais aussi, et situation inédite, de l’État.

"L’État a d’abord refusé catégoriquement d’entrer au capital au titre du PGE mais ils ont dû reconnaître qu’il n’y avait pas d’alternative", explique Jean-François Cizain. Dans les faits, il ne souhaite pas rester associé à la gestion du groupe et, si la dette a bien été convertie en capital, elle se trouve désormais gérée par un fiduciaire, Pristine. Une manière pour l'État de ne pas être considéré comme un véritable actionnaire et de pouvoir bénéficier d'un retour à meilleure fortune.

Une gouvernance réinventée

À 84 ans, Gérard Brémond, le fondateur du groupe, n’est plus aux commandes mais conserve une mission d’accompagnement tout en pilotant une société qui réalisera des prestations d’asset management pour le compte d’une foncière. "L’attitude de Gérard Brémond dans le sauvetage de son groupe a été assez remarquable", analyse Jean-François Cizain. Un départ en douceur.

Le nouveau conseil d’administration, entièrement renouvelé, est désormais présidé par Georges Sampeur, ex-PDG des hôtels B&B, et les fonctions de directeur général sont occupées par Franck Gervais, ancien du groupe SNCF. Ils auront la charge de poursuivre le travail engagé pour réinventer le business du groupe. Prochaine étape, la deuxième phase de développement de Village Nature Tourisme dont Disney va se désengager.

Béatrice Constans