Il y a près d’un an, Satya Nadella dévoilait un rachat historique, celui de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars. Une opération record symbole de la consolidation du secteur du gaming.

En janvier, Microsoft annonçait l’acquisition de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard pour la somme faramineuse de 68,7 milliards de dollars. Un montant record dans l’univers du gaming mais aussi pour le géant du logiciel qui réalisera – si l’opération arrive à son terme – son plus gros rachat, après LinkedIn en 2016 (27 milliards de dollars). Objectif pour le groupe de Redmond : devenir ni plus ni moins le Netflix du jeu vidéo.

Troisième acteur mondial

Actuellement le marché est dominé par le chinois Tencent et le japonais Sony, qui vend toujours davantage de Playstation que Microsoft n’écoule de Xbox. Le secteur, qui pèse autour de 200 milliards de dollars, est en pleine forme, dopé notamment par la digitalisation croissante et les confinements. Si aujourd’hui le marché peut s’appuyer sur 3,2 milliards de joueurs, en 2030, ils devraient être 4,5 milliards à s’adonner à la passion des jeux vidéo, selon le groupe emmené par Satya Nadella.

Avec le rachat d’Activision Blizzard, Microsoft mettrait la main sur 372 millions d’utilisateurs mensuels ainsi que sur ses franchises emblématiques que sont Call of Duty, Candy Crush ou encore World of Warcraft. De quoi étoffer son catalogue et rendre davantage attractive son offre sur abonnement Game Pass, qui compte actuellement 25 millions d’adhérents. L’opération devrait permettre au groupe fondé par Bill Gates d’être à la tête de "l’une des communautés les plus importantes et les plus engagées de tout le secteur du divertissement".

Un pari

Mais Microsoft n’entend pas s’en tenir là et souhaite accélérer dans l’internet 3.0. "Le jeu vidéo est le segment du divertissement le plus dynamique et le plus exaltant toutes plateformes confondues, et il jouera un rôle central dans le développement du métavers", prophétise le patron de Microsoft qui utilise déjà les codes du monde virtuel dans son logiciel Teams. Reste à savoir si les déboires de Facebook sur le métavers, qui ont notamment obligé Mark Zuckerberg à réviser ses objectifs de croissance et à annoncer le licenciement de 11 000 personnes en novembre, auront un impact sur les ambitions de Microsoft en la matière.

Risques de concurrence

En proposant 95 dollars par action, Microsoft valorise Activision 68,7 milliards de dollars. Un montant inégalé dans le domaine alors que le secteur se consolide. Quelques jours avant l’annonce de ce mégadeal, Take-Two Interactive dévoilait le rachat de Zynga (FarmVille) pour 12,7 milliards de dollars. Microsoft doit maintenant convaincre les régulateurs que cette nouvelle acquisition répond aux règles de concurrence. L’antitrust américain, britannique et la Commission européenne se penchent sur le dossier. Bruxelles craint notamment que ce rapprochement n’entraîne "une hausse des prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation". S’ils la valident, l’opération devrait être bouclée en 2023.

Olivia Vignaud