Portés par des pays tels que le Canada ou les États-Unis, les dividendes versés au troisième trimestre aux actionnaires ont augmenté de 7 % par rapport à l’année dernière. La Chine, elle, pâtit de la crise de l’immobilier.

Bonne nouvelle pour les actionnaires. Les dividendes versés par les entreprises au niveau mondial au troisième trimestre 2022 ont augmenté de 7 % par rapport à la même période l’an passé pour atteindre 415,9 milliards de dollars, selon le rapport trimestriel publié par le gestionnaire d’actifs Janus Henderson. Ce montant record s’explique par une hausse de 75 % des dividendes distribués par les producteurs pétroliers pour un total de 46,4 milliards de dollars, sur fond de flambée de l’or noir. Sans cette contribution exceptionnelle – qui a compensé la réduction des gains pour les investisseurs des sociétés minières –, le total serait resté stable en glissement annuel.

"La crise énergétique a entraîné une forte hausse des dividendes (…), les compagnies pétrolières ayant distribué des bénéfices records aux actionnaires", commente Janus Henderson. Ces versements sont en majeure partie le fait de dividendes extraordinaires, plutôt que de majorations des versements réguliers. Néanmoins, étant donné que "le cours du pétrole est déjà inférieur aux niveaux atteints plus tôt cette année", le niveau exceptionnel actuel des versements ne sera probablement pas permanent", tempère Jane Shoemake, gérante au sein du gestionnaire d’actifs.

La Chine à la traîne

Si au niveau mondial, les chiffres atteignent des sommets, les situations diffèrent d’un territoire à un autre. Taïwan, Hong-Kong, le Canada et les États-Unis ont été les plus grands contributeurs à la croissance des dividendes, tandis que la Chine reste à la traîne (+6,7 %). Un tiers des entreprises de l’empire du Milieu ont réduit leurs versements. "Le secteur de l’immobilier est toutefois celui qui a le plus affecté les résultats, ses dividendes ayant été divisés par deux."

En France, la croissance des dividendes atteint 15,1 %

Une situation qui préoccupe Pékin. C’est pourquoi le pays a lancé des mesures de soutien au marché. Une inflexion de la stratégie zéro-covid – qui mine la croissance – est également évoquée pour les prochains mois. "Ces avancées sont encourageantes, et il sera intéressant de voir comment la Chine tourne la page du zéro-covid", ajoute Jane Shoemake.

Un beau cru 2022

En France, la dynamique reste bonne. La croissance des dividendes atteint 15,1 %, en grande partie grâce à Veolia et Publicis. "Le principal payeur, TotalEnergies, a maintenu son dividende, mais a annoncé un important dividende extraordinaire pour le quatrième trimestre, ainsi que la première hausse de son dividende ordinaire en près de trois ans", précise l’étude.

Pour l’ensemble de l’année, Janus Henderson anticipe 1 560 milliards de dollars de dividendes accordés dans le monde, soit une hausse de 8,3 % par rapport au record de 2021, année qui avait bénéficié du rebond de l’économie mondiale et des bénéfices des sociétés minières. La hausse des profits des compagnies pétrolières ne manque pas de soulever des débats politiques sur la nécessité ou non de taxer les superprofits. Fin octobre, le président américain s’était ému à ce sujet, pointant du doigt les sociétés qui "profitent de la guerre".

Olivia Vignaud