Secrétaire générale de Go Capital depuis 2022, elle intègre la société de gestion en 2012 en tant que responsable financier et, en dix ans, porte de nombreuses casquettes allant de la DRH à la responsabilité du comité RSE. Curieuse et enthousiaste, la lauréate du trophée des leaders de la finance dans la catégorie "DAF de moins de 40 ans", revient sur les engagements de sa carrière.

 

Décideurs. Quels sont les moments phares de votre parcours ?
 
Aude Kermarrec. J’ai obtenu mon diplôme d’expert-comptable en 2012 mais j’ai commencé à travailler dès 2006 chez In Extenso. J’ai rapidement bifurqué vers des postes d’audit grands comptes chez PWC. Puis pour des raisons personnelles, j’ai souhaité avoir une vie plus sédentaire, car en audit, j’étais tout le temps en déplacement. C’est ainsi que, il y a dix ans, j’ai rejoint Go Capital, à l’époque société de gestion régionale. Elle disposait de trois véhicules d’investissement dédiés à la deeptech. Il s’agissait alors d’une création de poste de responsable financier et j’avais une feuille blanche pour structurer la partie Back et Middle Office. Au cours de ces années, je suis devenue directrice financière et depuis 2016, je suis associée de la société. Je suis également secrétaire générale depuis 2022, avec des missions de supervision élargies allant de la DRH aux équipes Back et Middle Office aussi bien sur l’aspect financier que reporting. À cela s’ajoute le board de trois sociétés que nous avons financées, où j’ai aussi en charge le volet ESG. Simultanément, j’ai repris en 2021 une formation en distanciel avec HEC Paris & First Finance Institute en stratégie d’entreprise et j’ai bénéficié d’un programme sur le leadership et l’assertivité dédiés aux femmes à la Skema.

 

Pourquoi avoir choisi cette formation ? En quoi est-ce important pour un DAF de se former sur la parité ?

J’avais envie de prendre un peu de hauteur et j’ai l’habitude de me former régulièrement. De plus, Go Capital a signé une charte qui nous engage d’ici 2030 à compter au moins 40 % de femmes parmi nos effectifs d’investisseurs et le top management. Aussi, j’ai poussé les femmes de l’équipe à suivre cette formation et je m’y suis engagée également en tant que membre du directoire. Je ne le regrette pas, cela m’a permis d’accroître mon « estime de soi » et de combattre ce fameux « syndrome de l’imposteur ». Cette formation m’a aussi permis d’identifier les barrières que nous nous mettons dans un environnement souvent majoritairement masculin.
 
Que pensez-vous du manque de parité au sein des fonctions finance et notamment à la tête des directions financières ?
 

Je n’ai jamais eu le sentiment que le fait d’être une femme soit un frein dans mon parcours. Certes, je rencontre moins de femmes mais elles sont de plus en plus nombreuses et quand j’en croise, un certain nombre n’a pas envie de prétendre à des postes de direction. Si certaines se sous-estiment, d’autres souhaitent privilégier leur vie personnelle. Pour une femme qui veut arriver à des niveaux d’interlocuteurs où il y a en général des hommes, on a le sentiment qu’il faut être deux fois plus rassurante sur notre disponibilité et ainsi ne pas être trop occupée par sa vie privée. Un frein que, parfois, les femmes s’imposent à elles-mêmes.

"Les sujets ESG sont des archétypes de gestion de projet où toutes les parties prenantes sont concernées"

Vous faites partie du comité ESG de Go Capital, selon vous quel est le rôle d’un DAF sur ces sujets ?
 

Tout d’abord, il y a des questions d’éthique et de morale à traiter. Il est de la responsabilité des entreprises de s’engager sur ces questions. En termes de marque employeur, c’est aussi un élément clé indispensable pour l’attractivité des nouveaux talents. C’est aussi un enjeu réglementaire, le droit de l’UE sera de plus en plus strict du point de vue des rapports extra- financiers et des enjeux environnementaux. Il revient donc aux directions financières de se saisir du sujet pour répondre au niveau attendu par le marché. Enfin, les sujets ESG sont des archétypes de gestion de projet où toutes les parties prenantes d’une société sont concernées. Qui de mieux que la direction financière pour s’en saisir ? Nous avons l’habitude d’être impliqués sur tous les points en matière de RH, de réglementaire et de performance. Ainsi, chez Go Capital, l’ESG est un élément de critère variable pour tous les salariés. Du fait de son incidence, la finance a une responsabilité morale forte. C’est d’autant plus vrai dans le secteur de l’investissement.

PARCOURS
o 2008-2012 : missions d’audit grands comptes chez PWC
o 2012 : obtention du diplôme d’expert-comptable
o 2012 : arrive chez Go Capital
o 2020 : membre du directoire
o 2021 : formation Leadership et assertivité au féminin, SKEMA-France Invest Formation et Stratégie @HEC Paris & First Finance Institute
o 2022 : devient secrétaire générale de Go Capital

Propos recueillis par Céline Toni