Arnaud Barthelemy, associé et Chief Operating Officer de AIpha Intelligence Capital depuis sa création en 2018, revient sur l’ADN de ce fonds de venture capital et les raisons d’un positionnement dédié aux futurs champions de l’intelligence artificielle.

Décideurs. Pouvez-vous résumer AIC en quelques chiffres ? 

Arnaud Barthelemy. AIC Capital est un fonds de 185 millions d’euros basé au Luxembourg mais en raison de notre approche globale du marché, nos trois principaux bureaux sont à Hong Kong, San Francisco et Paris. Une diversité qui se retrouve également dans notre portefeuille, 45 % des sociétés que nous accompagnons sont aux États-Unis, 25 % en Europe et 20 % en Israël. En tant que fonds de capital-risque, nous suivons les sociétés sur des levées de fonds en séries A et B pour les deux tiers de notre activité, le dernier tiers étant dédié au growth capital, avec des tickets d’entrée qui vont généralement de 1 à 10 millions d’euros. Mais ce qui nous caractérise avant tout, c’est que 100 % de notre portefeuille est consacré à l’intelligence artificielle. 

"Nous ne travaillons qu’avec des sociétés qui mettent la science algorithmique au cœur de leur création de valeur"

La notion d’intelligence artificielle est présente partout aujourd’hui, et parfois même galvaudée, en quoi se distingue votre approche ?  

Nous avons une conception stricte de l’intelligence artificielle. Pour considérer un investissement, il faut que l'algorithme développé par la société intègre un élément d’auto-apprentissage. Nous ne travaillons qu’avec des sociétés qui mettent la science algorithmique au cœur de leur création de valeur. Nous accompagnons ainsi Aidoc, une entreprise israélienne qui développe un algorithme d’analyse de radiographies et de prélèvements médicaux.

Notre approche de l’IA s’incarne aussi par notre réseau d’experts, nous avons à notre board des personnalités comme Yann Le Cun, responsable de la recherche en intelligence artificielle de Meta (ex-Facebook), ou encore Eviatar Matania, l’ancien chef du Bureau national de la cybersécurité en Israël. Ainsi, lorsque nous étudions un dossier, nous commençons toujours par parler de la technologie avant de détailler le business plan.

"L’IA est une technologie et qui se diffuse partout, mais certains domaines s’y prêtent plus que d’autres"

Récemment, vous avez mené une levée de fonds de 88 millions d’euros pour Instadeep, pourquoi avoir choisi cette opération ? 

Instadeep est représentatif de notre stratégie, car il s’agissait d’une opération en série B dont nous avons été le lead aux côtés des co-investisseurs internationaux comme BioNtech et Google. Les équipes d’Instadeep développent entre autres des algorithmes de découverte de protéines pour créer des médicaments. L’objectif, à terme, est d’accompagner l'expansion d'Instadeep notamment aux États-Unis ; la société étant déjà implantée en Tunisie, au Royaume-Uni et en France.

Nous n’avons pas de secteurs privilégiés, mais si l’IA est une technologie et qui se diffuse partout, certains domaines s’y prêtent plus que d’autres. C’est le cas de la santé ou la cybersécurité, où nous avons réalisé plusieurs investissements. Nous avons accompagné par exemple ReaQta qui, avec l'intelligence artificielle, développe une plateforme de cybersécurité pour identifier et gérer les menaces. Alpha Intelligence Capital a cédé la société à IBM en novembre dernier, une belle success story.

Propos recueillis par Céline Toni