Avec plus de 15 millions d’assurés, AG2R La Mondiale s’inscrit aujourd’hui comme le premier groupe de protection sociale et patrimoniale en France. Engagé en faveur du « bien vieillir », le groupe acquiert en 2021, 67 % du Groupe Aegide-Domitys qui conçoit, commercialise et exploite des résidences services seniors. Une opération qui illustre la volonté d’AG2R La Mondiale d’élargir son activité et prouve son engagement en faveur du grand âge. Entretien.

Décideurs. Pourquoi avez-vous décidé de prendre le contrôle d’Aegide-Domitys ?

André Renaudin. Le point de départ de cette opération est un constat. Aujourd’hui, 1,4 million de personnes sont en situation de perte d’autonomie. Un chiffre qui, avec le choc démographique que nous connaissons depuis quelques années, a vocation à augmenter de façon significative à l’hori-zon 2025. Nous allons inévitablement as-sister à une augmentation des besoins en matière d’accompagnement. Le gouverne-ment est de cet avis puisqu’il a récemment lancé une campagne de sensibilisation et de recrutement aux métiers du grand âge afin de former et de recruter, d’ici à 2025, 350 000 professionnels dans le secteur. Preuve qu’il s’agit d’un véritable phéno-mène de société à venir. Cela m’amène à croire que les investissements dans le sec-teur des services aux personnes âgées sont prometteurs et surtout nécessaires. Prendre le contrôle d’Aegide-Domitys comporte ainsi un double intérêt : c’est une opportu-nité d’investissement – car Aegide-Domitys exploite des immeubles –, et une opportunité de diversification de notre activité.

Une opération qui s’inscrit dans la stratégie globale d’AG2R La Mondiale...

Tout à fait. Ce que nous faisons, depuis la création d’AG2R La Mondiale, répond à un objectif, à une ambition : participer active-ment à la recomposition du paysage de la protection sociale en France. Un mantra qui me pousse, parfois, à sortir de ma zone de confort et me conduit vers des univers que je ne connais pas particulièrement, comme celui des résidences services seniors, ce qui nous intéresse ici. Je suis intimement convaincu que notre société ne se prépare pas suffisamment aux risques de dépendance. AG2R La Mondiale, depuis sa création, se préoccupe du grand âge. Et c’est parce que nous nous préoccupons du grand âge que nous avons, au sein du groupe, une mutuelle régie par le livre 3 du code de la mutualité [qui concerne la prévention, l’action sociale, la gestion de réalisations sanitaires et sociales ou encore les services de soins et d’accompagne-ment mutualistes, Ndlr] spécialisée dans la gestion des Ehpad, la Mutuelle du Bien Vieillir. La prise de participation majoritaire d’Aegide-Domitys s’inscrit dans cette logique. Cela nous permet d’élargir notre activité tout en conservant, voire en renfor-çant encore un peu plus notre ligne directrice et nos engagements dans ce domaine.

Quelle a été la principale difficulté rencontrée dans le cadre de cette opération ?

Étant donné qu’Aegide-Domitys est une société non cotée, nous avons dû appréhender nous-mêmes sa valorisation. Nous avons ainsi passé en revue les résidences, regardé l’état des immeubles, les taux d’occupation, les marges opérées. Cet important travail nous a permis de faire une offre acceptable.

Cette acquisition est-elle de nature à bouleverser l’activité du groupe ?

À court terme, non. Aegide-Domitys intervient sur un métier qui n’est pas celui d’AG2R La Mondiale. D’ailleurs, la conven-tion collective qui s’applique aux 3 500 salariés de la société dont nous venons de prendre le contrôle n’est pas la même que celle d’AG2R La Mondiale. Cela est et restera une filiale indépendante avec sa propre activité. Notre réseau commercial pourra toute-fois lui apporter son soutien. Rien n’est défini. Nous sommes, sur ce point, en phase d’expérimentation. Autre élément : nous allons devoir nous coordonner quant aux partenariats stratégiques que nous voulons nouer mais aussi à l’image que nous souhaitons dégager. Tout cela doit être cohérent.

Propos recueillis par Capucine Coquand