Reconnu dans l’univers transactionnel, le monde de la restructuration et de l’ingénierie financière, le cabinet de conseil Eight Advisory ne cesse de déployer son offre en transformation des entreprises. Son directeur général, Eric Demuyt, et deux associés du pôle Transformation, Stéphane Nénez en finance et Nicolas Cohen-Solal en opérations, détaillent le développement du cabinet en la matière.

Décideurs. Eight Advisory a récemment annoncé le recrutement d’un nouvel associé à Londres pour l’activité Transformation. Comment votre offre se structure-t-elle aujourd’hui ? 

Eric Demuyt. Notre activité répond à l’intérêt du marché pour les sujets de transformation, aussi bien financière qu’opérationnelle, liée à des transactions, des restructurations ou des changements stratégiques. Nos équipes s’appuient également sur des expertises transversales, comme le conseil IT ou la data pour permettre d’apporter une réponse adaptée à chaque situation. 

Stéphane Nénez. La tendance de fond est effectivement très bonne sur les métiers de la transformation de Eight Advisory. Le pôle Transformation représentera en 2021 plus de 30 millions d’euros, soit un quart du chiffre d’affaires du cabinet, et 120 personnes en Europe. Avec Transformation Finance, nous couvrons les problématiques du directeur financier, avec en particulier l’amélioration de la qualité de l’information financière, les modifications de référentiels comptables, l’adaptation des outils IT à leurs besoins, la préparation aux projets d’IPO, la sécurisation des outils et l’optimisation de la trésorerie. 

Nicolas Cohen-Solal. Sur la partie Transformation Opérations, nous accompagnons nos clients sur des transformations structurantes, des refontes de modèles économiques ou encore sur des projets de création de valeur. Si pour le moment, nous intervenons davantage dans des situations de transaction et de retournement, nous nous développons également sur le segment de la stratégie opérationnelle ou encore sur des projets alliant nos fortes compétences en Data Analytics. 

Sur quels dossiers êtes-vous intervenus ? 

S. N. Sur Transformation Finance, nous avons mené plus de 130 projets l’an dernier. Ce chiffre a déjà été dépassé en octobre 2021, ce qui illustre la croissance de nos activités, évoquée précédemment. Notre spectre d’intervention est assez large et nous pouvons travailler sur une thématique particulière ou sur des problématiques nécessitant des expertises croisées et transverses. Pour la partie Finance, nous avons accompagné des entités aussi variées qu’Altran, Groupe Alès, le Stade Toulousain, Servier, les Girondins de Bordeaux, l’Inseec, Siaci, Gfi, Ladurée ou encore OVH lors de sa récente introduction en Bourse. 

N. C-S. Nous avons travaillé sur de nombreux dossiers M&A comme pour Clarins qui a vendu ses parfums à L’Oréal, ou Thales et Engie mais également sur des projets de refonte stratégique et de plans de création de valeur aussi bien pour des grands corporates que pour des PME ou ETI à l’image d’Aqualung ou Dreamyacht. Nous accompagnons également nos clients avec de fortes volumétries de données grâce à nos expertises en Data Analytics et Process Mining, comme OVHCloud, Oscaro ou Showroomprivé. 

Quels sont les grands chantiers de transformation au sein des entreprises aujourd’hui ? 

E. D. Les modèles ont été très largement secoués par la crise. Si certains secteurs ont vu leur croissance accélérer, comme la santé, la tech ou d’autres activités qui ont bénéficié de cet épisode, d’autres entreprises ont souffert. La transformation, notamment digitale, est devenue essentielle. Elle est encore plus critique pour certaines entreprises fragilisées par la pandémie qui doivent repenser leur modèle et améliorer rapidement leur rentabilité pour faire face à l’accroissement de leur endettement. L’heure est venue de compenser les défauts de résultat de la période Covid en allant chercher des points de marge. 

S. N. Les liquidités sur les marchés soutiennent toujours l’appétit des fonds d’investissement et, avec les opérations de recentrage de plusieurs grands corporates, cela favorise les cessions d’actifs. Les opérations sont très nombreuses ces derniers mois et les besoins de refonte de la fonction finance sont très larges. Et c’est encore plus le cas pour le passage sous LBO. Dans ces cas, l’espace-temps n’est alors pas le même et nous accompagnons les managers et les fonds de private equity pour que la transformation s’opère efficacement.

"L’excellence ne se décrète pas, elle se transmet et se partage"

Qu’en est-il des critères ESG ? 

E. D. Effectivement, les aspects ESG prennent une part de plus en plus prépondérante dans le cadre de la transformation des business models de nos clients. Ne pas intégrer cette composante dans la refonte de la gouvernance, de la supply chain, de l’organisation des ressources humaines, ou de reportings pourrait être préjudiciable à nos clients. Les critères ESG doivent donc être intégrés dans tout projet de transformation car ils affectent progressivement la capacité de nos clients à recruter les talents, à commercer avec des clients imposant leurs critères ESG ou à se financer sur les marchés. 

Vous travaillez également sur des plans de retournement. En quoi l’accompagnement diffère-t-il d’une transformation in bonis ? 

N. C-S. En situation de retournement, le rythme ne peut pas être le même. Il faut agir très vite, mettre de côté tout dogme, savoir se remettre en cause, se poser les bonnes questions pour repositionner l’entreprise et aller chercher des gains quelquefois supérieurs de 20 à 30 %. 

S. N. Une des principales différences réside dans les financements restreints dont dispose une entreprise en difficulté. Nous accompagnons souvent des groupes en grande tension pour lesquels la gestion quotidienne de la trésorerie n’est pas la même. Nos spécialistes dédiés à la trésorerie permettent de gérer la protection du cash encore existant, de favoriser la génération du cash au travers d’une gestion fine du BFR et de trouver des financements CT, via le factor par exemple. 

N. C-S. Notre livrable n’est pas un beau rapport mais la mise en œuvre concrète des différentes actions, définies et décidées, avec les équipes de l’entreprise qui les auront comprises et adoptées. Nous ne partons qu’une fois le plan finalisé ou bien engagé. 

Eight Advisory est présent également dans d’autres pays européens. Votre offre est-elle la même ? 

N. C-S. Nous avons opté pour une approche multispécialiste plutôt que géographique. Nous sommes organisés par spécialités avec des consultants établis dans plusieurs bureaux en Europe. Sur nos projets, nous travaillons par exemple main dans la main avec des équipes financières et des équipes opérationnelles, en impliquant des consultants de différents pays en fonction des expertises requises. 

E. D. L’excellence, une de nos valeurs, ne se décrète pas. Elle se transmet, par la formation de nos collaborateurs, et surtout se partage, notamment en développant un programme de formation unique pour l’ensemble des équipes européennes et constituant des équipes pan-européennes pour répondre aux attentes de nos clients internationaux.