What a deal ! En unissant leurs forces, le groupe tchèque et son concurrent américain frappent un grand coup. La nouvelle entité domine de la tête et des épaules le marché des antivirus grand public.

C’est un cliché qui, dans l’opinion publique reste tenace : l’ancien bloc soviétique était en retard au niveau de la maîtrise de l’informatique. La réalité est tout autre et un exemple est parfaitement illustratif. À la fin des années 1980, le pays le plus en pointe en matière d’antivirus était la Tchécoslovaquie. C’est dans ce cœur de l’Europe centrale, depuis scindé en deux nations, que les ingénieurs Eduard Kucera et Pavel Baudis ont élaboré le programme nommé antivirus advanced set. Avec la chute du mur de Berlin et l’avènement de l’informatique grand public, la société qui commercialise le produit part à la conquête du monde. Si Avast reste dirigée par le tchèque Ondrej Vlcek et garde son siège à Prague, elle est cotée à la Bourse de Londres depuis 2018.

Mariage américano-tchèque

À l’été 2021, la société a surpris tous les observateurs en annonçant sa fusion avec son principal concurrent américain NortonLifeRock, ancienne division grand public de Symantec. Ce mariage américano-tchèque est sûrement celui qui a fait le plus couler d’encre depuis la cérémonie unissant Donald Trump à Ivana Zelníčková en 1977. Et pour cause, puisqu’il donne naissance au numéro un mondial de l’antivirus.

Pour cette fusion entre égaux, c’est le groupe basé dans l’Arizona qui a fait le premier pas en proposant une offre qui ne se refuse pas : entre 8,1 et 8,6 milliards de dollars, une direction bicéphale, un siège américain et un autre en Europe de l’Est. En échange, la société pragoise apporte des millions de clients. En 2015, Avast protégeait ainsi 30 % des ordinateurs individuels dans le monde (hors Chine).

L'américain a mis plus de 8 milliards de dollars sur la table pour une fusion entre égaux

Unir ses forces

La nouvelle société promet d’éviter dans la mesure du possible les fameuses "synergies" aboutissant bien souvent à des suppressions de postes. En l’état actuel, le nouvel état-major juge l’architecture complémentaire. Les deux géants souhaitent dépasser le cap de 3,5 milliards d’euros de recette pour l’année en se reposant sur une base de 500 millions d’utilisateurs. La stratégie est simple : se centrer sur le grand public plus que le BtoB. Un revirement déjà mis en place par l’américain qui, en 2018, avait cédé sa division de sécurité des entreprises au groupe de semi-conducteurs Broad-com. En somme, le marché BtoB est laissé aux grands groupes de conseil ou aux industriels en quête de montée en gamme.

Pour Ondrej Vlcek cette fusion est opportune "au moment où les menaces de piratage informatique dans le monde grandissent, alors même que l’utilisation de produits de sécurité informatique reste faible". Vincent Pilette, son homologue chez NortonLifeRock est sur la même longueur d’onde puisqu’il estime que "cette transaction est un énorme pas dans la sécurité informatique pour les consommateurs". Cette opération semble, sur le papier, ne faire que des heureux. Seule exception, la Bourse de Londres qui perd l’un de ses fleurons tech au profit du Nasdaq.