À la tête de la FDJ depuis 2014, Stéphane Pallez est parvenue à transformer un ancien fleuron public en entreprise mondialisée et geek.

Le cliché est vivace. Les technocrates seraient dotés d’un manque de vision, de pragmatisme et de créativité. Pourtant, malgré son parcours de haut fonctionnaire, impossible d’affubler de ces défauts Stéphane Pallez, à la tête de la FDJ (ancienne Française des jeux), depuis 2014.

Commis d’État

Fille d’un inspecteur des Finances, diplômée de Sciences Po Paris, Stéphane Pallez intègre la promotion Louise Michel de l’ENA. Une "cuvée" d’exception qui comprend notamment Pierre Moscovici, Guillaume Pepy, Philippe Wahl, François Villeroy de Galhau ou encore l’écrivain François Garde. Son diplôme en poche, elle intègre la direction du Trésor et occupe de nombreux postes à responsabilité sous les gouvernements socialistes : représentante de la France à la Banque mondiale, conseiller technique au cabinet de Pierre Mauroy puis de Michel Sapin à Bercy. En 1998, elle est nommée sous-directrice des Participations de l’État, ce qui la propulse "chef d’orchestre" de plusieurs privatisations dont Alstom ou Air France. En 2004, elle intègre le secteur privé et devient directrice financière déléguée de France Télécom puis PDG de la Caisse centrale de réassurance. Un profil parfait pour prendre la tête d’une entreprise dont l’État est présent au capital.

Disrupteuse en chef

En 2014, elle s’installe dans le fauteuil de présidente de la FDJ. Depuis 2010, l’ancienne loterie nationale n’a plus le monopole sur les paris. En passe de devenir une entreprise "comme les autres", il lui faut établir un plan stratégique. Celui de Stéphane Pallez est ambitieux : "Ce n’est pas une évolution, c’est une révolution", explique la dirigeante qui souhaite "faire passer la FDJ à l’ère numérique, qu’il s’agisse de l’offre de jeux, des services aux clients ou de notre organisation".

Sous la direction de Stéphane Pallez, la FDJ devient une société innovante et mondialisée

Désormais, la FDJ prend des airs de start-up. Le groupe dépense plus de 100 millions d’euros dans la digitalisation des points de vente, propose de nouveaux jeux à un rythme soutenu, développe l’activité de paris sportifs, tisse des liens avec des fonds d’investissement et des incubateurs de start-up afin de maîtriser les technologies de demain telles que la 5G ou l’IA.

Autre nouveauté, le groupe prend peu à peu une dimension internationale. La filiale "FDJ Gaming Solutions" monnaye sa maîtrise du numérique aux autres opérateurs nationaux. Désormais, la société déploie un service de paris sportifs pour la loterie portugaise ou suisse, fournit également des terminaux de points de vente en Allemagne, en Suède, en Roumanie ou au Canada. Stéphane Pallez accompagne également l’introduction en Bourse de l’entreprise et le désengagement de l’État qui, en 2019, passe de 72% à 20% du capital.

Poser son empreinte

En sept ans, cette passionnée d’art, de civilisation chinoise et de Shakespeare a marqué de son empreinte la FDJ, groupe à la croissance régulière devenu numéro 4 mondial du secteur. Sur le plan managérial, elle fait peu à peu évoluer la gouvernance de l’entreprise désormais dotée d’une raison d’être et ne cache pas sa volonté de lutter contre les discriminations de genre. Son plan stratégique 2020-2025 devrait lui permettre de s’imposer définitivement comme une vraie "capitaine d’industrie" et, pourquoi pas, de faire de la FDJ un poids lourd du CAC40.