Amazon France comptera 14 500 collaborateurs à la fin de l'année et se place aujourd'hui comme un acteur de la digitalisation. Frédéric Duval, son directeur général, détaille le positionnement du site pour accompagner et aider le plus grand nombre de marchands français à rattraper leur retard en la matière.

Décideurs. La crise a nécessité un gros travail d’adaptation au niveau de l’organisation d’Amazon en France. Quels ont été les chantiers prioritaires depuis mars 2020 ? 

Frédéric Duval. Dès mars 2020, notre chantier prioritaire a été de protéger la sécurité de nos salariés en modifiant pas moins de cent cinquante processus internes, en adaptant les modes de travail, qui ont généralisé le port du masque, ou encore en effectuant des contrôles de température des salariés dans l’entreprise. Grâce à cette adaptation rapide, nous avons pu poursuivre l’activité. Il n’y a d’ailleurs eu aucun cluster dans nos centres de distribution. 

Nous nous sommes également mis au service des entreprises françaises pour les aider à se digitaliser et à rattraper leur retard. Comment ? D’abord en partant du constat établi que sept Français sur dix achètent en ligne alors que seule une PME sur huit utilise des solutions de vente en ligne. Une vraie dichotomie existe donc entre le comportement des utilisateurs et le niveau de digitalisation des PME dans l’Hexagone. Nous avons ainsi souhaité les aider à accélérer leur transformation numérique. Pour cela, dans un premier temps, les frais d’inscription à notre place de marché ont été offerts, puis, des équipes dédiées ont été mises en place pour un accompagnement personnalisé et des crédits publicitaires de 200 euros accordés à chaque entreprise qui démarrait son activité. 

"Sept Français sur dix achètent en ligne alors que seule une PME sur huit utilise des solutions de vente en ligne. Une vraie dichotomie existe donc entre le comportement des utilisateurs et le niveau de digitalisation des PME dans l’Hexagone"

Ensuite, nous avons développé notre "Accélérateur du Numérique", un bouquet composé d’une cinquantaine de formations accessibles en ligne gratuitement pour sensibiliser tous les acteurs économiques au numérique et à ses nombreux apports. Aujourd’hui, nous comptabilisons plus de 4000 entreprises inscrites. 

Face à l’afflux de commandes, comment avez-vous réussi à maintenir la continuité de la chaîne logistique pendant cette période ? 

Selon la Fevad [l’organisation représentative du e-commerce, Ndlr], les ventes en ligne des enseignes magasins ont en effet progressé de +53% en 2020 avec des pics à +100% pendant les deux confinements. En permettant aux commerces physiques de maintenir une activité économique, Internet a été leur poumon alors qu’ils avaient dû fermer au cours de cette période. Si la chaîne logistique a effectivement été tendue, nous n’avons pas connu de grosses difficultés au niveau des flux entre nos fournisseurs et nos centres de distribution car les professionnels circulaient bien et nos fournisseurs avaient du stock.  

La fermeture des commerces dits "non essentiels" a boosté les ventes d’Amazon. Comprenez-vous que certains y voient une forme de concurrence déloyale ? Que leur répondez-vous ? 

Nous avons en effet enregistré une hausse des commandes, à l’instar du secteur du e-commerce qui a connu une hausse de 8,5% sur l’année. Mais il faut garder à l’esprit que l’activité d’Amazon est à 60% une activité de place de marché. Elle permet à des milliers de marchands français de vendre par notre intermédiaire. Ce succès est donc en partie lié à celui des commerçants, des petites et moyennes entreprises qui se servent de nos outils et services pour vendre partout en France mais également à l’international. Donc non, il n’y a pas de concurrence déloyale mais une envie forte de faire en sorte que tous les acteurs économiques se mettent au commerce en ligne. C’est la raison pour laquelle nous avons déployé des mesures permettant d’accompagner les entreprises françaises dans cette voie.

"Notre succès est en partie lié à celui des commerçants, des petites et moyennes entreprises qui se servent de nos outils et services pour vendre partout en France mais également à l’international"

Cédric O l’a rappelé récemment, “70% des commerces allemands sont digitalisés contre 30% en France”. Les commerçants français l’ont compris et beaucoup se sont mis à faire du click & collect ou de la livraison à domicile. 

Vous avez annoncé l’embauche de 3 000 CDI en 2021. Quels postes sont concernés et cette volonté est-elle liée à l’impact de la crise sanitaire sur l’activité en France ? 

Ces nouvelles embauches sont le fruit d’une politique d’investissement significative en France. Entre 2010 et 2019, nous avons investi plus de 9,2 milliards d’euros dans nos activités dans l’Hexagone pour accompagner nos clients et les entreprises françaises. C’est ce qui explique aujourd’hui ce besoin de nouvelles embauches. Nous comptions 11 500 collaborateurs en CDI à fin 2020, nous serons 14 500 à la fin de cette année et nous en sommes fiers.  

Ces CDI ne comprennent évidemment pas les emplois créés également par les entreprises tierces qui vendent sur le site amazon.fr, de l’ordre de 13 000 emplois en France, ni les 110 000 créations d’emplois indirects liées à notre chaîne de distribution. Au total, notre activité génère 130 000 emplois en France.  

Vous venez de lancer un programme d’activités destiné aux jeunes, "Amazon Futur Engineer". Quels en sont les enjeux ? 

Les métiers du digital sont les métiers de l’avenir. Or, les jeunes issus de milieux modestes ainsi que les jeunes filles y sont encore sous-représentés. Nous voulons apporter notre pierre à l’édifice. Avec notre programme Amazon Future Engineer, nous souhaitons sensibiliser les enfants et les étudiants aux opportunités du numérique et les aider à bâtir une carrière dans les métiers de l’informatique. Nous allons jusqu’au mentorat et distribuons trente bourses de 7500 euros pour des jeunes filles qui souhaiteraient entreprendre des études supérieures dans l’informatique. 

Propos recueillis par Anne-Sophie David

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