Directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor a effectué la majeure partie de sa carrière dans le secteur parapétrolier. Pour autant, elle est alignée avec l’un des principaux objectifs du groupe: participer à la transition énergétique.

Début mars, Catherine MacGregor effectuait son baptême du feu devant le Sénat. La commission des Affaires économiques, qui suit les dossiers d’Engie, interrogeait la nouvelle directrice générale du groupe sur sa stratégie pour les mois à venir. Très souriante, la CEO a profité de cette audition publique pour saluer l’engagement et l’exemplarité des collaborateurs de l’énergéticien durant cette période de crise sanitaire et faire part de son "bonheur et sa grande fierté" de prendre la tête du groupe. Rares sont les informations à fuiter sur la personnalité de Catherine MacGregor, la quadragénaire étant peu connue du landerneau des affaires français. On dit néanmoins d’elle qu’elle est sympathique et humble. On dit aussi qu’elle sait trancher quand il le faut. Cela tombe bien.

Les sujets à arbitrer chez Engie ne manquent pas. L’été dernier, quelques mois après l’éviction d’Isabelle Kocher, le groupe fixait la feuille de route de son futur DG : développer les énergies renouvelables et les infrastructures, lancer une revue stratégique de ses activités et accélérer le programme de cessions. Lors de son intervention devant les sénateurs, Catherine MacGregor s’est dite au travail "pour traduire les orientations stratégiques, qui (sont) assez générales" et promettre un programme détaillé pour mai prochain.

Sur le chapitre des cessions, Engie a frappé un grand coup en cédant ce mois-ci sa filiale Equans au groupe Bouygues pour la bagatelle de 7,1 milliards d'euros. La finalisation de la cession est attendue pour le seconde semestre 2022. La direction du groupe a préféré l'offre de Bouygues à celle d'Eiffage ou à l'alliance Bain Capital-Marc Ladreit de Lacharrière en faisant le choix de "la solidité du projet industriel et la qualité du projet social (...) l'offre de Bouygues était la mieux disante au regard de l'ensemble des critères retenus par Engie, y compris sur le plan financier".

Les mains libres

La directrice générale a pour elle de n’appartenir à aucune chapelle. Pour mémoire, avant son arrivée, le groupe a traversé une crise de gouvernance, les guerres de clochers s’étant multipliées entre l’ancienne DG d’Engie, Isabelle Kocher, et l’ex-président du groupe, Gérard Mestrallet. Le remplacement de celui-ci en 2018 par Jean-Pierre Clamadieu a certes permis d’éteindre certains feux mais n’aura pas été suffisant pour qu’Isabelle Kocher puisse aller au bout de sa mission. D’où l’intérêt, cette fois, de nommer une femme venue de l’extérieur.

Avant de prendre la tête d’Engie, la quadragénaire était peu connue du landerneau des affaires français

De surcroît, Catherine MacGregor n’est ni diplômée de Polytechnique ou des Mines et ni passée par un cabinet ministériel, contrairement à ses prédécesseurs. Même si elle fût présente dans les processus de recrutement de Nexans, Vallourec et pressentie pour diriger Technip Energies, certains se sont étonnés de voir son nom dans la short list des candidats à la direction générale d’Engie. Pourtant cette centralienne française née au Maroc revendique vingt-trois ans de carrière consacrés au secteur de l’énergie. "De ces expériences, je garde deux choses, explique la dirigeante. Une vraie passion pour le monde de l’énergie d’une part, une forte conviction qu’il doit effectuer sa mue d’autre part."

Des expériences sur tous les continents

Si son profil a intéressé les recruteurs, c’est probablement parce que Catherine MacGregor a occupé des postes à responsabilités sur l’ensemble des continents. Entrée en 1995 chez Schlumberger, elle a notamment opéré en tant que DRH groupe et à la tête des activités stratégiques avant de devenir présidente Europe & Afrique puis d’être promue à la présidence de l’activité Forage, pour laquelle elle travaillait de Londres.

En 2019, elle rejoint le comité exécutif de Technip. Elle dirige alors la partie ingénierie et construction onshore et offshore de Technip Energies et travaille sur la scission et l’introduction en Bourse de cette entité. Nous avions "placé la transition énergétique au cœur de la stratégie", précise-t-elle au Sénat, arguant que ce sujet lui tenait déjà à cœur, à l’instar d’autres problématiques, comme la parité en entreprise. À voir comment ces objectifs seront détaillés dans sa feuille de route.

Olivia Vignaud