Née en 2015, l’Association des jeunes professionnels du restructuring (AJR) réunit aujourd’hui 150 membres des métiers de la restructuration d’entreprise. Sa présidente, Géraldine Astrup, et sa vice-présidente, Marie Crumière, exposent la place de la structure dans l’écosystème des procédures judiciaires.

Décideurs. Pouvez-vous présenter le profil des membres de l’AJR ?  

Géraldine Astrup. L’association a été créée il y a cinq ans par un groupe de professionnels du restructuring, issus de différents métiers. L’entrée requiert deux parrainages, au moins trois ans de pratique et d’avoir moins de 40 ans. L’âge moyen des membres est de 35 ans. Ce qui constitue son ADN tient à cet espace d’échange entre les conseils du restructuring qui travaillent ensemble, au front sur les dossiers. 

Marie Crumière. Pour être fidèles à la physionomie du marché, nous maintenons un équilibre dans les différentes professions. Les avocats représentent un bon tiers des membres, mais l'AJR compte également des administrateurs et mandataires judiciaires, ainsi que des auditeurs financiers, des banquiers ou encore des fiduciaires. Nous accentuons l’ouverture aux fonds d’investissement, aux dirigeants de transition ou encore aux communicants de crise, afin de préserver un panel varié. Très récemment, nous avons été rejoints par notre premier membre issu du ministère de l'Économie et des Finances. 

Quelles sont les actions de l’association ?  

G. A. Plusieurs événements sont organisés chaque année, dont des petits-déjeuners conférences lors desquels une équipe apporte son retour d’expérience sur un retournement ou des professeurs nous tiennent à jour sur la théorie et les évolutions réglementaires. L’an dernier, nous avons organisé la première édition de notre événement annuel ouvert aux non-membres, en invitant le physicien et philosophe Étienne Klein sur le sujet des vertus de l’échec. 

M. C. La chancellerie nous consulte également sur les dernières réformes. Cela a notamment été le cas pour la loi Pacte et la directive d’insolvabilité. Par ailleurs, au printemps, les membres de l’AJR se sont mobilisés pour répondre aux questions juridiques les plus pointues des CRP [commissaires aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises, Ndlr], sans jamais aller sur le terrain des autres associations, avec lesquelles nous travaillons le plus souvent en partenariat.

"Les procédures amiables sont souvent le gage d'un retournement réussi"

Comment l’AJR répond-elle aux évolutions du marché du restructuring ?  

G. A. La crise liée à la Covid-19 a resserré les calendriers et une association comme la nôtre, qui fluidifie les relations entre ses membres, joue un rôle essentiel dans le traitement quotidien des dossiers. Le partage des connaissances, au regard du bouleversement que nous vivons, aide à répondre aux questions pratiques qui se posent. Ainsi, le fil d’actualité de l’AJR, créé entre nous pendant le confinement, a permis aux membres d’échanger sur la découverte des nouvelles lois et des problématiques induites. 

M. C. Depuis les ordonnances Covid et notamment celle du 20 mai 2020, les procédures préventives sont en hausse et nous nous réjouissons, à ce titre, de la réactivité des présidents des tribunaux de Commerce. La France est le pays de la prévention et d’autres s’inspirent de notre droit, comme en témoigne la directive insolvabilité. 

Concrètement, dans quelle mesure l’association participe-t-elle à l’accompagnement des entreprises en difficulté ?  

G. A. Le site destiné aux dirigeants, « SOS entreprises coronavirus », créé au début de la crise avec l’ARE [Association pour le retournement des entreprises, Ndlr] et les Women in Restructuring, regroupe l’ensemble des textes pour informer et aider les entrepreneurs dans la prise de décision. Dans un tel contexte de turbulences, les associations comme la nôtre doivent pouvoir offrir des repères forts aux acteurs du marché. 

M. C. En discutant avec les associations d’aide aux dirigeants en difficulté, nous réfléchissons également à réaliser une série de webinars pour démocratiser le restructuring auprès des dirigeants et des actionnaires. L’idée consiste à leur donner quelques réflexes, dans un langage moins juridique, et présenter les leviers qui existent. Sans perdre de vue la prévention ; les procédures amiables étant encore assez méconnues alors qu'elles sont souvent le gage d'un retournement réussi. 

Propos recueillis par Anne-Gabrielle Mangeret