Issue des rangs du privé, Amélie de Montchalin s’est fait connaître à l’Assemblée nationale pour son travail à la commission des finances et ses positions très souvent libérales. L’an dernier, cette trentenaire fidèle à Emmanuel Macron entre au gouvernement pour s’occuper des Affaires européennes. Elle devient aujourd’hui ministre de la Transformation et de la Fonction publique. Un nouveau défi pour celle qui aime les relever.

Elle fait partie du cercle des fidèles trentenaires à avoir gravi les échelons sous la Macronie. Amélie de Montchalin vient de franchir une étape supplémentaire. Nommée secrétaire d’État aux Affaires européennes en mars 2019, cette femme politique âgée de 35 ans est devenue mardi 7 juillet ministre de la Transformation et de la Fonction publique. Selon les informations du Figaro, son portefeuille, jusque-là détenu par Gérald Darmanin, doit quitter le giron de Bercy et pourrait donc perdre en partie son aspect financier et budgétaire.

Spécialiste de la finance

Si cette évolution ne s’avère pas anodine, il est néanmoins difficile d’imaginer que le volet économique du poste sera laissé de côté ou en tout cas négligé. Diplômée de HEC et de la prestigieuse Harvard Kennedy School, Amélie de Montchalin a en effet commencé sa carrière en tant qu’économiste junior chez Exane BNP Paribas, en charge de l’Europe durant la crise de la zone euro. Elle entre ensuite chez Axa où elle s’occupera de la prospective et du suivi des politiques publiques.

C’est lors d’un stage à l’Assemblée nationale auprès de Valérie Pécresse puis en fournissant des notes aux équipes d’Alain Juppé durant les primaires de la droite qu’Amélie de Montchalin goûtera à la politique. À la suite de la défaite de l’ancien maire de Bordeaux, elle rejoint les rangs d’En marche!, séduite par l’engagement européen d’Emmanuel Macron.

"Auteure ou cosignatrice d'environ 650 amendements, elle n'a jamais mis au vote un amendement allant contre l'avis de son groupe, préférant retirer ceux qui recueillaient un avis défavorable"

Investie par le parti présidentiel, elle fait partie de la vague de nouveaux députés LREM en qualité d’élue de la sixième circonscription de l’Essonne dont elle est originaire. Car, bien que née à Lyon d’une mère infirmière et d’un père cadre supérieur, cette catholique pratiquante est issue d’une famille d’agriculteurs du plateau de Saclay. À peine élue, Amélie de Montchalin sortait déjà son épingle du jeu. Désignée "whip", c’est-à-dire coordinatrice du groupe La République en marche pour la commission des finances, elle sera aussi rapporteure pour le projet de loi de finances de l’année 2018. C’est à cette époque que la médiatisation autour de la jeune marcheuse s’emballe. Il faut dire qu’Amélie de Montchalin assume son ascendant libéral : défense de la réforme de l’ISF, du maintien de l’indexation du Smic sur l’inflation ou encore de la baisse de la dépense publique. Selon La Chaîne parlementaire, "auteure ou cosignatrice d'environ 650 amendements, elle n'a jamais mis au vote un amendement allant contre l'avis de son groupe, préférant retirer ceux qui recueillaient un avis défavorable".

Une politique 2.0

Amélie de Montchalin fait aussi parler d’elle en 2018 lorsqu’elle ambitionne de "doubler l’épargne des Français injectée dans les PME". Pour ce faire, elle organise un Grand rendez-vous de l’investissement productif à l’Assemblée. C’est "la Marianne du Macronisme : une députée 2.0, bosseuse, appliquée, sympathique et de bonne foi, avec un petit côté première de classe. Elle est idéologisée, très techno, efficace, résume la même année dans L’Obs son ancien collègue LR et membre de la commission des finances, Julien Aubert. Elle incarne l’idéal du macronisme, c’est la technocratie qui prend le pouvoir."

"Je m’engage à renforcer et moderniser nos services publics, et à soutenir toutes celles et ceux qui les font vivre au quotidien"

Si son nom est évoqué lors de la mise en place du deuxième gouvernement d’Édouard Philippe et si elle fut candidate à la succession de Richard Ferrand à la présidence du groupe LREM, il lui faudra attendre le gouvernement Philippe 3 pour continuer à monter les marches et devenir secrétaire d’État aux Affaires européennes. Puis de prendre mardi 7 juillet son nouveau poste de ministre.

Très présente sur les réseaux sociaux, Amélie de Montchalin a immédiatement remercié, via Twitter, le Président et le chef du gouvernement pour sa nomination : "Merci à Emmanuel Macron et Jean Castex de me confier la mission de transformer l’action publique, plus que jamais nécessaire face à la crise. Je m’engage à renforcer et moderniser nos services publics et à soutenir toutes celles et ceux qui les font vivre au quotidien." Il lui faudra en effet être garante de la Fonction publique tout en faisant attention aux dépenses de l’État, le tout sur fond de crise sanitaire, économique et peut-être sociale. Un défi de taille qui n’est pas pour effrayer celle qui mène de front une carrière ambitieuse et sa vie de mère de trois enfants.

Olivia Vignaud