Pour soutenir l’économie nationale et tenter de limiter les conséquences financières d’une crise dont on ne connaît pas l’ampleur, le gouvernement a égrainé une liste de mesures à destination des entreprises. Et c’est en partie à Bpifrance que revient la tâche de les mettre en œuvre.

Il y a une guerre contre le virus, il y a aussi une guerre économique et financière " déclarait hier, au micro d’RTL, Bruno Le Maire, transposant volontiers le vocabulaire guerrier du président de la République au secteur économique. Le discours est rodé, l’objectif clair – soutenir les entreprises en pleine tourmente –, la stratégie établie. Reste à la concrétiser. Pour ce faire, toutes les forces vives seront mises à contribution et, pour ce qui est de la bataille financière, Bpifrance est mobilisée en première ligne.

Prêts bancaires garantis

La banque publique hexagonale constituera en effet l’un des moyens d’action privilégiés pour soutenir les entreprises. Son intervention prendra deux formes distinctes. C’est tout d’abord par Bpifrance que passeront la majorité des 300 milliards d’euros de prêts bancaires garantis jusqu’à 90 % par l’État, dont les conditions et le fonctionnement ont été précisés hier. L’idée ? Rassurer les banques prêteuses qui ne supporteraient plus in fine que 10 % du risque encouru en cas de défaut de remboursement. Les premières demandes peuvent dès aujourd’hui être déposées par les TPE, PME ou ETI auprès de leur banquier pour un emprunt allant jusqu’à un montant représentant trois mois de chiffre d’affaires. Une nécessité absolue pour de nombreuses sociétés dont la trésorerie connaît déjà des tensions, parfois insoutenables. Si la banque publique a l’habitude de se porter garante d’une partie de l’emprunt bancaire de certaines entreprises, l’ampleur de la crise actuelle va forcément la contraindre à accélérer la cadence pour soutenir un nombre décuplé de sollicitations en un laps de temps réduit. Une tâche qui n’inquiète pas particulièrement le directeur général de l’établissement Nicolas Dufourq. " On a l'expérience de ce type de plan d'urgence. Lors de la crise de 2008-2009, on octroyait des prêts garantis à 90 %, qui ont beaucoup aidé ", rassure-t-il.

Recourir à des investissements directs ?

L’autre levier à la disposition de Bpifrance demeure la prise de participation. Une activité que la banque publique exerce traditionnellement au quotidien et pour laquelle elle dispose donc d’un solide savoir-faire. Pour l’heure, le ministre de l’Économie et des Finances n’a pas confirmé cette hypothèse. À la question de savoir si Bpifrance pourrait constituer un véhicule d’investissement privilégié par l’État, Bruno Le Maire temporisait. " Nous vous tiendrons informés en temps voulu des instruments que nous emploierons si nécessaire " a-t-il répondu, selon des propos rapportés par Les Échos. S’il est impossible de le confirmer pour l’instant, le recours à des investissements directs au capital d’entreprises particulièrement touchées pourrait bien s’imposer si la crise se durcissait ou s’installait durablement. Un scenario qui n’a rien de fantaisiste aujourd’hui. Une chose est certaine, d’ici là, des investissements sont prévus, notamment par le biais des deux fonds que Bpifrance va lancer, dotés chacun de 100 millions d’euros pour venir au soutien de start-up ou de PME. Rarement le slogan de la banque publique, « servir l’avenir », n’aura pris autant de sens.

Sybille Vié