Créée en 1984, SILAB s’est spécialisée dans le développement et la production d’actifs naturels destinés aux grandes marques de cosmétiques. Installée en Corrèze, très présente à l’international, où elle réalise 60 % de son chiffre d’affaires, l’entreprise finance sa R&D et son développement grâce à ses fonds propres. Une priorité donnée à l’indépendance que nous explique Xavier Gaillard.

Décideurs. SILAB a fait le choix de l’autofinancement, tout en investissant massivement. Comment une telle stratégie est-elle possible ?

Xavier Gaillard. SILAB mise tout sur l’innovation : nous avons créé des liens étroits avec les services de R&D de nos clients, la bonne porte d’entrée pour promouvoir l’efficacité de nos produits. Notre rentabilité est ainsi suffisante pour, année après année, nous autofinancer. Cela comprend nos besoins en fonds de roulement, qui progressent alors que la croissance de l’entreprise atteint 15 % par an en moyenne, et le financement de l’innovation. Nous dédions chaque année environ 20 % de notre chiffre d’affaires à la R&D, soit environ 10 millions d’euros. Nous sommes en outre dans la troisième phase d’un programme d’investissement de 30 millions d’euros en trois ans dans notre outil industriel. Enfin, nous finançons la création d’une jeune entreprise, spin-off de SILAB.

Quelles sont les développements à venir pour SILAB ?

Nous sommes aujourd’hui une référence dans le domaine des actifs d’origine naturelle à destination des grands noms de la cosmétique. Nous souhaitons nous orienter vers le secteur de la dermocosmétique, en glissant de la beauté au soin. Désormais, nous rapprochons de plus en plus des normes BPF (Bonnes pratiques de fabrication) de l’industrie pharmaceutique.

En parallèle, vous vous intéressez à la médecine régénérative…

SILTISS, spin-off de SILAB, est spécialisée dans la régénération tissulaire, un marché extrêmement prometteur. Elle a été créée en 2016, avec un capital de 300 000 euros, et SILAB s’est engagé à y investir, grâce à ses fonds propres, à hauteur de 5 millions d’euros. De quoi mener essais pré-cliniques et cliniques jusqu’à la commercialisation des premiers produits, prévue pour 2022. Le recours aux fonds propres rend inutile la chronophage recherche de financement externe et permet de se concentrer sur son métier premier et ses objectifs.

Pourquoi ce choix de l’autofinancement ? N’avez-vous pas été tentés par d’autres modes de financement ?

L’autofinancement n’est pas incompatible avec l’emprunt bancaire pour des projets ciblés, notamment sur l’immobilier industriel. Il serait absurde de s’en priver dans les conditions actuelles de taux. L’emprunt préserve par ailleurs nos réserves et notre capacité de financement. Quant aux fonds d’investissement, il est vrai qu’ils permettent d’accélérer la croissance d’une entreprise.

"Nous dédions chaque année environ 20% de notre chiffre d'affaires à la R&D"

Cependant, l’entrée d’un fonds au capital implique de perdre la maîtrise d’une partie de vos choix stratégiques et impose un retour sur investissement. Nous souhaitons continuer à financer l’innovation, ce qui signifie prendre des risques, parfois importants, ce que nous faisons mieux en étant indépendants. Cette stratégie nécessite de trouver le bon business model, celui qui nous permet d’être suffisamment rentables pour financer la croissance et la diversification. C’est très confortable d’être indépendant mais cela implique une forte exigence.

Propos recueillis par Cécile Chevré

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