À la tête d’un groupe valorisé plus de 1 000 milliards de dollars, l’homme d’affaires affiche de nouvelles ambitions dans la distribution physique. Grâce à sa fortune, il souhaite développer un service d’expédition sur la Lune pour partir à la conquête de l’espace. Le P-DG d’Amazon n’a pas fini de révolutionner nos vies.

Avec une fortune estimée à 110 milliards de dollars en 2017, Jeff Bezos est devenu, à seulement 54 ans, l’homme le plus riche du monde. Un chiffre qui devrait encore progresser cette année puisque sa société a franchi au cours de l’été la barre des 1 000 milliards de dollars de valorisation. En vingt-quatre ans, Amazon s’est transformé en un groupe tentaculaire qui domine l’e-commerce, l'informatique dématérialisée et les assistants vocaux intelligents. En 2017, sa société a réalisé un chiffre d’affaires de 178  milliards de dollars, en hausse de 31 % sur un an.

Guerre des prix

Comme toute bonne success story, tout commence à l’arrière d’une maison, dans un garage. En 1994, grâce à un prêt bancaire de 300 000 dollars, il fonde la première librairie en ligne. Âgé alors de 30 ans, Jeff Bezos n’a aucune expérience d’entrepreneuriat. Diplômé de la prestigieuse université de Princeton, il a travaillé en tant qu’employé à Wall Street. Le succès n’est pas immédiat. Sa société reste longtemps déficitaire et les investisseurs peinent à comprendre son projet. Mais, avec une croissance à trois chiffres, il s’accroche, conscient que le commerce en ligne sera le nouvel eldorado. Cette première aventure entrepreneuriale résume très bien la méthode Bezos. Il investit tous azimuts dans l’innovation pour bouleverser les modèles économiques existants. Une stratégie qui lui permet de baisser les prix et de gagner des parts de marché. Sa priorité n’est pas la rentabilité mais la croissance. Il avance toujours de manière méthodique et réfléchie. Dans un monde digital, il a été le premier à comprendre que la course à la taille est le plus important. Au début des années 2000, le succès d’Amazon lui a donné la crédibilité nécessaire pour attirer les investisseurs au départ réticents.

Disruption

Dans le monde des affaires, Jeff Bezos est comparé à un rouleau compresseur. Toutes les entreprises redoutent qu’il s’intéresse à leur secteur d’activité. Dernière cible en date : la distribution physique. En juin 2017, Amazon a racheté pour 13,7 milliards de dollars la chaîne Whole Foods qui compte 400 supermarchés bio répartis dans trois pays. Le milliardaire souhaite aller plus loin en lançant des magasins sans caisses. Quatre centres Amazon Go sont déjà opérationnels. En entrant, le client s’identifie via son compte Amazon. Lorsqu’il fait ses courses, des scanners placés dans les allées permettent de déterminer les produits déposés dans le caddie. En sortant, son compte Amazon est débité. L’homme d’affaires vient d’annoncer que son groupe ouvrirait 3 000 magasins de ce type d’ici à 2021 aux États-Unis. Même si Amazon ne représenterait que 2 % du marché américain, son innovation a de quoi faire trembler le géant du secteur, Walmart. Jeff Bezos a également annoncé qu’il serait possible de s’y restaurer. De quoi concurrencer les chaînes de sandwich comme Subway.

La Lune puis les étoiles

Cette course permanente à la taille ne l’empêche pas d’avoir une réflexion à plus long terme. S’il communique peu sur ce projet, il a investi 42 millions de dollars dans une horloge mécanique géante installée à l’intérieur d’une montagne au Texas et censée fonctionner 10 000 ans. Preuve que Jeff Bezos a encore de grandes ambitions, pour Amazon et pour lui. Passionné de science-fiction, il dépense des milliards dans la conquête spatiale. Sa société fondée en 2000, Blue Origin développe un vaisseau et un atterrisseur lunaire capables d'assurer des livraisons de fret, et des modules d'habitat sur la Lune. « Nous voulons y construire un service d’expédition, comme l’est Amazon, qui fournira du matériel pour les expéditions », explique-t-il. Pour Jeff Bezos, il s’agit tout simplement de « sauver la Terre en envoyant l’industrie dans l’espace ». Une vision qu’il n’est pas le seul milliardaire à partager puisqu’Elon Musk, le patron de Tesla, investit lui aussi des millions dans SpaceX, une société qui vise à coloniser Mars. Et les deux hommes d’affaires ne lésinent pas sur les moyens. « Grosso modo, ce que je fais, c'est prendre ce que me rapporte Amazon pour l'investir dans Blue Origin », expliquait-t-il fin 2016. Il y consacrerait un milliard de dollars par an et beaucoup de son précieux temps. Tous les mercredis, Jeff Bezos se rend au siège de Blue Origin. Il ambitionne de doubler les effectifs d’ici à trois ans et prévoit d’expédier dès 2020 son nouveau lanceur lourd. Mais si Jeff Bezos est un rêveur, il n’en perd pas le sens des réalités. Pour que sa société soit rentable, elle proposera des voyages de tourisme spatial dès l’an prochain. Prix d’un billet : autour de 300 000 dollars. De quoi faire rêver le commun des mortels.

110 MD$

Le montant de sa fortune en 2017.

Fait d’armes

Le rachat pour 13,7 MD$ de Whole Foods

Curiosité

En management, il a établi la « règle des deux pizzas ». Tous les groupes de travail doivent pouvoir faire un repas avec. Concrètement, cela veut dire que ces équipes sont toujours composées de cinq à sept personnes.

Son meilleur atout

Sa capacité à innover tout en identifiant des modèles économiques viables.

Sa plus grande folie

Investir 42 M$ pour construire une horloge mécanique géante pouvant fonctionner pendant 10 000 ans.

Son plus grand flop

En 2014, Amazon sort en grande pompe son smartphone Fire Phone. Il ne réussira pas à s’imposer face à Apple et Samsung. Jeff Bezos s’apprêterait à en sortir une nouvelle version en 2019.

Vincent Paes

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