Entretien avec Charles Diehl,partner, Activa CapitalDécideu : Comment le marché du private equity a-t-il évolué depuis l’été 2008 ?

Entretien avec Charles Diehl,
partner, Activa Capital


Décideurs : Comment le marché du private equity a-t-il évolué depuis l’été 2008 ?
Charles Diehl : L’activité tourne toujours au ralenti, tant du côté des investissements que des cessions. Cela dit, Activa Capital a réussi à mener à bien la sortie de Malesherbes en 2008. En 2009, nous nous sommes concentrés sur le build-up de notre portefeuille. Certains secteurs économiques résistent aujourd’hui mieux que d’autres. Par exemple, l’agroalimentaire est moins sensible à la conjoncture. Ce segment est notamment soutenu par la vague de la consommation « bio » et « bien manger ». En témoigne la croissance enregistrée par nos participations Pro-Natura et Mont Blanc-Materne.

Le secteur des biens de consommation aussi se porte plutôt bien. L’activité de Sport 2000, dans lequel Activa Capital a investi en 2008, continue de progresser. En moyenne, le panier de dépenses des ménages français se maintient. En 2009, le pouvoir d’achat a augmenté de 3 % par rapport à 2008, d’après certaines estimations. Et ce grâce à la diminution de l’inflation et aux différentes mesures de soutien à la consommation. Mais Activa Capital s’intéresse aussi à d’autres secteurs résilients, comme le business-to-business, la pharmacie et la parapharmacie.

Décideurs : Vous êtes d’ailleurs proches de grands groupes industriels…
C. D. : Dans l’environnement actuel, la proximité avec des grands groupes constitue l’un de nos avantages compétitifs. Le corporate partnering prend alors tout son sens. Des groupes tels que Nestlé et Yves Rocher nous ont déjà fait confiance.

Nous pouvons aussi compter sur cette proximité pour conduire des spin-offs. Dans ce type d’opérations, nous avons développé un vrai savoir-faire, allié à une dimension internationale et institutionnelle - ce qui est plutôt rare pour une équipe de taille moyenne. Voilà pourquoi nous bénéficions du soutien de nos investisseurs. Ainsi que de l’intérêt de grands groupes étrangers envers ce type de « partenariats ».

Décideurs : Quels changements notables voyez-vous se profiler pour le private equity ?
C. D. : Dans les années à venir, le capital développement, avec ou sans effet de levier, devrait continuer à s’affirmer, aux dépens du LBO. Le large buy-out connaîtra probablement un coup d’arrêt durable.

Quant à la Bourse, je ne pense pas qu’elle soit la voie à privilégier en temps de crise. A contrario, dans ces moments-là, les entreprises ont besoin d’actionnaires actifs, professionnels et présents dans la durée. Les fonds d’investissement sont les mieux placés pour assumer cette fonction. En s’associant avec le management et en gardant le recul
qui s’impose.

Décideurs : Côté politique, que pensez-vous des nouvelles réglementations visant notamment une plus grande transparence ?
C. D. : L’objectif poursuivi est légitime. Mais sa mise en oeuvre me préoccupe. Comment faire appliquer et respecter ces nouvelles règles par l’ensemble de la communauté des investisseurs ? Y compris par les acteurs basés dans plusieurs pays et par ceux d’origine « privée », family offices par exemple ? Le risque est d’aboutir à un système à deux vitesses, anti-concurrentiel et inefficace.