Patrick Folléa, directeur général de Société générale Private banking nous livre sa vision du marché et de la nouvelle organisation de la banque privée en France
Décideurs. Vous venez d’annoncer la transformation de la banque privée en France, quel est l’objectif stratégique de cette refonte ?
Patrick Folléa.
Nous travaillons à créer une banque privée plus proche de ses clients. Cette réflexion s’inscrit dans le cadre d’une co-entreprise avec la banque de détail en France (BDDF) - la banque privée en ayant la direction opérationnelle - avec laquelle nous partageons les coûts et les bénéfices. Pour comprendre notre démarche, il est important de regarder le parcours réalisé par notre banque privée depuis sa création en 1996. Jusqu’en 2007, celle-ci était centralisée à Paris. Entre 2008 et 2013, nous l’avons régionalisée par la création de huit centres régionaux et de trois antennes de banques privées. Aujourd’hui, nous souhaitons étendre les services de la banque privée à l’ensemble du territoire pour permettre à nos clients d’avoir accès aux services haut de gamme depuis leurs agences traditionnelles : c’est la banque privée qui s’approche de ses clients. En parallèle, nous avons décidé d’abaisser nos seuils d’entrée à 500 000 euros. Enfin, pour faire face à l’augmentation des encours induits par l’effet de seuil, 160 nouveaux banquiers privés viendront compléter les 90 déjà en place.

Décideurs. Quel bénéfice tirez-vous du rapprochement des activités GIMS avec celles de la banque d’investissement ?
P. F.
Le rapprochement de ces deux entités a vu la création d’un nouveau pôle métier appelé Global Banking Investor Services (GBIS) qui regroupe les expertises des métiers de la banque privée, de l’asset management et de la conservation titres avec celles de la banque de financement et d’investissement. Il s’agit pour nous de créer des synergies tout en capitalisant sur les expertises et les positions du groupe. Nous avons, par exemple, créé il y a dix-huit mois un pôle Comodity Private Wealth, logé au sein de la banque d’investissement à Londres qui permet à nos équipes de banque privée de développer leurs relations avec les propriétaires des maisons de négoce. C’est un bel exemple de synergie possible, mais il y en a d’autres.

Décideurs. En France, comment se portent les banques privées ?
P. F.
Le marché des High Net Worth Individuals est l’un des seuls à avoir connu une belle expansion ces dernières années. Entre 2008 et 2013, la croissance annuelle moyenne des actifs dans le secteur a été de 3,4 % . Elle est bien supérieure au taux de croissance de l’épargne et largement supérieure à celui de l’économie.

Décideurs. Voyez-vous dans les années à venir une consolidation du marché ?
P. F.
Les grands acteurs sont fréquemment adossés à des banques de réseau et sont tous en recherche de développement de ce métier. Quant aux banques étrangères, elles sont relativement peu nombreuses. Je n’exclurais pas quelques mouvements mais je ne pressens aucune consolidation majeure à court ou moyen terme.

Décideurs. Le family office suscite-t-il votre intérêt ?
P. F
. En comparaison aux pays anglo-saxons notamment, la culture du family office reste encore peu développée en France. Dans sa définition stricte, cela suppose l’indépendance et ne peut donc pas être assuré par une banque privée. Nous sommes bien entendu en relation avec ces family offices à qui nous proposons nos services de banque privée et de banque d’investissement. Nous entretenons par exemple de bonnes relations avec l’AFFO (Association française des family offices). Mais nous avons aussi chez Société générale Private Banking une équipe très expérimentée qui gère les grandes familles du groupe auxquelles nous pouvons offrir, si elles le souhaitent, des prestations qui se rapprochent de celles offertes par les family offices (reporting et consolidation de compte notamment).