Lancée en avril 2019, App4Legal a accompagné les équipes juridiques et les cabinets d'avocats sur la voie de la numérisation. Poussée par la réussite de la période Covid, la legaltech a installé son siège à New York et veut étendre son réseau de partenaires pour s'imposer sur le marché européen. Entretien avec Feras El Hajjar, fondateur et PDG.

Décideurs Juridiques. Quelle est l'histoire derrière App4Legal ?

Feras El Hajjar. Elle a commencé en 2018 lorsque nous avons lancé une consultation avec divers partenaires. App4Legal est le fruit d'un partenariat avec quelques équipes juridiques de différents secteurs (banques, télécommunications et industrie) et quatre cabinets d'avocats de tailles différentes, certains étant multinationaux, ce qui signifie qu'ils ont des besoins multidevises et ont des équipes dans différents pays et juridictions. Ce partenariat nous a amenés à construire la pierre angulaire de ce qu'une équipe juridique recherche en matière de process, d'outils et de technologie. Nous avons réfléchi à ce dont ils avaient besoin pour pouvoir améliorer leur façon de travailler aujourd'hui, en matière de règles business et d’efficacité du travail collaboratif entre plusieurs parties prenantes et, plus généralement, de productivité. Tout l'objectif était de les aider à accélérer leurs processus sans dégrader la performance et la qualité de leur travail. Il a fallu un an pour arriver à un résultat concret qui puisse être utilisé par des équipes juridiques de différents secteurs, qu’il s’agisse d'une entreprise du secteur des télécommunications à des cabinets d'avocats qui ont des bureaux multinationaux.

Quelle est la spécificité de votre solution, par rapport au reste du marché ?

En tant qu'entreprise, App4Legal a été lancée en 2019. Nous avons travaillé jour et nuit avec des avocats, pour savoir comment ils collaboraient, quelles étaient leurs connaissances actuelles, ce que le marché offrait. À cette époque, nous avons réalisé que le marché était fragmenté. Il y avait de nombreux outils, tous excellents, considérés comme des références, qui aidaient au suivi du temps de travail, à la comptabilité, à la gestion des contrats, à la facturation... Mais il n'y avait aucune solution intuitive qui regroupait tout ce dont les utilisateurs avaient besoin. Nous voulions « disrupter » le fonctionnement des équipes juridiques, les méthodes de travail à l'ancienne. App4Legal est une suite complète, un espace de travail où les équipes juridiques peuvent vivre.

La solution est hautement modulable, pensée pour couvrir l'ensemble des besoins d'une équipe juridique, peu importe sa localisation. Elle peut s’adapter à toute juridiction, existe en plusieurs langues et plusieurs devises. Son point fort : sa convivialité et le fait qu'elle soit intuitive. Nous avons une technologie de pointe, sommes certifiés GDPR et ISO27001 et offrons la possibilité d’héberger les données sur site, sur le cloud ou sur un SaaS privé. 

 

"La plateforme est également hautement modulable et peut s’adapter à toute juridiction"

 

Quelle est l'option que les entreprises choisissent le plus ?

App4Legal s'adresse à tout le marché et est entièrement personnalisable. Nous avons deux types de clients : les petits et moyens clients, préférant nos éditions cloud/SaaS Basic & Business achetant directement en libre-service sur le site App4Legal, et les grands cabinets et entreprises que nous servons généralement en collaboration avec notre réseau de partenaires, présents dans différentes régions et pays. Habituellement, ces entreprises clientes (comme les grands cabinets d'avocats, les banques, les opérateurs de télécommunications, les groupes et autres) ont besoin d'une assistance locale et de services professionnels personnalisés pour mettre en œuvre des solutions logicielles.

Vous avez commencé par vous concentrer sur la région Emea et avez récemment déménagé votre siège social aux États-Unis. Pourquoi ?

Nous avons commencé par ancrer nos opérations dans la zone Emea. Nous avons déplacé le siège social à New York l'année dernière. App4Legal est mondial par excellence, nous avons maintenant des clients dans des dizaines de pays, les États-Unis représentant 30 % de nos opérations. Notre modèle repose sur les canaux de vente : nous avons 66 partenaires dans différents pays qui mettent en œuvre la solution. Il peut s'agir d'éditeurs de logiciels ou de sociétés de conseil. En France, notre revendeur et partenaire agréé est Ovyka. Le monde devient un petit espace. Un cabinet d'avocats ne fonctionne plus comme avant. Un cabinet en France peut embaucher des avocats au Nigeria, ou des avocats qui ont un back-office en Tunisie pour certaines tâches. Ils doivent pouvoir rassembler les gens dans un même espace de travail. Ces deux années ont réinventé le fonctionnement des équipes juridiques.

 

"En 2022, il devient plus facile de discuter des projets de transformation numérique avec les équipes juridiques"

 

Diriez-vous que le marché européen est différent des autres ?

Nous nous sommes lancés avant le Covid et l'essor du travail à distance. À l'époque, les équipes juridiques étaient en retard sur la transformation numérique par rapport aux autres équipes des entreprises. Pendant le Covid, on a remarqué un énorme appétit pour la numérisation, partout dans le monde. Je ne vois pas de grande différence entre les équipes juridiques aux États-Unis et en Europe, autre que la maturité et le degré de sophistication des outils qu'ils utilisent. Mais c'est une vague qui touche tout le secteur juridique. Il évolue. En 2022, il devient plus facile de discuter des projets de transformation numérique avec les équipes juridiques. Elles sont devenues plus matures, plus conscientes des avantages des outils numériques.

Le marché européen est-il important pour vous ?

Dès le premier jour, nous avons essayé d'atteindre l'Europe. Nous avons commencé à travailler avec des cabinets d'avocats qui ont des bureaux au Royaume-Uni, en France, en Espagne et en Italie. La plus grande proportion de nos clients vient des États-Unis, puis du Royaume-Uni. Nous investissons beaucoup dans le Vieux Continent. Nous avons des partenaires plus solides, des revendeurs et des distributeurs, qui peuvent effectuer la transaction financière, mettre en œuvre App4Legal, former les utilisateurs et fournir une assistance. Nous ne cherchons pas à agrandir physiquement nos équipes, ce n'est pas notre modèle. Nous voulons développer l'écosystème. Nous sommes forts au Royaume-Uni, en France et en Espagne. L'Italie et l'Allemagne sont prometteuses également. Nous visons une position de leadership dans chaque marché. Le produit est déjà excellent, il ne reste plus qu'à le faire connaître.

Comment abordez-vous le marché français ?

« C'est spécial, la France. » Nous misons sur la langue française. Le secteur juridique est très axé sur la langue. Aussi, la France est spécifique en matière d'accompagnement. Nous y investissons beaucoup avec nos partenaires. Sur ce marché, atteindre l'excellence n'est pas seulement une question de logiciel, c'est aussi une question d'assistance. Notre édition française de l'application est très stable. App4Legal est disponible en sept langues principales pour l'instant (anglais, français, espagnol, allemand, turc, arabe et russe), mais le français est particulièrement important pour nous. Le français nous ouvre aussi les portes d’une partie de l'Europe et de l'Afrique. Nous y accordons beaucoup d'attention et de soin.